Il y a moins d’un an, [Stanley Fisher], un des vice-présidents de la Réserve fédérale américaine, rejoignait le centre de recherche de BlackRock (le BlackRock Investment Institute). Ce dernier intégrait donc discrètement le numéro un des gestionnaires d’actifs, quelques mois seulement après avoir démissionné de son poste au sein de la banque centrale étasunienne.
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Fischer, en plus d’être un parfait exemple de pantouflage, symbolise le poids considérable de la finance internationale sur le monde politique. Sa carrière et ses différentes responsabilités peuvent nous permettre d’identifier les rapports de force et les pratiques courantes des hautes sphères oligarchiques transnationales.
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En 1960, dans le cadre de ce militantisme sioniste, il voyagea en Israël et étudia l’hébreu dans un kibboutz. Il prévoyait alors de commencer ses études à l’université hébraïque de Jérusalem, mais il émigra finalement au Royaume-Uni, après avoir reçu une bourse de la prestigieuse London School of Economics. Après son cursus universitaire britannique, Fischer ne retourna pas pour autant en Israël. Il traversa cette fois l’Atlantique pour se rendre aux États-Unis pour étudier au MIT afin d’y obtenir un doctorat.
Au début des années 1970, Fischer entama alors une carrière de professeur agrégé à l’Université de Chicago. C’est au sein de cette grande université, fondée en 1890 par John D. Rockefeller, qu’il commença son activité professionnelle d’universitaire. […]
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[…] Il devient ensuite professeur au département d’économie du MIT de 1977 à 1988. C’est à cette période qu’il sera notamment directeur de thèse de Ben Bernanke, plus tard dirigeant de la Réserve fédérale américaine pendant la crise des Subprimes de 2007-2008, ou encore de Mario Draghi, directeur de la BCE de 2011 à 2018.
En janvier 1988, il commence une carrière de haut responsable au sein de grands organismes financiers ; ainsi pendant deux ans il est vice-président section Économie du développement et économiste en chef à la Banque mondiale. Il est ensuite nommé premier directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), de 1994 à 2001. […]
[…] Il est également membre du groupe Bilderberg et a notamment assisté à ses conférences de manière officielle en 1996, 1998, 1999 et 2018. C’est également à souligner, il est membre émérite du Council on Foreign Relations (CFR).
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L’une des premières « consécrations politiques » de sa carrière arrive au tournant de l’année 2005, quand Fischer est nommé gouverneur de la Banque d’Israël par le cabinet israélien, après avoir été recommandé par le Premier ministre Ariel Sharon et le ministre des Finances Benyamin Netanyahou. Évidemment entre temps, Fischer a pris la nationalité israélienne sans pour autant renoncer à sa citoyenneté américaine. […]
[…] En octobre 2010, Fischer est également déclaré gouverneur de l’année de la banque centrale par le magazine Euromoney. Fischer est donc au début de la décennie 2010 l’une des grandes « stars » des principaux banquiers centraux. […]
Sa candidature au poste de directeur général du FMI en remplacement de Dominique Strauss-Kahn est rejetée en 2011, Fischer ayant dépassé la limite d’âge nouvellement instituée par le FMI (67 au lieu de 65 ans). Le 30 juin 2013, à son zénith, Fischer finit tout de même par démissionner de son poste de gouverneur de la Banque d’Israël, à mi-chemin de son deuxième mandat.
Et c’est ainsi que six mois plus tard, cas unique dans l’histoire, le président démocrate Barack Obama le nomme vice-président du Federal Reserve System (la Fed). Avant lui, aucun grand banquier central n’avait été nommé au sein de deux grandes banques centrales. Même s’il est binational (israélo-américain), ayant joué un rôle fondamental pendant huit ans dans la politique israélienne, il aurait pu être identifié, aux yeux de l’opinion publique, comme une personnalité israélienne.
Mais en nommant Fischer à ce poste, Obama appliquait des consignes. Il déclara pompeusement à cette occasion que Fischer avait déjà apporté des décennies de leadership et d’expertise à travers ses différentes missions au sein du Fonds monétaire international et à la Banque d’Israël. […]
Néanmoins après trois ans d’activité, Fischer démissionna pour des raisons personnelles à la mi-octobre 2017, huit mois avant la fin de son mandat de vice-président en juin 2018. En réalité, il ne cachait pas son hostilité à Donald Trump. […]
Et c’est ainsi qu’à peine plus d’un an après avoir quitté la vice-présidence de la Réserve fédérale, Stanley Fischer intégra la société BlackRock, géant américain de la gestion d’actifs. L’ancien banquier central est depuis moins d’un an, conseiller senior de l’institut de recherche de BlackRock. […]
Ce qui est significatif c’est que BlackRock n’a pas hésité à se payer le luxe de recruter l’un des banquiers centraux les plus importants du monde, amenant et mettant au service de l’entreprise ses réseaux et ses connaissances. D’ailleurs, au regard de l’âge de Fischer et de son goût des responsabilités, il ne semble pas qu’un homme comme lui intègre BlackRock uniquement pour satisfaire sa cupidité. À BlackRock, il va continuer à faire de la politique...
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[…] Il n’existe aucune séparation entre les responsabilités publiques et le secteur financier. Nos politiques ou hauts responsables ne sont que des employés, là pour exécuter des consignes qui leur viennent du haut de la pyramide capitaliste.
Stanley Fischer et les grandes figures employées de l’oligarchie financière ne se cachent même plus face à l’opinion publique. Ce qui n’a rien d’étonnant quand on sait que nos élites raisonnent selon l’adage bien connu de l’écrivain huguenot anglo-néerlandais Mandeville : « les vices privés font la vertu publique ».
Mais si dans les pays anglo-saxons ces pratiques sont presque normalisées tant les peuples sont endormis, en France, pays de tradition latine et étatiste, elles sont en train de réveiller une partie des classes populaires. […]
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