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2019 a été l’année de la célébration du 80e anniversaire du CNRS, premier organisme public de recherche européen, dont l’une des missions majeures est le développement de la recherche fondamentale, celle qui vise à acquérir de nouvelles connaissances sans en envisager a priori une utilisation particulière et qui construit le socle de l’innovation de demain.
Au même moment étaient présentés les rapports des groupes de travail sur la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Ces deux événements ont mis le projecteur sur la situation de la recherche française et le constat est unanime : la France perd du terrain et le niveau de financement de sa recherche est insuffisant. Elle n’investit que 2,2 % de son PIB dans la recherche, moins que les États-Unis (2,8 %) et très loin derrière le Danemark, la Suisse, et l’Allemagne qui dépassent les 3 %, quand la Corée du Sud et Israël sont au-delà des 4,5 % !
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[…] Les géants du web (les fameux Gafam) engagent des sommes comparables, voire supérieures à celles des plus grandes nations scientifiques. Le budget de recherche d’Amazon en 2018 était ainsi sept fois supérieur à celui du CNRS. À terme, le risque est que, dans les domaines de la médecine personnalisée et de l’intelligence artificielle, nous dépendions d’intérêts privés dans l’accès aux nouvelles technologies.
[…] Il pourrait être tentant d’orienter les financements vers quelques grands thèmes en relation avec les questions sociétales actuelles, au détriment de tous les autres. Ce serait oublier que, de façon générale, quand on cherche, on ne sait pas ce qu’on va trouver et que la recherche fondamentale et le développement technologique qui s’ensuit procèdent par rupture. Ainsi, l’immunothérapie, qui a changé la donne dans le traitement de certains cancers, résulte de découvertes récentes en immunologie fondamentale. Cette stratégie thérapeutique n’a rien à voir avec la chimiothérapie et la radiothérapie utilisées classiquement.
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Si [le déclin actuel du financement de la recherche française] se poursuit, c’est dans une dizaine d’années qu’on comprendra qu’il nous aura définitivement condamnés […] au statut de nation de seconde zone dans le domaine des technologies de pointe.
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