On a failli croire à une information indépendante des pouvoirs oligarchiques, la Banque, les lobbies, les Loges, le CAC40, eh bien pas du tout. Le 20 Heures du Média, présenté par Aude Rossigneux, la fille d’un gros ponte du Canard enchaîné, est une enfilade de clichés socialo-sionistes de la plus belle facture. Franchement – sans jalousie ni volonté de nuire – il est même dommage de s’affranchir de l’argent des milliardaires qui contrôlent l’info en France pour finir par pondre un sous-JT féministe de France 3 Régions avec les souscriptions de bobos nantis et de croyants pauvres.
Avant de chroniquer ce JT historique de La France insoumise sous le haut patronage de Jean-Luc Mélenchon (qui s’en défend), voici un aperçu de l’équipe rédactionnelle du Média. Comme vous pouvez le remarquer, elle a pris soin de bien respecter la parité et la diversité mais a un peu oublié la pluralité informationnelle : on reste en famille de gauche SOS Racisme 2.0.
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— Le Média (@LeMediaTV) 10 décembre 2017
D’emblée, les codes sont brisés : ce n’est pas une potiche bourgeoise à la Claire Chazal mais trois femmes cool de gauche qui ouvrent le JT avec des sourires forcés. On s’attend à un journal révolutionnaire ; hélas, les sujets ne sortent pas de la prison mentale de la gauche bien-pensante qui ne fait pas de mal à l’oligarchie tout en faisant croire qu’elle menace le cœur du Système. On n’est pas dans l’opposition mais dans le poil-à-gratter.
- Démarrage en fanfare du JT avec trois sourires resplendissants
On en veut pour preuve l’ouverture très symbolique de ce JT inaugural sur l’égalité salariale, qui est au mieux une dérivation, au pire une négation de la lutte sociale globale. Et ce n’est pas l’interview d’une CGTiste qui va changer la donne : même les communistes se sont résolus à abandonner la lutte des classes pour des réformettes sociétales qui ne constituent pas un réel danger pour les Maîtres.
Autour de nous, qui sommes du peuple, on ne connaît pas de femmes qui luttent comme Aude Rossigneux ou Caroline de Haas pour une égalité salariale puisque même chez les hommes à fonction égales on ne touche pas la même chose, du fait de cultures ou de capacités différentes. Et les hommes acceptent ces différences. Ce n’est pas du fatalisme, c’est l’ordre naturel des choses : untel négocie mieux, l’autre est embauché par un pote, un troisième se fait avoir, le dernier s’accroche comme un Filoche aux droits sociaux... Les jobs sont différents, les hommes sont différents, les employeurs sont différents. Ce n’est pas une ode au libéralisme ou à la jungle mais un constat. La lutte sociale, elle, reste collective et fondée sur une appréciation juste des rapports de force, c’est-à-dire sur une conscience collective de la domination. Pas la domination des hommes sur les femmes (que la plupart des femmes ne trouvent pas outrageante), mais de l’oligarchie sur les hommes et les femmes réunis !
Après son intro très Schiappa, et donc très Macron, la présentatrice Aude Rossigneux regrette que le « printemps iranien » n’ait pas pris... What the fuck ? On se croirait sur Fox News ! Dans la hiérarchie de l’information « insoumise », l’égalité salariale devance le grand Satan iranien qui devance l’aide aux « exilés ».
« Il y a celles et ceux qui viennent au péril de leur vie demander asile chez nous, il y a ceux qui leur portent secours et qui parfois sont condamnés. »
Aude passe alors la parole à sa voisine Catherine, qui perd son sourire pour présenter, de manière tragique, le sort des migrants :
« Effectivement nous irons en région PACA pour suivre la terrible transhumance forcée des exilés à la frontière italienne. »
Pas un mot des habitants français et italiens, de chaque côté de la frontière, dont la vie est devenue impossible et qui préfigurent la France de demain. Ce sont évidemment des fascistes. Le mot n’est pas dit, mais il est là, en creux.
Attention, le 20 Heures du Média ne démarre qu’à la 4e minute :
Aude développe les grands thèmes à 11’07 :
« On passe à la deuxième partie de ce journal, le mag. Et on parle inégalités salariales, Virginie, la France est à la traîne. »
- Christine, spécialiste de l’égalité salariale
Le sujet est si grave que les trois femmes perdent leur joie de vivre qui était palpable au début. Le taux de sourire est une indication de la gravité du sujet.
- La souffrance des migrants fait disparaître les sourires
Aude aborde enfin « l’étranger » à 17’24 :
« On passe à tout à fait autre chose, à l’étranger. Pourquoi, ce qui semblait ces dernières semaines être le début d’un printemps iranien similaire aux printemps arabes s’est peu à peu estompé et a pratiquement disparu de l’actualité... »
Sur tous les sujets abordés, la norme est au traitement gauchiste compatible avec les intérêts du mondialisme. Le Média, dans sa formule JT, exprime son opposition à Macron tout en défendant les principes fondateurs du macronisme : ouverture des frontières, satanisation de l’Iran, progressisme sexuel... avec une pincée de social pour donner le change.
Avec Le Média, aux pauvres de financer la propagande
Ce ne sont pas des fake news mais un fake JT : Le Média et La France insoumise ont été créés pour contrôler et rendre inoffensive l’opposition au Parti Unique incarné par Macron, en ne remettant jamais en cause le noyau idéologique du totalitarisme sexuel et bancaire. Il ne reste qu’une opposition formelle, basée sur les vieilles antiennes de Mai 68, cette révolution libérale-libertaire qui a dévitalisé tous les combats profonds de la vraie gauche – sociale et anti-impérialiste – poste par poste. On le rappelle : la lutte sociale authentique est ramenée à un problème de sexualisation des salaires, la stratégie de destruction des nations opposées à l’Empire se change en humanisme pro-migrants, le souverainisme européiste doit juste être réformé...
On ne voit aucune différence fondamentale entre le 20H de TF1 et le 20H du Média. Sauf que le premier s’adresse aux beaufs et le second aux bobos. Simple différence d’habillage. Quand on réfléchit un peu, il ne pouvait en être autrement : en confiant au commissaire politique Gérard Miller le soin de construire une opposition médiatique, on ne pouvait que tomber dans les travers du trotskisme soixante-huitard, celui qui a trahi la classe ouvrière pour la classe transnationale.
Avec Le Média, ce sont les pauvres qui financent la propagande. Toujours ça de gagné pour les milliardaires qui possèdent l’information dominante.