Alors que toute la presse essaye de nous faire avaler de force l’inégalité homme/femme, la véritable inégalité, si tant est que ça soit un concept, est celle de l’inné et de l’acquis, l’un dépendant de l’autre. Inné et acquis intellectuels ou matériels. On naît riche ou pauvre, effectivement ou potentiellement, on naît dans un milieu plus ou moins favorable, même s’il y a des exceptions : un individu peut jaillir d’un milieu défavorable et se construire dans l’adversité la plus totale. Ça laisse de l’espoir, non ?
L’Observatoire des inégalités vient rappeler que la seule inégalité, c’est celle qui distingue les riches des pauvres. Deux vraies espèces humaines, pour le coup. des espèces très différentes, dans leur façon de vivre, de penser, d’agir. Oui, on peut dire qu’il y a deux races sur terre au moins. Parfois, un riche glisse dans la pauvreté (par accident ou pure connerie), un pauvre se hisse dans la richesse (par le travail). Mais ces transfuges sont rares. Le pauvre doit rester pauvre, et le riche riche.
L’Observatoire des inégalités n’est pas un service public, mais nous donne chaque année une indication sur la composition riches/pauvres de notre pays. Et là, ça ne triche pas : les pauvres sont de plus en plus pauvres, et en plus, les pauvres sont de plus en plus nombreux. Les 10% les plus fortunés possèdent quasiment 50% du patrimoine, c’est-à-dire la moitié de toutes les richesses nationales. « Un actif sur quatre est en situation de mal-emploi, soit un boulot précaire ou mal payé. Et 60% des enfants d’ouvriers non qualifiés sortent du système scolaire sans diplôme, contre 9% des enfants d’enseignants. »
Pourtant, selon le même Observatoire, « notre pays demeure l’un des pays où il fait le meilleur vivre sur la planète ». C’est sûr, par rapport à l’Arabie saoudite ou l’Afghanistan… Mais attention à ce que la corde entre les deux pôles ne se tende pas trop :
« La lente diminution du niveau de vie des 10% les moins favorisés constitue un retournement historique, un marqueur de notre histoire sociale. Que les riches s’enrichissent, c’est monnaie courante ; que les pauvres s’appauvrissent, cela change la donne. Ce choc nourrit une haine envers ceux qui continuent à profiter. »
En 10 ans, soit les quinquennats de Sarkozy et Hollande, la France a « gagné » un million de pauvres. Et que font les pauvres ? Ils ne s’amusent pas, ils rament. La tête hors de l’eau, parfois dessous. Certains se battent, d’autres abandonnent. Cependant, tout n’est pas perdu. Il y a encore un moyen de corriger un environnement de naissance pas toujours rothschildien : l’auto-éducation. C’est pour cela que E&R a autant de succès. Tu es né pauvre dans un environnement pas super folichon question neurones ? Pas de souci : les bouquins sont là pour combler. Après, il faut lire. Ça permet de s’élever, pas au-dessus des autres, mais de soi-même, de ses déterminismes. On peut toujours niquer le destin. Il n’y a pas de fatalité.
Certes, la connaissance ne peut pas tout : si les loyers flambent, il faut déménager. Mais cela peut être le moyen de découvrir autre chose que la conurbation. Les très pauvres vivent aujourd’hui dans les grandes villes, où sont les emplois de service qui ne recuqièrent pas de grande formation. C’est l’attachement de l’esclave à la villa du patricien.
Cependant, grâce à l’Internet, des Français décrochent et redynamisent des villages. La redécouverte des connaissances en matière d’agriculture n’y sont pas pour rien. Le changement de vie est un moyen de briser une fatalité, ou les voies toute tracées. Changement de lieu, changement de boulot, la fameuse reconversion. On y puise une nouvelle énergie, quand on était épuisé dans la voie précédente. Attention, on n’est pas en train de faire la promo du nomadisme, on entend déjà d’ici les « bande d’attalistes ». Pas du tout. On parle juste de lutte contre l’immobilité cérébrale.
Misère étudiante : la malnutrition chez les jeunes "commence à devenir chronique" https://t.co/osSVtEOjdF pic.twitter.com/qCqX19dMV0
— franceinfo (@franceinfo) 31 mai 2017
Anne Hidalgo – qui symbolise tant d’impostures que c’est dur de les énoncer toutes – fait croire qu’elle lutte contre la pauvreté alors que le mètre carré à Paris se négocie en moyenne autour de 8 500 euros. Un couple avec 2 enfants a besoin de 4 x 14 m2 (c’est la surface moyenne par habitant dans la capitale), soit 56 m2, qui représentent 500 000€ à l’achat ou 1800€ en location (à 30€ le m2). On rappelle le salaire médian : 1 770€/mois. Hors versements sociaux.
Des villes toujours plus denses, un travail toujours plus tendu, des horaires toujours plus distendus, des doubles jobs, des fins de mois toujours plus longues, voilà ce qui guette le travailleur urbain de 2017. Mais on peut encore changer de région, de boulot (de conjoint on ne peut pas c’est pour la vie c’est signé), et agir sur ses besoins. Ceux qui se reconvertissent perdent 1 000 euros par mois ? D’accord mais ils n’ont plus besoin de leur bagnole. Hop, 300€ de gagnés par mois. Moins de stress ? Moins besoin de week-ends et de vacances, surtout chères et lointaines. Hop, 5 000€ de gagnés par an. Et cætera et cætera.
Ça s’appelle ajuster ses besoins. Moins de restos ou de surgelés, plus de marché et de produits frais. Moins de prêt-à-consommer, plus de cuisine, de fait maison. Moins de fringues. Il ne s’agit pas d’accepter la pauvreté, mais de sortir du piège consommiste libéral. Ajoutons ici que beaucoup de Français sont tout à fait heureux – rassurés serait plus juste – avec un boulot, une bagnole et une maison. Même avec un boulot pénible, du moment que ça rapporte de quoi vivre et se payer restos et vacances. On peut courir après l’argent, on peut monter des entreprises, produire de la richesse, mais tout le monde n’en a pas les moyens, l’entregent, le réseau. Après l’inégalité matérielle et intellectuelle de la naissance et de l’éducation, c’est le troisième poste d’inégalité. Le réseau permet à la fois de se protéger et de monter à l’échelle sociale. Tout le monde n’en dispose pas. On recroise en partie la dichotomie riches/pauvres.
Les sociologues ont établi que c’était finalement l’héritage qui faisait la différence entre les riches et les pauvres en France : celui qui n’hérite pas devra travailler plus et plus longtemps pour moins de confort. Il y en a qui naissent sans rien et doivent tout construire, d’autres qui viennent au monde avec la besace déjà pleine. Ce n’est pas la même vie et généralement, les différences se renforcent en cours de route.
Conclusion ?
Les vraies inégalités sont de trois ordres : matérielle, intellectuelle (ou spirituelle) et organisationnelle. Il y a une nette distinction entre riches et pauvres, entre lucides et ignorants, entre puissants et impuissants. Quand on n’est pas riche, et qu’on n’appartient pas à un des réseaux de pouvoir, alors seul l’enrichissement informationnel peut permettre de changer de statut personnel ou social. C’est la clé de tout. On ne parle évidemment pas de l’école, qui reproduit malgré elle les différences sociales habituelles, mais de l’auto-éducation.