L’ambiance est un tout petit peu tendue ce dimanche 6 décembre, au soir du premier tour des élections régionales. Le succès du Front national – arrivé en tête dans six régions – n’est pas pour apaiser les esprits.
Sur France 3 Île-de-France, le député Carlos Da Silva s’est un peu laissé aller, délaissant le langage policé du monde politique pour s’en prendre, vivement, aux électeurs du Front national. Ce proche de Manuel Valls – dont il est le suppléant à l’Assemblée nationale – est intervenu alors que Jean-Lin Lacapelle, tête de liste FN-RBM dans les Hauts-de-Seine, dénonçait les collusions entre le PS et LR.
Voici l’échange retranscrit :
Jean-Lin Lacapelle : « D’ailleurs votre leader politique dans le Nord-Pas-de-Calais appelait tout de même à une fusion avec la liste de monsieur Bertrand. »
Carlos Da Silva : « Il appelle au rassemblement des républicains pour battre les fachos que vous représentez. Voilà, c’est simple. »
Tout simplement. « Ce n’est pas une insulte, c’est la réalité », a ajouté aussitôt Carlos Da Silva. Jean-Lin Lacapelle, de son côté, a estimé que ce genre de formulation finit par « fatiguer les Français ».
Nos amis allemands illustrent à leur façon le choc de ces élections régionales françaises, sous le titre "Régionales, les Français sont-ils fous ?"
Interpréter la victoire du Front national au premier tour des régionales comme un cas isolé serait une erreur, écrit la presse allemande. La France est en train de changer de cap idéologique.
« C’est aussi grave qu’on le craignait : presque un Français sur trois à donné sa voix au Front national », note la Süddeutsche Zeitung au lendemain du premier tour des régionales, le dimanche 6 décembre. Pour le quotidien de Munich, rien ne semble plus pouvoir arrêter l’extrême droite dans le Nord et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
« Mais sont-ils fous, ces Français ? Attention, le résultat de dimanche n’est pas une erreur. Les voix pour Le Pen ne sont pas dues à un soudain accès de fureur contre les élites politiques. Ou la simple conséquence des attentats du 13 novembre. Non. Le FN monte depuis des années dans les sondages, de manière constante, forte, en l’occurrence inévitable. »