Nouveau jugement, nouvelle condamnation. Ça ne l’empêchera pas de poster cinquante liens quotidiens sur sa page Facebook : il n’a de toutes les manières rien d’autre à faire. Ça affectera un peu le lucre de l’entreprise Soral, c’est déjà ça. Je n’y aurais pas cru il y a quelques mois mais on le sait aujourd’hui, Égalité & Réconciliation ne fait plus tellement recette et les chiffres de ses adhésions sont gonflés.
Pour moi, c’est probablement la dernière fois que j’écris sur cet individu. Pas de rapport direct avec la sentence : il se trouve que j’en ai, moi, fini avec un homme qui, il l’a prouvé, ne veut ni ne sait débattre. Contrairement à ce qu’il voulut faire croire, encore un sophisme, en jetant mon article en pâture à ses fans avec ce chapeau : « Haziza junior ne me prend pas au sérieux ! Heureusement le peuple de France, oui, et de plus en plus », je prenais alors au sérieux la menace soralienne ; sa pensée, c’était une autre histoire. Mais j’aurai essayé, oui, jusqu’à me rendre compte d’inconséquences qui la rendaient non seulement infâme mais même tout à fait grotesque.
C’est la dernière fois car au fond, Soral n’aime que les condamnations judiciaires et malgré ce qu’il prétend, je le répète, déteste débattre. J’ai eu l’amabilité d’écrire un long article, occasion rêvée pour l’« intellectuel » qu’il prétend être. Eût-il été, sinon un intellectuel, du moins un gentleman, il m’eût au moins répondu sur le fond de ce texte qui lui faisait beaucoup d’honneur. Eût-il été sinon intelligent, du moins honnête, il eût essayé, il eût reconnu les erreurs factuelles que mon article dévoilait, comme sa ridicule attribution du Talmud à Maïmonide, né plus de cinq cents ans après la rédaction finale de ce livre. Ne fût-ce d’ailleurs que par respect pour ceux qui l’écoutent et le lisent, pour tous ces gens qui croient qu’il boxe de l’esprit comme des poings. Il n’a pas daigné le faire : on lui avait mis le nez dans ses étrons, c’était trop difficile à accepter.
C’est officiel, Soral n’est bon qu’à la savate, les mots, eux, au tribunal ou dans la presse, le mettent K.O., les mots lui font peur, ceux d’autrui à tout le moins. Pas plus qu’un intellectuel, Soral n’est d’ailleurs un homme du peuple, Jean Gabin réincarné (c’est son fantasme !) : il n’a ni humilité ni gouaille, ni classe ni simplicité. Notre homme est un demi-habile, au sens où l’entend Pascal, un individu à demi éduqué dont la seule ambition est de dominer une masse qu’au fond il méprise, trop heureux de pouvoir se présenter comme le seul à l’élever.
Gabin n’aurait pas eu peur d’un article. Gabin aurait ri, et sans doute d’abord de lui-même. Physiquement, Soral n’a d’ailleurs rien du faubourien de La Grande Illusion, il ressemble plutôt à un sous-Bruce Willis, à ces Américains de plastique qu’il dit pourtant mépriser : je ne sens pas la France respirer en lui, mais le selfie et le porno cheap, le fake et le kitsch.
Les mots l’ont mis K.O., les événements aussi. L’histoire, hélas. Depuis octobre, la France a été secouée, attaquée en sa chair. Des Français ont été massacrés. Que faisait Soral ce soir-là ? Il riait. Il riait des victimes.