Le 3 juillet 2016, dans le 6/9 de France Inter, le réalisateur Claude Lanzmann, auteur de l’interminable Shoah, égratigne le mythe Elie Wiesel en citant le prix Nobel de littérature et ancien déporté Imre Kertész :
« Imre Kertész, dans “Être sans destin”, dit ceci : Elie Wiesel a passé à Auschwitz en tout et pour tout trois ou quatre nuits et jours, le reste du temps il était à Buchenwald. Il n’était pas à Auschwitz. [...] C’est un témoin fiable, Imre Kertész. »
Dans l’émission L’Esprit de l’escalier présentée par Elisabeth Lévy sur la radio communautaire juive RCJ le 3 juillet 2016, l’académicien Alain Finkielkraut a, lui, préféré expédier le ballon en touche...
Un sens de la précaution qui n’habite évidemment pas Bernard-Henri Lévy, dont la « tribune » (on ne sait plus trop comment qualifier ses productions) a trouvé un support de choix dans le journal moribond Libération. On est sympa, on ne vous en met que six lignes :
« La grandeur d’Elie Wiesel fut d’être demeuré, jusqu’au bout, et en toutes circonstances, l’un de ces petits juifs dont il pensait qu’ils sont la couronne de l’humanité. [...] Il est l’un des rares à avoir – cela est sûr – dit l’indicible des camps. Il partage avec Primo Levi et Imre Kertesz – y en eut-il tant d’autres ? – le terrible privilège d’avoir vu six millions d’ombres s’adosser à sa frêle silhouette et trouver ainsi une presque imperceptible place dans le grand livre des morts en ce monde. »
Sur Europe 1, où l’on ne pouvait pas ne pas l’inviter, BHL a aussi évoqué La Nuit, le roman qui a fait la fortune d’Elie Wiesel :
« Ce qu’il a de singulier ce livre, et qui fait qu’il faut encore le lire aujourd’hui, et qu’il garde une fraîcheur noire inentamée, c’est que c’est un livre dont on sent à chaque ligne qu’il est gagné sur le silence, qu’il est arraché au silence. On sent à chaque ligne que c’est un livre qui manque s’effondrer à chaque page, qui manque se laisser engloutir dans le trou noir de sa propre impossibilité. »
Nous tenons à rassurer ceux de nos lecteurs qui ne comprendraient pas le sens de la dernière phrase dans l’extrait ci-dessus : c’est bon signe.
L’interview en entier :