Place Beauvau vient de publier un appel d’offre d’un montant de près de 4 millions d’euros pour l’achat de plusieurs centaines d’appareils, assurant qu’il n’y a pas de lien avec leur utilisation dans la crise actuelle.
Cet appel d’offres a donné lieu à de nombreux commentaires et reprises. Comme sur la page Facebook proche des Gilets jaunes « Cerveaux non-disponibles », où une publication partagée plus de 11 000 fois s’interroge sur la temporalité de cette annonce :
« Alors que l’hôpital est toujours en pénurie de masques et de blouses faute d’anticipation par l’Etat et qu’on fait plus de contraventions que de tests, la mécanique d’une société de surveillance se met en place. Voilà qu’on nous sort des bizarreries telles que des commandes de "micro-drones du quotidien" pour surveiller la population. »
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Le premier lot concerne environ 565 « micro-drones du quotidien », pour un prix estimé de 1,8 million d’euros (HT). Ces drones doivent faire moins d’un kilo, pouvoir voler pendant vingt-cinq minutes minimum, et à une hauteur de 100 mètres en étant discret. Ils doivent filmer en 4K ou UHD, et avoir une caméra thermique tout en transmettant à 3 kilomètres au moins.
Le deuxième lot concerne environ 66 drones « de capacité nationale », plus massifs (8 kilos maximum) mais également discrets à 120 mètres, pour un montant estimé de 1,58 million d’euros (HT). Ils doivent embarquer un objectif filmant à 500 mètres (avec un zoom x30 de jour), voler vingt minutes sans recharge et transmettre au moins à 5 kilomètres.
Le troisième lot concerne une vingtaine de « nano-drones spécialisés », pour un prix hors TVA de 175 000 euros. Ils doivent peser moins de 50 grammes, avoir vingt-cinq minutes minimum d’autonomie et transmettre leurs images à 2 kilomètres minimum.
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D’après l’appel d’offres, ces contrats comprennent, outre l’achat des équipements, leur « maintien en condition opérationnelle » et la formation des agents à leur maintenance. Ils s’inscrivent dans un « programme financé par des fonds de l’Union européenne », le Fonds pour la sécurité intérieure (FSI). D’après le site du ministère de l’Intérieur, le FSI se divise en deux volets : l’un centré sur les « frontières extérieures », et l’autre sur « la coopération policière, la prévention et répression de la criminalité, et la gestion des crises ».
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Le ministère de l’Intérieur assure toutefois que la commande n’a rien à voir avec l’actualité : « Cet appel d’offres est sans lien avec la situation sanitaire actuelle, l’expression de besoin et les spécifications techniques ayant été consolidées au cours du second semestre 2019. » De précédents appels d’offres font état de commandes de drones de la part du ministère, mais pour des montants et des quantités moindres (233 000 euros en 2011, 315 000 puis 487 000 euros en 2015, 328 000 euros en 2016, par exemple).