Alors que la Russie nie depuis toujours son intention d’avoir recours à ses armes nucléaires pour frapper d’autres pays, Jean-Yves Le Drian craint un tel scénario, soulignant l’importance de conclure des accords.
Craignant une agression de la Russie, le ministre des Affaires étrangères français a déploré l’absence d’accords sur l’armement nucléaire vendredi 18 juin sur BFM TV/RMC.
« Aujourd’hui, il n’y a plus rien et donc c’est un danger que personne ne perçoit, mais il n’y a plus rien. Demain matin la Russie peut dire : "Moi je vais faire des euromissiles comme avant" et pourrait frapper inévitablement sur tout le territoire européen ».
Néanmoins, il a noté l’importance de la rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine qui ont décidé d’« engager un dialogue stratégique pour avoir plus de stabilité, plus de sécurité entre les deux pays, plus de lisibilité, moins d’imprévision ». Jean Yves Le Drian espère que ce principe acté sera déroulé pour « arriver peut-être demain à ce qu’il y ait des règles qui soient reconnues par tous ».
En outre, le ministre des Affaires étrangères estime que l’Europe doit être présente sur l’agenda des objectifs sur la maîtrise des armements. Selon lui, cette décision a été prise au sommet de l’Otan qui « serait partie prenante dans la préparation de cet agenda ».
« Ce qu’il ne faudrait pas c’est que la reprise du dialogue qui va avoir lieu, c’est plutôt une bonne chose... On voit passer au-dessus de nous les accords sans demander notre mot alors que nous sommes directement concernés parce que nous sommes potentiellement un terrain de jeux ».
La position russe
Cette déclaration intervient alors que la Russie a fait savoir à maintes reprises ne pas avoir l’intention d’utiliser ses armements, dont nucléaires, à l’encontre d’autres pays.
« Nous n’allons pas prendre quelque chose à quelqu’un en le menaçant avec des armes, nous avons nous-mêmes tout », avait informé Vladimir Poutine lors de son discours annuel à l’Assemblée fédérale en 2018.
En juin 2020, le Président russe a adopté la politique d’État du pays dans le domaine de la dissuasion nucléaire qui est de nature défensive.
Selon le décret signé, la Russie considère les armes nucléaires « exclusivement comme un moyen de dissuasion, dont l’utilisation est une mesure extrêmement contraignante ». Les autorités du pays mettent tout en œuvre pour réduire la menace nucléaire et empêcher d’aggraver les relations interétatiques.
« La dissuasion nucléaire vise à faire en sorte que l’adversaire potentiel comprenne l’inévitabilité des représailles en cas d’agression contre la Russie et/ou ses alliés », indique le texte.