Le Premier ministre a annoncé samedi que son pays, dont l’endettement équivaut à 170 % de son PIB, était en défaut de paiement pour la première fois de son histoire. Un défi pour le controversé gouvernement de technocrates en place depuis mi-février.
Attendue depuis plusieurs semaines, la banqueroute du Liban est officiellement déclarée. A deux jours de la date fatidique marquant l’échéance d’un remboursement de 1,2 milliard d’euro-obligations de la dette publique du pays, le Premier ministre, Hassan Diab, a annoncé que le Liban n’était pas en mesure d’honorer cette dette. Face à ce premier défaut de paiement de l’histoire du pays, une restructuration à venir de la dette, après négociations avec les créanciers, devrait être mise en place. Le Premier ministre a promis d’engager une série de réformes structurelles qui constitueront un test décisif pour son gouvernement de technocrates, controversé depuis ses débuts, mi-février. Le Liban est en effet secoué depuis octobre par un mouvement de contestation populaire inédit contre une classe politique accusée de corruption et d’incompétence.
Comment le pays en est-il arrivé là ?
Le miracle libanais ne pouvait durer. « Dégoulinant de dettes », selon l’expression populaire locale, le Liban est « noyé », selon le Premier ministre. Il a d’ailleurs rappelé que la moitié des recettes de l’État sont utilisées pour rembourser les intérêts des créanciers. La dette s’élève à 92 milliards de dollars (81 milliards d’euros), soit environ 170 % du PIB national. Ce qui en fait l’un des pays les plus endettés au monde.
Les déficits se sont accumulés massivement depuis la fin de la guerre civile en 1990, pour financer la reconstruction. Pour attirer les fonds des pays du Golfe et de la diaspora libanaise, le gouvernement a mis en place une politique monétaire très avantageuse pour les déposants : les taux d’intérêt étaient supérieurs à 15 %. Pendant des années, l’épargne d’investisseurs étrangers était déposée dans les banques libanaises qui la dirigeaient ensuite vers le rachat de dette souveraine auprès de la banque centrale. Les banques versaient 5 % d’intérêts à leurs clients et empochaient la différence entre le taux servi par la banque centrale et ceux versés aux déposants.
Cette mécanique, unique au monde, a commencé à s’enrayer au début des printemps arabes, en 2011. L’instabilité régionale a fait fuir les investisseurs étrangers. Confronté à la chute des entrées de capitaux indispensables à ses dépenses, l’État n’a eu d’autre choix que d’augmenter ses taux d’intérêt dans l’espoir d’attirer à lui les capitaux manquants. Une fuite en avant de l’endettement qui a abouti à une asphyxie des finances publiques.
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La restructuration de la dette fera partie d’un vaste plan de sauvetage qui devra se traduire par un plan de réduction des dépenses publiques de plus de 350 millions de dollars par an, selon le Premier ministre. […]
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[…] Parallèlement à l’annonce du défaut de paiement, le Premier ministre a réaffirmé sa détermination pour relancer l’économie productive et lutter contre la corruption à travers un vaste programme. Celui-ci doit comporter en priorité une amélioration du recouvrement de l’impôt auquel échappent la majorité des Libanais, y compris les plus fortunés, rappelant les précédents des crises grecque et argentine.
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Rendez-vous est pris dans deux semaines. Débuteront alors les négociations sur la restructuration de la dette avec les créanciers internationaux. Outre le FMI, le Liban discutera aussi avec les pays de l’Union européenne. […]
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