On va essayer de dire les choses simplement dans un continent zébré de frontières artificielles, associant des ethnies opposées, au milieu de conflits politiques et confessionnels historiques, sans oublier les influences extérieures plus ou moins avouées qui profitent de la faiblesse de pouvoirs plus ou moins légitimes.
La force d’interposition africaine (G5 Sahel) ne fait pas le poids, les casques bleus se font tirer comme des lapins (la Misnusma porte bien son nom), le vrai soutien militaire des Français au Mali, dont l’armée est inexistante, ce sont les Tchadiens, dont le régime est en pleine transition.
À partir de là, Barkhane devient intenable, surtout que les Européens ne veulent pas nous suivre, voyant dans cette « opex » un intérêt français dans ce qui reste de notre zone d’influence. On se demande alors si Macron n’est pas en train de laisser la place aux Américains, qui eux, voient les Chinois et les Russes (qui soutiennent notamment les rebelles tchadiens à partir du Soudan) pénétrer dans la zone d’influence française...
Ce 10 juin, le président de la République a annoncé que l’opération française Barkhane au Sahel devait laisser place à une « alliance internationale associant les Etats de la région », selon des modalités et une chronologie restant à définir.
Le chef d’État français a évoqué ce 10 juin l’avenir de Barkhane, l’opération militaire française au Sahel, à l’occasion d’une conférence de presse en amont des sommets du G7 (du 11 au 13 juin) et de l’OTAN (le 14 juin).
« À l’issue de consultations [avec les partenaires de la France] nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel », a déclaré Emmanuel Macron, annonçant la « fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et la mise en œuvre « d’une alliance internationale associant les États de la région », selon des modalités restant encore à définir.
La France souhaite des engagements « clairs » de non-dialogue avec les djihadistes
Cette « transformation » de l’opération Barkhane passera notamment par la fermeture de bases de l’armée française, selon le président de la République. Celui-ci a également souligné que la lutte contre le terrorisme au Sahel se ferait au moyen des « forces spéciales » structurées autour de la force européenne Takuba, avec « une forte composante française – avec encore plusieurs centaines de soldats – et des forces africaines, européennes, internationales ».
« Je ne pense pas qu’on puisse se substituer à un peuple souverain pour construire son bien à la place de lui-même », a également annoncé Emmanuel Macron avant de critiquer certains pays africains : « Nous ne pouvons pas sécuriser des zones qui retombent dans l’anomie parce que les États décident de ne pas prendre leurs responsabilités, c’est impossible, ou alors c’est un travail sans fin. »
À propos de la suspension des opérations militaires conjointes entre l’armée française et les forces maliennes décidée le 3 juin dernier, le président de la République a conditionné la reprise de cette coopération militaire à des engagements « clairs » de non-dialogue avec les djihadistes.
« On ne peut pas souffrir l’ambiguïté. On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants », a-t-il dit avec fermeté. « Pas de dialogue et de compromission », a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en déplacement à Abidjan ce 10 juin pour l’inauguration d’une Académie internationale de lutte contre le terrorisme avait déclaré plus tôt dans la journée :
« Évidemment la France n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel (...). Il est vraisemblable qu’il faille adapter le dispositif Barkhane. »
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Contexte sécuritaire difficile au Sahel
Paris déploie actuellement près de 5 100 soldats au Sahel pour combattre les groupes terroristes présent dans la région.
L’intervention présidentielle intervient dans un contexte toujours très instable au Sahel alors qu’au Burkina Faso, entre 132 (selon les autorités) et 160 personnes (selon des sources locales) ont été tuées en une nuit dans le village de Solhan.
Un massacre qui s’ajoute à des dizaines d’autres. Comme le rappelle l’AFP, sur les cinq premiers mois de 2021, plus de 1000 civils ont été tués dans cette partie du Sahel, selon l’ONG Acled et 2248 l’avaient été en 2020.
Une instabilité politique s’ajoute à ces problèmes sécuritaires puisque deux des cinq États de l’organisation régionale G5 Sahel ont connu des changements à la tête de l’État : ainsi au Tchad, avec la mort violente du maréchal Idriss Déby Itno, et au Mali qui a connu en mai son second coup d’État en neuf mois.
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