Le Hamas réévalue ses alliances régionales, notamment via la prochaine visite en Iran du chef de son Politburo, Khaled Mechaal. Mais les critiques disent qu’il devrait se concentrer sur la mise en ordre de la maison palestinienne.
Le Hamas est en train de réévaluer ses alliances régionales, notamment via la prochaine visite en Iran de son chef de Politburo, Khaled Mechaal. Mais les critiques disent qu’il devrait se concentrer sur la mise en ordre de la maison palestinienne. Certes, le Hamas ne manque pas de défis à relever en 2015.
Belal Shobaki, membre d’al-Shabaka, en analyse trois des plus sérieux :
la répugnance du mouvement à amender sa charte tout en reconnaissant sa faiblesse et malgré certaines positions qui s’en écartent ;
son incapacité à développer une stratégie de mobilisation dans la Cisjordanie occupée, depuis les élections de 2006 ;
la difficulté à reconstruire un réseau de relations régionales qui préservent son existence en tant que mouvement de résistance plutôt qu’en tant que parti politique.
Pourquoi le Hamas ne modifie-t-il pas sa Charte ?
La question de la gestion de sa charte déchire le mouvement depuis sa décision de participer aux élections législatives de 2006 et sa victoire consécutive, qui faisait craindre que le Hamas ne finisse par contrôler l’Autorité palestinienne (AP) plutôt que d’être encadré par elle.
Beaucoup d’observateurs continuent à fermer les yeux sur l’écart entre les actions et discours politiques du Hamas et sa charte, qui ne les détermine pas nécessairement. Malgré cela, il n’a entrepris aucune démarche dans le sens d’un amendement de la charte, la traitant comme si elle était un texte sacré.
Il y a bien des exemples où le Hamas n’a pas adhéré à la charte, malgré le débat en cours sur la question de savoir jusqu’où aller alors qu’elle est toujours une partie intégrante de l’idéologie de la Confrérie musulmane. Ainsi la déclaration de Mechaal : « Aujourd’hui nous sommes un mouvement de libération nationale qui n’a rien à voir avec la Confrérie musulmane ». Mechaal a dit aussi à CNN que le mouvement a deux options : soit la communauté internationale force Israël à « établir un état palestinien dans les frontières de 1967 avec droit au retour, chose que nous, Palestiniens, avons approuvée comme programme commun – soit Israël continue de le refuser et nous, nous continuons à résister ». Une telle déclaration contredit clairement des dispositions de la Charte. Le membre du Politburo, Moussa Abou Marzouk, est même allé plus loin dans une interview au journal The Jewish Daily Forward, disant que la Charte ne gouvernait pas le mouvement et que beaucoup de ses membres parlaient de la modifier parce qu’elle était en contradiction avec plusieurs des politiques actuelles du Hamas.
Les membres du Politburo ne sont pas les seuls à avoir désavoué la Charte. Des dirigeants du Hamas basés à Gaza, comme Ghazi Hamad, qui a participé aux pourparlers de réconciliation intra-palestinienne, a également confirmé que la Charte faisait l’objet de discussions et d’évaluations dans une perspective d’ouverture au monde. Le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a exhorté à cesser de se focaliser sur la Charte, pour que le Hamas soit jugé sur les déclarations de ses dirigeants.
Outre les déclarations de ses dirigeants politiques, le fait que le Hamas avait signé l’Accord du Caire en 2005 démontre la contradiction entre la Charte et les actions du mouvement. Les dispositions de l’Accord pour l’accession du Hamas à une OLP réformée contreviennentt clairement à l’article 27 de la Charte, qui stipule qu’une participation à l’OLP exige son adoption de l’islam.
En 2006, le Hamas avait consenti à signer le Document de Conciliation Nationale des prisonniers palestiniens même si ce dernier prônait de « centrer la résistance dans les territoires occupés en 1967 ». Accepter de cesser les opérations militaires dans les territoires palestiniens occupés en 1948 constituait une autre « régression ». En 2007, le Hamas a signé l’Accord de La Mecque de réconciliation nationale palestinienne et il a continué de diriger un gouvernement qui promettait de respecter les accords signés par l’OLP, même si la Charte estime que renoncer à une quelconque partie de la Palestine viole la loi islamique.
En 2012, malgré l’abîme inter-palestinien, le Hamas a publié une déclaration officielle de soutien total au président de l’AP Mahmoud Abbas dans sa demande du statut d’observateur à l’Assemblée générale de l’ONU, alors même que cette démarche impliquait d’accepter les précédentes résolutions de l’ONU sur la Palestine – inacceptables aux termes de la Charte du Hamas.
Ces exemples montrent dans quelle mesure le Hamas a évolué avec le temps et a effectivement neutralisé sa Charte. Par conséquent, critiques et décideurs doivent juger le Hamas, plus spécialement en ce qui concerne Israël, à l’aune de ses actes plutôt que de sa Charte vieille de trois décennies.
La question n’en demeure pas moins : pourquoi le Hamas n’amende-t-il pas sa Charte plutôt que de la violer ? La raison la plus importante est peut-être la crainte d’un retour de bâton de sa base, laquelle a été façonnée et socialisée via un discours islamiste délivré par un média appelé "Shabakat Al-Dawa" (le forum de l’invitation). Le Hamas utilisait dans ce média le langage religieux non seulement pour socialiser ses membres mas aussi pour présenter ses positions politiques en termes « halal » et « haram » (« prescrit » et « interdit » par le Coran). L’éducation religieuse, exigée pour l’adhésion politique, avait été le facteur le plus important de la cohésion du mouvement, mais elle est devenue un poids restreignant la flexibilité du Hamas pour tenter de changer ses positions antérieures, justifiées par la religion.
Tout renoncement aux attitudes traditionnelles du mouvement se fondant sur l’éducation religieuse pourrait susciter le doute sur la crédibilité de ses élites. En outre, cela pourrait aussi entraîner des membres à quitter le Hamas et/ou à rejoindre d’autres mouvements islamiques. D’où l’insistance du Hamas à se servir de termes comme « se concentrer sur » plutôt que « limiter » la résistance aux territoires occupés en 1967, dans le Document des Prisonniers de 2006 – termes qui autorisent des interprétations plus acceptables par la base du mouvement.
Les craintes du Hamas ne sont pas infondées. Ou plutôt, elle se basent sur l’expérience de mouvements politiques islamiques en Palestine, en particulier après la signature des Accords d’Oslo. De plus, il n’y a aucun dirigeant du Hamas qui pourrait à lui seul prendre une décision aussi radicale que l’amendement de la Charte sans risquer des scissions au sein du mouvement. Ce qui est effectivement une crise de gouvernance s’est aggravé lorsque bien des dirigeants du Hamas, longtemps perçus comme de pieuses figures révolutionnaires affrontant les mêmes conditions que le reste de la société, sont devenus ministres ou parlementaires. Le fait qu’ils ont pu souffrir avant ou depuis leur arrivée à leurs postes ne les protège pas du fait qu’ils puissent sembler agir pour leurs propres intérêts.
Si le Hamas persiste à vouloir fonctionner comme un mouvement de résistance tout en étant un mouvement social et un parti politique, il faudra qu’il fasse un geste courageux en révisant sa Charte, d’autant plus qu’il recherche le pouvoir en tant que parti politique.
Le mouvement doit fournir les efforts nécessaires pour présenter le sujet à sa base. Amender la Charte ne consiste pas à faire des concessions à Israël, mais plutôt à amender les dispositions qui contredisent son discours politique, comme par exemple exiger que l’OLP adopte l’islam comme base pour que le Hamas puisse la rejoindre. Si le Hamas optait pour l’amendement de sa Charte, il pourrait réussir une certaine harmonisation entre ses textes et ses actes, et alléger la pression exercée par des partis palestiniens et internationaux. Le Hamas serait motivé à entreprendre des amendements grâce à la décision récente du Tribunal de l’Union européenne rayant le mouvement de la liste des organisations terroristes.
La perte de plates-formes traditionnelles en Cisjordanie
Le Hamas est confronté à un deuxième défi majeur le fait qu’il perd ses bases traditionnelles en Cisjordanie occupée. Les techniques du Hamas en matière de socialisation et de recrutement politiques diffèrent de celles dont se servent d’autres faction palestiniennes, en particulier le Fatah. Le mouvement utilise les mosquées comme principal lieu de réunion pour la socialisation politique pavant la voie à l’affiliation politique. Il organise des cours de loi islamique ainsi que des activités de loisirs pour préparer les étudiants à rejoindre le mouvement et pour transmettre les principes, les doctrines, les idées politiques et sociales du Hamas.
Le Hamas a également mobilisé des partisans à travers des institutions éducatives. Le mouvement a beaucoup d’écoles privées qui dispensent une éducation libre ou semi-libre, en particulier au niveau primaire, à travers des organisations caritatives et des enseignants souvent affiliés au Hamas. De cette manière le Hamas élève une génération affiliée idéologiquement, qui est prédisposée à devenir politiquement adhérente du mouvement. C’est ce qui explique par exemple que des membres du bloc islamique dans les universités palestiniennes rejoignent systématiquement le Hamas dès leur entrée à l’université, sans qu’il soit nécessaire de faire du recrutement actif.
Le Hamas a aussi élargi la base de ses partisans en travaillant comme un mouvement social au sein de la société palestinienne. Il a fondé de nombreuses œuvres caritatives offrant des services de santé et d’éducation ainsi qu’un soutien économique aux citoyens. Beaucoup de gens bénéficient des services sans restriction de ces institutions, augmentant la popularité du Hamas. L’efficacité des comités de la dîme et des œuvres caritatives à conquérir le public s’exprime ensuite en soutien politique et en votes aux élections législatives et municipales.
Comme le Hamas se concentre sur les jeunes, il attache beaucoup d’importance au sport et autres institutions de jeunesse. Il participe à de nombreux clubs de sport et mouvements de scoutisme afin de faire progresser le processus de socialisation et d’attirer les jeunes dans les mosquées. En outre le Hamas se présente au public palestinien via ses propres médias, qui ont évolué des publications imprimées aux journaux locaux, radios et télévisions, puis aux médias électroniques et satellitaires, ce qui permet la diffusion aisée de sa pensée aux ménages palestiniens et arabes.
Cependant ces atouts se sont dégradés en Cisjordanie après la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza, affectant gravement sa capacité à guider ses membres et partisans ou à recruter de nouveaux membres. Les incursions contre les institutions du Hamas par des groupes armés affiliés au Fatah après les élections de 2006 se sont amplifiées à la suite des heurts de 2007 à Gaza. Simultanément, Israël lançait une campagne pour fermer les institutions du Hamas en Cisjordanie, confisquant leurs biens et/ou arrêtant leurs opérateurs. Ces attaques israéliennes ont culminé en 2008, mais les campagnes de rafles et de harcèlement par les forces de sécurité palestiniennes se poursuivent en Cisjordanie, avec les violations des droits de l’homme qui vont de pair.
Ainsi donc, après des années de division palestinienne, le Hamas se retrouve quasiment dépourvu d’institutions en Cisjordanie. Les mosquées, pierre angulaire du mouvement, ne sont plus sous son contrôle mais sont plutôt étroitement surveillées de même que ses institutions éducatives et culturelles associées. Beaucoup de ses agents ont été remplacés. Les activités ne peuvent plus être organisées sans autorisation du Ministre de l’Awqaf (Affaires religieuses), poste qui fut ensuite dévolu à Mahmoud al-Habbash, un des pires ennemis du Hamas. Le ministère est allé jusqu’à imposer un prêche du vendredi uniformisé aux mosquées.
Malgré la perte de nombreuses institutions vitales et plates-formes traditionnelles que le Hamas utilisait pour socialiser et recruter politiquement, c’est seulement récemment que les effets sur les structures du mouvement ont commencé à se faire sentir. Afin de corriger la situation, le Hamas a recouru à des moyens « modernes » comme les réseaux sociaux et les chaînes de télévision par satellite. Mais le mieux que peuvent faire ces organes est de mobiliser des partisans autour des succès du mouvement, en particulier sur le plan militaire, ou de mobiliser des sympathisants lorsque Gaza est attaqué par Israël. Ils ne sont pas à la hauteur de l’objectif de socialisation et de recrutement. La question qui se pose au Hamas est de savoir si ces canaux suffisent à maintenir le soutien des masses et la discipline parmi ses membres, caractéristique distinctive de l’organisation depuis ses débuts.
Et donc, bien qu’ayant établi une base qui rivalise avec le Fatah, son potentiel s’affaiblit de jour en jour. C’est ce qui a provoqué une crise existentielle pour le Hamas en Cisjordanie, crise exacerbée par les défis de mouvements islamiques politiques nouveaux ou existants, sans parler des tentatives opportunistes par des mouvements politiques « laïques », voire des partis de gauche, d’utiliser la rhétorique religieuse. Le Hamas est incapable de relever ce défi tant qu’il ne régénérera pas ses institutions de socialisation, ce qui est impossible dans les conditions sécuritaires mises en place actuellement en Cisjordanie. En effet, le Hamas a peu de chance de résoudre ce problème tant que persiste la division palestinienne et sans une restauration de la cohésion nationale.
Le dilemme : trouver un patronage régional
Comme la cause palestinienne est reliée à tellement de questions régionales, et que de nombreuses puissances régionales et internationales interviennent dans le dossier, pendant longtemps le Hamas a eu à l’étranger des bureaux politiques, qui négociaient et discutaient au nom du mouvement, mobilisant l’opinion publique musulmane et s’assurant des fonds et des soutiens logistiques.
Mais l’âge d’or du Hamas à l’étranger touche à sa fin. En Syrie, il a payé le prix de sa position sur la révolution en s’opposant à la politique du président Bachar Al-Assad, quittant le pays en perdant tout ce qu’il avait construit au fil des années. Il a même perdu le soutien de l’Iran, qui avait été le facteur décisif dans les capacités de développement du Hamas en Palestine et à l’étranger. Même si le mouvement a gardé ouvertes les lignes de communication avec le Hezbollah, la perte de l’Iran, son plus gros allié, a constitué un revers sans précédent.
La Confrérie musulmane d’Égypte et de Tunisie s’est avérée trop faible pour être un sponsor régional du Hamas et elle a perdu sa position prédominante dans ces deux pays peu après les soulèvements, surtout en Égypte où le président Abdel Fattah Sisi traite le Hamas comme un mouvement interdit avec une aile militaire terroriste.
Les sponsors du Hamas d’autres pays, notamment le Qatar et la Turquie, ne peuvent remplacer la Syrie, l’Iran et le Hezbollah en raison de leurs liens avec les États-Unis et Israël. Les membres du politburo du Hamas ont dans ces pays un statut incertain puisque leur présence pourrait se terminer suite à un accord régional, comme c’est arrivé aux Frères musulmans qui ont quitté le Qatar en septembre 2014 après son rapprochement avec l’Arabie saoudite. En début d’année, le Qatar a démenti des rumeurs d’expulsion de Khaled Mechaal et de la direction palestinienne. La pression d’Israël s’applique aussi sur les pays d’accueil, par exemple quand Israël s’est plaint de le Turquie à l’OTAN, l’accusant d’accueillir des cellules de sécurité menées par Saleh al-Arouri, un fondateur de la branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam.
Devant la gravité de la situation, certains dirigeants du Hamas ont maintenu la communication avec l’Iran malgré la position du mouvement sur la Syrie. En effet, certains analystes ont interprété la visite du dirigeant Ismaël Haniyeh à Téhéran en 2012 comme une séparation entre le séjour au Qatar et la restauration des relations avec l’Iran. Jusqu’à récemment, les défenseurs d’un renforcement des relations avec le Qatar et la Turquie étaient le camp le plus fort. Mais la situation évolue en faveur de ceux qui défendent des relations plus fortes avec l’Iran. De toute façon, la communication avec l’Iran n’a jamais été complètement gelée grâce à des intermédiaires du Hezbollah et du mouvement du Djihad islamique.
La tendance à restaurer les relations avec l’Iran s’est renforcée par la visite d’une délégation Hamas de haut vol conduite par Mohammad Nasr, membre du Politburo, Osama Hamdan, directeur aux Affaires internationales, et le délégué du Hamas en Iran, Khalid al-Qaddumi. En l’absence de compte-rendu détaillé sur la réunion et sur les progrès de la relation, la visite en elle-même est déjà une indication de la détermination du Hamas à rectifier le tir. La plupart des commentateurs se sont penchés sur la nécessité d’une nouvelle source de fonds ainsi que de soutien technique et militaire.
Toutefois le maintien d’une relation avec le Hamas est également de l’intérêt de l’Iran.
Naturellement le Politburo du Hamas répugne à discuter des relations du mouvement avec l’Iran, le Qatar et la Turquie, mais les commentaires médias de leurs représentants évoquent les craintes d’un autre revers dans la recherche d’alternatives, soit restaurer l’alliance avec l’Iran soit chercher un point de chute pour un autre quartier-général au cas où la relation avec le Qatar et la Turquie s’écroulait. Un haut fonctionnaire du Hamas disait récemment que « les vicissitudes des positions politiques dans la région nous trouvent prêts pour n’importe quel scénario, aussi improbable soit-il », notant de fortes relations avec des pays arabes comme la Tunisie, le Soudan et le Yémen. En même temps s’exprimait une réticence concernant la possibilité de déménager la direction dans un autre pays, ce qui créerait « de la confusion administrative et politique ».
La probabilité la plus forte est que le Hamas renouera ses anciens liens avec l’Iran, et il y aurait des promesses de reprise du soutien iranien au Hamas. Il est certain que les autres options ne sont pas favorables du point de vue du Hamas : la sécurité au Soudan est fragile ; les récents développements au Yémen l’écartent complètement ; et la situation en Tunisie a changé après les dernières élections parlementaires et présidentielles. En outre, le Hamas s’est récemment brouillé avec le régime jordanien, même après la tentative d’apaisement du Qatar. Bref, le Hamas ressent fortement le besoin de cultiver ses relations étrangères. Abou Obeida, le porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam, a exprimé les remerciements du mouvement à l’Iran, au Qatar et à la Turquie à l’occasion des célébrations marquant l’anniversaire du Hamas en décembre 2014.
Cependant le Hamas est confronté au défi de maintenir un équilibre entre ses relations spéciales avec le Qatar et la Turquie en tant que régions-clés, mais sans qu’elles ne soient une alternative à son alliance essentielle, l’Iran. Il pourrait y avoir d’autres répercussions si la réconciliation Qatar-Egypte progressait ou si la politique de l’Arabie saoudite changeait, avec le nouveau monarque, le roi Salman.
Conclusion
Les avis sont partagés quant à savoir si le Hamas peut surmonter les trois défis majeurs analysés ci-dessus. Il est clair que tout en étant réticent à amender sa Charte par crainte de la réaction de ses membres, le Hamas ne peut diriger efficacement qu’à la condition de prendre une mesure courageuse : mettre sa doctrine en adéquation avec ses positions politiques.
Et bien qu’il ait réussi à maintenir sa base de soutien en Cisjordanie, la perte de nombreuses plates-formes traditionnelles représente une menace stratégique, surtout parce que sa dépendance forcée d’outils électroniques pourrait ne remporter qu’un succès populaire temporaire. Soit le Hamas peut identifier d’autres outils pour élargir et soutenir sa base, soit non, mais il n’y aura ans doute pas de solution durable sans un investissement important dans la réconciliation intra-palestinienne.
Peut-être le dilemme le plus épineux pour le Hamas est-il de se trouver un sponsor régional. Cela exigera d’agir avec beaucoup de doigté pour rétablir la relation avec l’Iran sans abandonner les relations avec la Turquie et le Qatar, surtout si le Hamas est intéressé par un réseau de relations régionales qui préserve son existence en tant que mouvement de résistance et pas seulement comme parti politique.