Après une demande de la Commission européenne, la France, par le biais de son opérateur historique Orange, serait sur le point de transférer les données télécoms anonymisées des Français pour observer l’évolution de la pandémie.
Voilà quelques jours que l’on s’interroge sur la collecte et l’exploitation possible de nos données mobiles en France, à la fois d’un point de vue technique et légal, et sur le modèle de ce qui se fait à l’étranger. Pour les autorités, il existerait plusieurs atouts à cette récolte : la possibilité de cartographier l’évolution de l’épidémie avec les mouvements de population, ou encore de vérifier le respect des mesures de confinement. Et alors que la France semblait ne pas vouloir calquer sa stratégie sur celle de ses voisins, plus les jours passent et plus les indices pointent vers une inévitable utilisation de celles-ci.
Des discussions entre la Commission européenne et les opérateurs
Il y a d’abord une interview accordée au Figaro par Stéphane Richard, le patron d’Orange, dans laquelle il a indiqué travailler avec l’Inserm à la possibilité de collecter les données afin de « modéliser la propagation de l’épidémie » ou de « mesurer l’efficacité des mesures de confinement ». Thierry Breton, commissaire européen au Marché Intérieur, s’est rapidement mis du côté du patron d’Orange, soutenant une utilisation de ces données anonymisées et agrégées.
Le mardi 24 mars toujours, l’Élysée a annoncé la création d’un nouveau Comité analyse recherche et expertise (Care) censé réfléchir sur « l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées ». Nouvellement formé, le comité n’a pas encore communiqué sur l’ensemble de ses objectifs et leurs mises en œuvre.
On apprend aujourd’hui (jeudi 26 mars) que le transfert de données anonymisées « est prévu pour dans quelques jours ». L’AFP précise d’ailleurs que « Thierry Breton s’est entretenu dès lundi avec les patrons de plusieurs grands opérateurs européens, dont Orange, Telecom Italia, Telefonica, Deutsche Telekom et Vodafone, qui se sont dit prêts à partager ces métadonnées ».
Des données anonymisées et une urgence qui posent question
Dans un article publié le mardi 24 mars, nous évoquions notamment avec le député Éric Bothorel et La Quadrature du Net des doutes concernant la pertinence de l’utilisation de données de géolocalisation pour suivre l’évolution de l’épidémie, dès lors que les tests de dépistage ne sont pas généralisés en France. Une cartographie de la maladie qui paraîtrait plus pertinente en sortie de crise, si ces tests devenaient courants pour éviter la résurgence de la maladie.
Quant aux données dites anonymisées, elles laissent songeuses un certain nombre de personnalités, à commencer par l’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld, qui a demandé à Thierry Breton « des éclaircissements », expliquant que l’anonymisation des données n’est pas une pratique si simple.
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