Les États-Unis font un petit pas de plus en direction d’un État kurde en Syrie en aménageant un aéroport dans la région de Hassaké, comme nous l’a appris vendredi le site d’information libanais AL-Manar [1], citant le journal du même pays, Al-Akhbar.
C’est dans le nord-est du pays que les Américains sont sur le point d’achever l’aménagement d’un aéroport, consistant notamment en son élargissement et sa dotation de pistes capables d’accueillir des appareils militaires, sur le site de l’ancien aérodrome de Tal Hajar dans une région contrôlée par les Unités de protection du peuple kurde (YPG). Les forces kurdes combattent Daech dans cette région frontalière de l’Iraq et sont parvenues récemment à libérer la ville de al-Hawle. À noter que cet aérodrome comporte un important dépôt d’armement et de munitions.
Cette aide américaine peut être analysée dans le contexte plus large d’un plan de morcellement de la Syrie en plusieurs États puisqu’en aidant militairement les Kurdes, les États-Unis les aident à devenir une entité autonome voire indépendante. Cet État kurde pourrait d’ailleurs englober les régions kurdes aussi bien syriennes qu’irakiennes dans le cas d’une fusion. Les États-Unis se créeraient ainsi un nouvel allié dans une région plutôt favorable à l’Iran, avec les gouvernements syriens et irakiens dans le giron de la puissance régionale chiite.
La Turquie pourrait aussi bénéficier d’un État kurde s’étendant de part et d’autre de la frontière irako-syrienne car elle pourrait y transférer une partie de sa propre population kurde. Le conflit avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a provoqué la mort de plus de 44 000 personnes depuis son début en 1984.
Pour terminer, un tel Kurdistan ne peut être que vu d’un bon œil par Israël car il affaiblirait l’État syrien qui, pour rappel, soutient le Hezbollah et qui n’a jamais fait la paix avec l’État hébreu. De plus, ce dernier entretient déjà d’excellentes relations avec le Kurdistan irakien, auprès duquel il s’approvisionne en pétrole sans l’aval de Bagdad.
Les trois alliés que sont les États-Unis, la Turquie et Israël ont donc un intérêt commun à voir un État Kurde se créer en Syrie, voire fusionner avec le Kurdistan irakien, et l’aménagement de l’aérodrome de Tal Hajar par les Américains est un petit pas dans ce sens.