Cela fait plus d’un mois, depuis le 1er novembre, qu’est entrée en vigueur la trêve hivernale : impossible d’expulser des locataires, et cette année, cette trêve s’applique aussi aux bidonvilles. À Lille, après plusieurs expulsions cet été et au début de l’automne, il reste six campements de Roms, qui, de fait, ont vu leurs effectifs grossir.
Le plus important se trouve en bordure du périphérique, entre Euralille, le Vieux Lille et La Madeleine, sous le Pont Pasteur. 150 personnes, dont de nombreux enfants, vivent sur ce morceau de bitume qui appartient à la Métropole européenne de Lille.
Chauffages de fortune
Avec le froid qui s’intensifie, ces familles se chauffent avec les moyens du bord. Des conduits de cheminée bricolés avec quelques bouts de métal dépassent des toits des caravanes et des cabanes, et crachent de la fumée. Partout, des hommes, des femmes et des enfants qui coupent du bois. Des palettes récupérées dans la rue, ou dans les poubelles.
À l’intérieur d’une caravane
Marius-Florent, 23 ans, nous accueille dans sa caravane, tout au bout de l’allée. Une minuscule pièce où il vit avec sa compagne : « d’un côté c’est ma petite cuisine, de l’autre mon petit lit, au milieu mon petit living ! », décrit-il avec le sourire. Il y fait bon, le poêle chauffe jour et nuit. Marius-Florent est conscient des risques : « c’est dangereux, il peut y avoir un mort. C’est un cauchemar pour nous ». Avoir un vrai appartement ? « Un rêve ! Ca changerait la vie ». Un rêve auquel il espère accéder bientôt : depuis trois mois, il travaille comme jardinier (« bio », précise-t-il), il a décroché un contrat de six mois au Jardin de Cocagne.