Ces 20 dernières années – et ce n’est pas un hasard, ça correspond à l’avènement de l’Internet comme média populaire principal –, les Français ont commencé à remettre en cause le pouvoir médical, c’est-à-dire le pouvoir d’une caste sur les corps. Avant, quand on avait mal, on allait voir le médecin et on le croyait ; on gobait tout ce qu’il disait, et ce qu’il nous prescrivait, c’était parole d’Évangile.
Puis il y a eu les grands scandales sanitaires, et les Français (on reste en France pour cet article) se sont rendu compte que tout n’était pas si simple ou bienveillant dans la politique de santé nationale, qu’elle soit publique ou privée. Des Crozemarie, des Garretta, des Servier ont menti aux gens, les ont extorqués, ou les ont laissé crever pour leur profit personnel ou communautaire.
Les scandales se sont empilés dans la presse : distilbène, amiante, sang contaminé, hormone de croissance, Mediator, sida, canicule, grippe A, vache folle – et on ne parle même pas de la consommation de psychotropes qui sont de véritables drogues dures –, avec à chaque fois la même mécanique liant désinformation ou mésinformation, profit, victimes et irresponsabilité.
D’où l’importance de l’information : savoir, comprendre, c’était éviter ces pièges mortels. Mais les résistances à l’information du grand public sont nombreuses : les multinationales pharmaceutiques se gardent bien de retirer du marché un médicament qui cartonne, qui génère des centaines de millions de bénéfices, mais qui peut avoir des effets secondaires désastreux.
On sait, évidemment, que tout médicament a des effets secondaires, c’est d’ailleurs écrit sur les notices. Mais la mort est-elle un effet secondaire indésirable ? Et n’oublions pas la complicité des politiques dans la mésinformation du peuple : nos gouvernements, de ce point de vue, sont depuis des décennies corrompus jusqu’à la moelle.
Le pouvoir des médecins a donc été de plus en plus remis en cause, discuté, contrarié. Les Français ont découvert l’automédication et, surtout, la prévention. En prenant soin de leur santé, de leur alimentation, de leur corps, ils découvraient qu’ils allaient moins chez le médecin, et qu’aller chez le médecin était mauvais signe. L’édition de santé a explosé, chaque livre sur « comment guérir de » se vendait comme des petits pains, mélangeant charlatans, commerciaux et vrais penseurs.
Ce marché de la peur est aussi un marché de la connaissance, et montre l’incroyable besoin d’information des gens. L’angoisse est un gouffre que l’information tente de combler, alle n’y arrivera jamais, parce qu’on ne comprendra jamais la mort, ni la souffrance, mais on peut souffrir moins et vivre mieux grâce à la connaissance. C’est valable pour la politique comme pour la santé.
Revenons au présent : c’est à l’occasion de la crise sanitaire due au coronavirus et déclenchée par les gouvernements que le pouvoir médical a regagné un peu du terrain perdu. Les cris des infirmières et des médecins qui manquaient de tout dans les hôpitaux ont touché les Français, qui se sont sentis impuissants, mais solidaires. Le coronavirus a été l’occasion de réinstaller le pouvoir perdu des soignants (on ne confond pas le médecin du peuple et le médecin politique, ou d’en haut), et certains en ont profité.
Au lieu de donner du courage, ils ont distillé la peur, celle qui les rendait maîtres de leurs malades comme avant le bouleversement de l’Internet. Des infirmières ont craché leur désespoir dans la face des internautes, des médecins ont menacé le peuple réfractaire. C’est là où, tout en reconnaissant l’importance de leur rôle dans la société, on doit dire stop.
Nous avons isolé deux témoignages qui illustrent ce changement d’attitude, quand la colère se veut pouvoir.
D’abord, l’infirmière qui annonce qu’« on enterre nos collègues », comprendre par là que si les soignants y passent, en première ligne, alors nous serons tous touchés en deuxième ligne et que nous allons tous mourir, ou presque :
À ÉCOUTER : le gros cri de désespoir de Geneviève, infirmière et auditrice des #GGRMC : « On enterre nos collègues ! » https://t.co/JPkEEqm0u3
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) March 19, 2020
Cette explosion de colère est compréhensible mais elle ne doit pas être dirigée vers les gens, qui n’y sont pour rien. Certes, les soignants ont depuis 10 ans alerté sur l’appauvrissement de l’hôpital public, on le sait tous. Mais peu à peu, les Français, pris en otages entre les décideurs politiques et les soignants qui tenaient leur vie entre leurs mains, ont été la cible de la colère médicale. Il nous semble que cette colère remonte à plus loin que le coronavirus, elle sonne comme une revanche...
Soudain, lors du confinement, le médecin reprenait son rôle de demi-dieu, avec tout ce que cela comporte de menace et de sanction. Titre du Parisien du 9 avril 2020 : « Non-respect du confinement : le coup de gueule du chef de réanimation de l’institut Curie à Paris — En faisant son footing autour de chez lui, au Plessis-Trévise (Val-de-Marne), le Pr Gilles Dhonneur a été ulcéré par le nombre de personnes dehors. Il leur adresse 40 uppercuts. »
Des coups de poing symboliques dans la gueule des « abrutis », Pr Dhonneur n’y va pas de main morte :
La fillette asthmatique qui « se tortille pour chercher de l’air », la « puanteur liquide et corrosive » de celui qui se laisse aller, les poumons brûlés par l’oxygène, le tri des patients et l’« agonie » dans un « hosto débordé ». C’est cru, violent, mais c’est le quotidien des soignants depuis des semaines face au Covid-19. Des réalités parfois insoutenables, que le Pr Gilles Dhonneur considère comme autant d’arguments pour convaincre de rester chez soi.
Ulcéré par « tous les abrutis » déconfinés avant l’heure, le chef du département réanimation de l’institut Curie à Paris pousse un « cri du cœur ». Il publie sur sa page Facebook ce jeudi « Quarante bonnes raisons de changer d’attitude, 20 pour les tiens et 20 pour toi ». Un inventaire à la fois trash et poétique, dont le message n’est que bienveillance.
Une « bienveillance » que nous pouvons comprendre, mais pour cela, il faudrait qu’il y ait relation entre les malades qui s’entassent dans un hôpital qui n’avait pas prévu telle marée, et des Français qui veulent simplement prendre l’air et qui se pensent en bonne santé, et qui pour la plupart le sont. On a personnellement vu peu d’octogénaires obèses en train de faire du footing dans les rues depuis le 14 mars...
La médecine « répressive » revient donc en force en surfant sur la vague des morts, des 12 000 morts au 10 avril qui constituent l’armée de réserve, la force de frappe et la persuasion nucléaire de la médecine répressive officielle. Les Français en bonne santé, et il en reste, malgré les dégâts du confinement (dont les victimes ne sont pas comptabilisées), ont besoin d’information et de courage. Or, c’est tout l’inverse que l’association opportuniste médecins-gouvernants leur inflige : les infos issues de ces deux pouvoirs sont souvent contradictoires, mais s’accordent sur un objectif : la psychose.
« Nous avons eu une infirmière qui s'est tranché la gorge. Elle pensait avoir contaminé son mari, elle est hospitalisée, en état d'urgence absolue » https://t.co/xsVJOeGnXC #Société pic.twitter.com/PDsl6ZUFTD
— L'important (@Limportant_fr) April 9, 2020
On peut être lucide et optimiste
Quels sont ces médecins qui participent à la psychose, qui est le meilleur moyen de saper le moral d’un peuple, et donc son immunité ?
Si l’on est pour dire la vérité aux gens, et c’est tout notre objet sur E&R, on est aussi pour proposer des solutions intelligentes, solidaires et qui redonnent foi, pas un maintien dans la peur et l’isolement ! Avec tout le respect que l’on doit au personnel soignant (on a tous été sauvés au moins une fois par un toubib), on ne peut pas admettre de se faire traiter de la sorte par des membres d’une caste hystérique qui cherche à reprendre le pouvoir sur un peuple devenu réfractaire aux médecins à l’ancienne et aux politiques.
Si le corona a l’avantage de faire réagir les gouvernants sur la pauvreté de l’hôpital public, et encore, les 3 ou 5 milliards annoncés ne résoudront pas tout, si le personnel soignant à l’avenir est mieux traité, et on le souhaite tous, on n’acceptera pas la mainmise du Big Pharma et du pouvoir médical traditionnel sur nos têtes. De ce point de vue, il y aura aussi un avant et un après.