C’est avec une délectation de fin gourmet – à la Hannibal Lecter – que Le Monde compte les morts du nouveau média de la triplette Mélenchon-Miller-Chikirou. Après Aude Rossigneux en février, suivie par Catherine Kirpach et Léa Ducré, puis Noël Mamère, l’écolo cycliste qui allait à l’Assemblée en voiture, c’est au tour du journaliste Marc de Boni de quitter Le Média. Décidément, avec les déboires de Plenel et Mediapart attaqués par l’intouchable Charlie, la presse de gauche souffre en ce moment. Et la gauche, écrasée aux dernières élections, se déchire.
— Marc de Boni (@MarcdeBoni) 12 mars 2018
La presse de gauche bénéficie pourtant de toutes les sollicitudes du Système : à peine un nouveau média se crée-t-il que les fées se penchent sur son berceau. Ce sont des investisseurs, des « amis », des actionnaires, des souscripteurs en pagaille qui envoient des sous. Pourtant, ces supports vendent toujours la même salade de gauche, qui a justement été rejetée par le peuple lors des élections couperet d’avril-mai 2017. Le PS ne pèse plus que 6%, le PC est inexistant, les écolos ont déserté la présidentielle, il n’y a plus que Mélenchon pour faire croire à une opposition au libéralisme de Macron.
Hélas, pour les Français qui souffrent, c’est encore le mauvais cheval : Méluche est pour l’Europe, donc pour l’abandon de souveraineté. Ensuite, on peut raconter ce qu’on veut, on peut devenir Premier ministre de Macron un jour, ça ne changera rien à la dominance européiste ou mondialiste en France. C’est bien ce que le public comprend derrière les moulinets des lieutenants du général Mélenchon à l’Assemblée : on a déjà entendu ces discours dix mille fois et ils n’électrisent plus grand monde. Depuis la dernière parenthèse (presque) socialiste de 1981-1982, la France a été plongée de force dans un bain libéral, puis ébouillantée à petit feu. Il reste bien les trois semaines de grève (presque) générale en décembre 1995 mais depuis, les syndicats, trop affaiblis, ont abdiqué.
La véritable opposition n’est plus dans les partis, mais sur l’Internet et l’Internet radical, social et national. C’est justement lui qui est visé par le vrai pouvoir, on le voit. Mais alors, Le Média de la bande à Mélenchon qui se fait dézinguer par Le Monde, cet organe de l’oligarchie, cela voudrait dire qu’il est authentiquement anti-oligarchique ? Po, po, po, pas si vite : si Le Monde tire à vue sur Le Média, c’est bien pour sauver ses marges et ses derniers lecteurs de gauche qui seraient tentés par une information un poil moins libérale. Et si Le Monde ne tirait pas sur Mediapart, c’est parce que le pure player est dirigé par un ancien de la maison. Entre trotskistes, de gauche ou de droite, on ne se fait pas la guerre.
Ceci étant dit, la décrépitude du Média ne signifie par que Le Monde récupérera son auditoire orphelin : en matière de presse, les lecteurs d’un titre qui meurt ne sont jamais récupérés par la concurrence. On meurt avec ses lecteurs. Comme Le Monde est en train de mourir, malgré les injections de gros argent du Marché et de la Banque (Niel & Pigasse) et des subventions publiques.
Le Journal du 12 mars 2018 a-t-il été saboté ? La censure a-t-elle frappé les derniers survivants du Média ?
Le problème de son qui surgit à 2’00 prouve que ce Journal est vivant et que la technique, comme l’éditorial, est de gauche : chacun fait c’qui lui plaît, chacun est libre de partir en sucette.
Heureusement, Nico l’assistant baba cool surgit et résout le problème de micro-cravate de Léonard, venu parler du nucléaire français. En vérité, et là on va parler sérieusement, le contenu du Média n’est pas inintéressant, mais le traitement « de gauche » est tellement attendu qu’on n’est surpris de rien.
Le Média est le petit neveu idéaliste de TF1, et pourquoi pas. Mais il faudrait peut-être revoir le format et l’habillage, dans tous les sens du terme : 30 minutes en frontal avec les gros JT à 100 journalistes, c’est délicat. Et puis cette table en demi-cercle de chez But, ces tee-shirts informes, cette ambiance de MJC... toute cette mise en scène misérabiliste est repoussante pour le téléspectateur. Une seule solution : les femmes en tailleur, les hommes en costard !
L’erreur fondamentale des gauchistes trotskards est de vouloir faire peuple en s’habillant comme des Roms.