Bernard Lugan, qui n’a jamais caché sa tendresse pour Charles Maurras et l’Action française, comme pour les « bienfaits » de la colonisation, était auditionné, mardi, dans le cadre de la mission d’information sur l’opération Barkhane. Une invitation qui illustre le naufrage de La République en marche sur la question de la guerre au Sahel.
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Pupitre commun avec Soral
L’homme à la moustache fournie, grand amateur de chasse au gros gibier dans les réserves africaines, s’est également offert une seconde jeunesse sur le Web, notamment en tenant pupitre commun avec l’essayiste d’extrême droite Alain Soral.
Mais l’invitation controversée de Bernard Lugan illustre surtout le naufrage de la République en marche sur la question de la guerre au Sahel, laquelle n’a fait l’objet d’aucune délibération parlementaire. Au dernier sommet du G5 Sahel de N’Djamena, au Tchad (15 et 16 février), Emmanuel Macron n’a pas esquissé le moindre changement de stratégie pour sortir du bourbier militaire, suite à l’intervention décidée par François Hollande en 2013.
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À revoir,
le « pupitre commun » tenu par Alain Soral et Bernard Lugan
(le 25 juin 2013 à Lyon)
« Crises africaines, analyse de classe ou analyse ethnique ? » – Partie 1 :
« Crises africaines, analyse de classe ou analyse ethnique ? » – Partie 2 :
À lire,
la lettre de Bastien Lachaud (député de La France insoumise)
adressée à Madame la présidente de la Commission de la Défense
dans le but de faire interdire l’audition de Bernard Lugan
Madame la Présidente, chère collègue,
Je tiens à vous faire part de mon incompréhension de voir la mission d’information sur Barkhane auditionner demain monsieur Bernard Lugan. Je regrette de n’avoir pu vous en faire part plus tôt mais comme vous le savez la modestie des effectifs de mon groupe ainsi que l’usage qui a cours à l’Assemblée de laisser aux rapporteurs une grande latitude dans l’organisation de leurs travaux ne me permettent pas de m’y investir autant que j’aurais souhaité.
Néanmoins je tiens à vous signaler que, selon moi, monsieur Lugan ne devrait pas être auditionné par la mission d’information. Ce polygraphe extrêmement prolixe, auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, n’est tout simplement pas un spécialiste de la région sahélienne.
En outre, de très nombreux universitaires considèrent, non sans raison, que ses écrits sont, à tout le moins, empreints d’une idéologie politique qui fait de la race ou de l’ethnie le critère prépondérant sinon unique pour la compréhension des relations sociales et de l’organisation des sociétés, en particulier africaines.
Quoique monsieur Lugan ait longtemps professé ses thèses dans les milieux militaires, on pouvait croire que la recherche scientifique contemporaine avait fini par faire reconnaître que le biais intellectuel et politique qui affecte toute sa production était de nature à brouiller la compréhension des sociétés africaines, mais aussi de faire advenir les tensions intercommunautaires par un mécanisme de « prophétie autoréalisatrice » hélas bien connu.
Notre mission d’information doit certes veiller à recueillir une diversité de points de vue académiques afin de proposer, en toute conscience, une reformulation politique des résultats et des défis de l’opération Barkhane. En revanche, cet impératif éthique et méthodologique ne devrait pas bénéficier à la promotion d’une recherche universitaire dévoyée ni à un conservatisme politique extrême dissimulé sous les atours d’une érudition ampoulée.
Si notre commission souhaite l’éclairage d’universitaires reconnus pour compléter celles de messieurs Alain Antil, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Olivier de France et de madame Caroline Roussy, je me permets de suggérer d’entendre plutôt mesdames Niagalé Bagayoko, Johanna Siméant, Marielle Debos, messieurs André Bourgeot et Yvan Guichaoua ou encore pour une réflexion sur l’histoire longue du continent madame Catherine Coquery-Vidrovitch ou messieurs François-Xavier Fauvelle et Jean-François Bayart.
Notre commission pourrait également s’appuyer sur de nombreux jeunes chercheurs, docteurs et doctorants dont la discrétion n’a d’égale que la maîtrise des complexités africaines, et sahéliennes en particulier.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ce courrier et vous prie d’agréer, Madame la Présidente, mes meilleures sentiments républicaines.
Et comme il est toujours utile de mettre un visage sur un nom,
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