Retour en Australie, où depuis quelques jours d’anciens premiers ministres sont accusés d’avoir participé à un réseau pédophile. Ces accusations ne sont pas nouvelles, mais elles se précisent, dans un contexte où les scandales de pédophilie dans l’Église locale n’en finissent plus. Certaines victimes, en tout cas, ont décidé de mettre les pieds dans le plat : il est aujourd’hui question de pratiques satanistes et de contrôle mental.
L’affaire des politiciens pédophiles couvait depuis au moins deux ans. Mais la semaine dernière, on a appris qu’un sénateur a utilisé son immunité pour dénoncer (sans le citer quand-même) un ancien premier ministre comme étant pédophile.
Le sénateur Bill Heffernan [1] a aussi dénoncé la passivité de la justice, demandant que la grande enquête sur la réponse aux abus sexuels inclue aussi la justice, et il a aussi insisté sur le fait que certains politiciens ont des dossiers sur les autres et que tout ce petit monde fait pression sur les institutions.
30 ans d’impunité
Deux jours plus tard, un député réclamait une enquête sur cet ex-premier ministre pédophile. Des associations ont embrayé, faisant pression sur le gouvernement pour que cette enquête soit enfin lancée. « Le viol, la torture et le meurtre d’enfants Australiens par ceux qui se pensent au-dessus des lois est la vraie menace terroriste et réclame une action rapide et efficace », a déclaré la présidente de l’association de victimes Survivors Network of those Abused by Priests.
Heffernan a déclaré que la police avait une liste de 28 pédophiles organisés en sorte de réseau, parmi lesquels figurait cet ancien premier ministre. « Ce n’est pas le secret le problème. C’est quand un groupe tel que les 28 personnes sur cette liste partagent les secrets les uns des autres », a expliqué Heffernan. Et c’est en effet là le problème : quand ces types compilent leurs dossiers sur les autres et peuvent donc faire pression sur les autres.
Dans les années 90, on avait déjà « loupé » une enquête sur des magistrats et avocats qui fréquentaient un bordel pédophile appelé le Costellos à Kings Cross, et selon Heffernan un bon paquet d’entre eux exercent toujours leur métier.
Aujourd’hui, c’est une victime, Fiona Barnett, qui s’exprime dans les médias, et elle raconte la même chose que beaucoup de victimes de groupuscules sectaires et pédophiles : prostituée dès l’âge de 5 ans auprès de politiciens – y compris un ancien premier ministre, justement, des viols commis sur « des centaines de victimes », des tortures d’enfants et d’adultes (comme un homme attaché et tiré par deux tracteurs allant dans des directions opposées), un « cercle pédophile international très bien coordonné », avec une hiérarchie structurée, son témoignage étouffé par les autorités, une enquête étouffée, des médias silencieux...