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Le moment Hillary

Le 8 novembre, la planète au bord du gouffre ?

L’avantage, avec Hillary Clinton, c’est qu’elle annonce clairement la couleur. À grand renfort de rhétorique chauvine, la candidate démocrate galvanise les énergies du complexe militaro-industriel, du lobby sioniste et de la finance mondialisée. Elle est fière comme un Artaban de ses exploits guerriers en Libye. Elle promet de liquider sans délai Bachar Al-Assad. Elle couvre d’injures le président de la Russie et l’accuse de comploter contre son élection. D’une arrogance à toute épreuve, Hillary version 2016 incarne cette fraction de l’oligarchie yankee qui est prête à tout pour étendre sa domination. Mais pour bien comprendre cette séquence politique que j’appellerai le « moment Hillary », il faut la resituer dans un continuum historique.

Clinton, Bush Jr, Obama : depuis 1992, les trois présidents qui se sont succédé à la Maison Blanche n’ont pas ménagé leur peine pour servir une oligarchie qui se gave des prodigieux dividendes de la mondialisation libérale. Le plus décrié des trois, George W. Bush, n’a pas eu besoin, pourtant, d’inféoder la politique de son pays aux majors pétrolières et aux magnats de l’armement : elle était déjà sous leur coupe depuis longtemps ! Prototype du guerrier pacifiste, redoutable expert en communication, son prédécesseur Bill Clinton a largement contribué à cette inféodation, et il a légué un héritage politique dont on a parfois tendance à oublier l’importance.

Cet héritage, il faut le rappeler, est inséparable des circonstances exceptionnelles qui l’ont vu naître. L’élection de Bill Clinton eut lieu au lendemain d’un événement majeur, l’effondrement de l’URSS. Cette disparition de la superpuissance rivale ouvrit la voie à l’instauration d’un monde unipolaire. Poussant les feux de la globalisation économique, servant docilement les intérêts du capital financier, cet apôtre décontracté du mondialisme conforta la domination sans partage de Washington. Bill Clinton n’a pas inventé l’impérialisme, mais il l’a étendu à la planète. De quelle manière ? En réalisant trois avancées hégémoniques auxquelles Hillary compte bien s’arc-bouter pour repousser encore plus loin les limites du leadership US.

Lourde de conséquences, la première avancée hégémonique fut la transformation de l’OTAN en machine de guerre agressive. Bras séculier d’une alliance défensive destinée à parer à la « menace soviétique », cet appareil guerrier survécut à son ennemi potentiel. Au lieu de le dissoudre, les dirigeants US en firent une machine à émasculer les vieilles nations occidentales et l’instrument d’une offensive permanente contre Moscou. Provocation sans précédent, cette alliance belliqueuse élargie aux pays de l’Est européen a atteint les frontières occidentales de la Russie.

La deuxième avancée hégémonique de l’ère Clinton est de nature idéologique. Pour justifier l’intervention militaire contre un État souverain, on invoquerait désormais le prétexte des droits de l’homme. Cette doctrine fut expérimentée dans les Balkans, où la propagande humanitaire servit de paravent à l’ingérence dans les affaires intérieures de la Serbie, ce petit État au nationalisme ombrageux et jaloux de son intégrité territoriale. On inventa alors au Kosovo un génocide qui n’eut jamais lieu, on bombarda les infrastructures serbes, puis on confia le service après-vente de ce désastre à Bernard Kouchner, dont le don pour le maniement de la serpillière est de notoriété mondiale.

Cette opération militaire eut pour résultat de créer un État voyou, livré clé en main à une mafia particulièrement glauque dont le ralliement à l’Occident lui permit d’accroître les marges bénéficiaires de ses trafics en tout genre. Pour la première fois, un État-croupion fut porté sur les fonts baptismaux par une intervention militaire de l’OTAN en l’absence de mandat de l’ONU et en violation flagrante de la loi internationale. On croyait naïvement que l’intangibilité des frontières était un principe de droit international. C’est fini. La politique des droits de l’homme lui a tordu le cou.

Troisième avancée hégémonique, enfin : le génie inventif de la présidence Clinton porta sur la façon de faire la guerre. Avec les bombardements frénétiques infligés à la Somalie, à l’Irak et à la Serbie, le Pentagone expérimenta sa « révolution dans les affaires militaires ». Au lieu d’expédier sur place des troupes risquant de se faire hacher menu, Washington frappa ses ennemis, du haut du ciel, en déchaînant attaques aériennes et missiles de croisière. D’une parfaite asymétrie, ces frappes chirurgicales cumulaient les avantages de l’ubiquité, de la précision et de l’absence de pertes dans le camp du bien.

Embrigadement des alliés dans une OTAN sans frontières, droit-de-l’hommisme en casque lourd et déchaînement du feu céleste contre les récalcitrants : ces trois sauts qualitatifs ont fourni un modèle inoxydable de politique étrangère. Même les détracteurs républicains de Bill Clinton ont retenu la leçon. Ses successeurs George W. Bush et Barack Obama n’y ont pas dérogé. Le premier a profité du 11 septembre pour lâcher les faucons du Pentagone sur le Moyen-Orient, mais cet interventionnisme a fait l’effet d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Devant ce fiasco, le peuple américain élut en 2008 un démocrate plutôt avenant qui avait pour carte de visite son opposition à cette aventure guerrière. Hélas l’illusion fut de courte durée, et la politique néo-conservatrice continua de plus belle.

Afin de limiter l’envoi de troupes sur le champ de bataille, Barack Obama a préféré le « leading from behind » à l’intervention directe. Mais il a aussi intensifié la guerre des drones et maintenu le bagne de Guantanamo. Jouant avec le feu, il a pactisé avec Al-Qaida, fait détruire la Libye par ses larbins européens et vainement tenté d’anéantir la Syrie, où il est tombé sur un os nommé Poutine. C’est pourquoi il a installé en Europe un bouclier anti-missile qui menace Moscou, favorisé un coup d’État à Kiev et imposé à la Russie des sanctions que rien ne justifie.

La campagne au lance-flammes d’Hillary Clinton montre que la fraction belliciste de l’oligarchie est décidée à poursuivre cette politique agressive. Le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, a récemment déclaré que les États-Unis se réservaient le droit d’utiliser l’arme nucléaire en première frappe. Sans état d’âme, les Docteur Folamour du néoconservatisme évoquent une future guerre avec la Russie ou la Chine. Une chose est sûre. Cette stratégie de la tension l’emportera si la candidate démocrate gagne l’élection du 8 novembre. Et le « moment Hillary » mettra la planète au bord du gouffre.

Bruno Guigue, 29 septembre 2016

 

Le pouvoir aux États-Unis, une affaire complexe,
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23 Commentaires

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  • #1568860
    Le 30 septembre 2016 à 18:24 par lulu
    Le moment Hillary

    J’ai une grande sympathie pour Trump.
    Mais je ne serai pas déçu que se soit Clinton qui l’emporte.
    Pourquoi ?
    Parce que je n’aime pas les USA. Du moins l’Empire américain.
    Et on sait bien qu’un Empire doit grandir pour ne pas mourir.
    Donc faire des guerres, jusqu’à la dernière. Celle qui fait effondrer l’Empire.
    Et avec la Clinton on ira dans cette voie.
    Ce n’est pas que je souhaite la guerre, mais on l’a déjà.
    Et il y en aura de plus en plus quoi qu’on fasse.
    Mais ce serait dommage de refiler le bébé à Trump, qui n’est pas le plus mauvais bougre.

     

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    • #1569178
      Le Octobre 2016 à 00:10 par thihen42
      Le moment Hillary

      C’est bien joli ce jusqu’au-boutisme quand c’est les autres qui en prennent plein la gueule, mais si dans ce chaos généralisé la survie de tes proches est en jeu, souhaiteras-tu toujours ce franchissement de palier dans la guerre même s’il conduit à la chute des Etats-Unis ?

       
    • #1569242
      Le Octobre 2016 à 03:09 par bobforrester
      Le moment Hillary

      cette politique du pire que vous proposez pourrait bien avoir des effets inverses à ceux que vous suggérez . Notamment entraîner la Russie dans une course aux armements ruineuse qui précipiterait poutine hors du pouvoir en raison du mécontentement général suscité par les dépenses militaires : on connaît , du beurre ou des canons ! cette politique a bien fonctionné contre l urss qui était pourtant bien plus puissante économiquement que la Russie d aujourd’hui et bénéficiant d un pouvoir politique fort ce dont Poutine ne bénéficie pas du tout , cf Mikhail Khazine sur la structure du pouvoir en Russie et le relatif isolement de poutine encerclé par les libéraux mondialistes.
      C est bien là dessus que comptent les ricains : jeter les masses russes dans la rue contre Poutine dans une splendide et massive "révolution orange" bien menée !

       
    • #1569253
      Le Octobre 2016 à 03:47 par nanafissatou
      Le moment Hillary

      Je suis de plus en plus de votre avis. Quand on y regarde de plus près : la présidence interventionniste et brutale de Bush Jr. a vu l’occident subir plusieurs échecs cinglants (quoi que l’on en pense) : l’Afghanistan, l’Irak, la défaite israélienne au Liban en 2006, la victoire russe dans le Caucase en 2008.
      Il est possible qu’avec Clinton aux manettes ; ce soit la même chose.
      Intervention en Syrie ? Très bien, à ce moment-là, ce ne sera plus la Russie qui passera pour l’agresseur mais bien les USA ; et cette fois, il y aura en face des guerrillas (hezb), des S-300, l’armée russe, l’armée syrienne, etc.
      Intervention dans le Dombass ? Les ukrainiens qui connaissent le pays ont échoué, les américains y arriveraient ?
      Et surtout, les faillites économiques successives continueraient à être reprochées à l’establishment qui aurait réussit à faire élire sa présidente.
      Si un Trump ne se fait pas élire cette fois-ci, rien ne dit qu’un autre ne surviendrait pas après.

       
  • #1568989
    Le 30 septembre 2016 à 20:14 par daechington
    Le moment Hillary

    Ca ne changera rien si cette folle est élue, parce elle ne va pas vivre encore longtemps ... Ce sera donc son vice président qui sera aux manettes de Daechington.

     

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    • #1569168
      Le Septembre 2016 à 23:52 par . leo brancier
      Le moment Hillary

      Ouaip, la dame en question est engagée dans quelques procès dans son pays, dont certains sont quand même assez gratinés ! Au cours de ces 6 derniers mois, cinq des principaux témoins à charge contre la dame sont morts. De mort violente pour la plus part. Il est étrange (en fait c’est logique) que les médias n’en fassent pas souvent allusion !. Ils préfèrent évoquer les placements légaux d’un prestataire de service du FN (Panama Papers) pour faire le buzz et continuer leur travail de bonne désinformation pour laquelle ils sont largement rétribués et souvent médaillés.
      Désinformation : du Russe "desinformatzia" technique de manipulation psychologique de masse pour créer une vérité officielle mais illusoire. Très largement employée par les pays communistes et fascistes au cours du XXème siècle. Aujourd’hui ce sont les médias occidentaux et les gouvernements mondialo-affairistes qui en font usage.

       
  • #1569057
    Le 30 septembre 2016 à 21:25 par quidam
    Le moment Hillary

    La cinglée est plus dangereuse que Tchernobyl et Fukushima réunis,c’est une certitude !

     

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  • #1569121
    Le 30 septembre 2016 à 22:34 par Eric
    Le moment Hillary

    "Cette stratégie de la tension l’emportera si la candidate démocrate gagne l’élection du 8 novembre."

    Et si KILLhary remporte l’élection présidentielle ce sera grâce aux votes des Noirs, des Arabes, des latino-américains et des asiatiques, de même qu’en France si l’adversaire au deuxième tour de MLP l’emporte ce sera grâce aux voix des Maghrébins, des Noirs et des asiatiques. Bref, les populations extra-européennes seront responsables du déclenchement de la Troisième Guerre mondiale.

     

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    • #1569243
      Le Octobre 2016 à 03:12 par bobforrester
      Le moment Hillary

      Il n y aura pas de 3e guerre mondiale, voir mon post, mais en effet les immigrés sont utilisés contre les autochtones partout où c est possible , ça fait partie de la stratégie de survie du capital financier dont la division populaire reste sa dernière arme absolue - ou presque !

       
    • #1569333
      Le Octobre 2016 à 09:44 par Med
      Le moment Hillary

      Tous les arabes américains que je connais sont de la troisième générations et voteront Trump.
      ( contre l’interventionnisme au moyen orient et contre le financement d’Israël ça suffit a les convaincre ! )

      Ceci dit les responsables ne sont pas les marionettes, les élections sont gagnés et les statistiques le prouvent par le candidat qui aura réuni le plus d’argent..

      Je vous laisse deviner qui sont les plus grands donateurs !

       
  • #1569153
    Le 30 septembre 2016 à 23:18 par gloria lasso
    Le moment Hillary

    Quand Hillary dit qu’elle a négocié un cessez le feu (ceasefire).... les media(s) Français sous-titrent qu’elle a négocié un traité de paix.... c’est quand même pas le même bouillon.... non ?

     

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  • #1569240
    Le 1er octobre 2016 à 03:02 par bobforrester
    Le moment Hillary

    bonjour

    Remarquable comme d habitude je partage son résumé historique mais pas sa conclusion. Je suis davantage convaincu par les arguments de Mikhail Khazine qui démontre en une phrase l inutilité d une 3e guerre mondiale que pour ma part j ai réfutée depuis longtemps au motif ( différent) que l oligarchie tient trop à ses nonos pour déclencher l Armaguedon auquel elle n échapperait pas dans cette configuration .
    Et toutes ces exhibitions de matériels de guerre sophistiqués ça fait marcher le commerce, cré des emplois , ( complex militaro industriel) ça impressionne les chauvins aux USA et fout les jetons aux européens .
    Mais l important c est que ça entraîne la Russie dans une course aux armements désastreuse pour ses effets sur le niveau de vie des Russes . On y prépare ainsi des mouvements massifs de mécontents prélude à une "révolution orange" ou quelque chose comme ça .
    C est la stratégie ricaine qui a si bien réussi contre l urss.
    La crainte q u inspire les "premières frappes" est largement du bidon car quid des représailles par sous marins porteurs de missiles russo chinois dont on ne sait pas grand chose, sauf qu ils sont indétectables et prêts à frapper eux aussi et à nucléariser toute la côte Est ricaine notamment, mais pas seulement .
    Bref on est en pleine politique en bluff militaire mais pas à la veille d une 3e guerre mondiale . Ouf !

     

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  • #1569241
    Le 1er octobre 2016 à 03:05 par loulou
    Le moment Hillary

    La ou passe la Clinton , ne repousse plus de gazon.

     

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    • #1569419
      Le Octobre 2016 à 12:13 par gloria lasso
      Le moment Hillary

      En plus je pense qu’elle a du raser le sien de près....

       
  • #1569340
    Le 1er octobre 2016 à 09:59 par Matveii
    Le moment Hillary

    Dans le bilan de Clinton, il ne faut pas oublier non plus la révocation du glass steagall act qui a conduit à la "crise" de 2007 et à la situation que nous connaissons..

     

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  • #1569346
    Le 1er octobre 2016 à 10:13 par Pierre-Albert Espénel
    Le moment Hillary

    Mais ne serait-elle pas déjà morte ? Remplacée par un sosie symbolique.

     

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    • #1569457
      Le Octobre 2016 à 13:09 par Khem
      Le moment Hillary

      Non, dans son dernier débat, truqué, c’est bien elle a 5.30 qui fait une crise, d’ailleurs Trump le souligne d’un " seizure " silencieux et coup d’oeil a qqn dans le public :

      https://www.youtube.com/watch?v=XEv...

       
  • #1569800
    Le 1er octobre 2016 à 19:39 par redsniper06
    Le moment Hillary

    Hillary la cocue notoire porte maintenant d’autres cornes ........... celles du Diable !!!...

     

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