Depuis plusieurs années, la question de la pratique de l’islam en France est au cœur d’un débat public totalement hystérisé, avec le voile comme obsession récurrente.
Récemment, la question de l’interdiction pure et simple du port du voile dans l’espace public a même été mise en débat.
Par delà l’opportunisme et le cynisme des médias et d’une partie de la classe politique, il n’est pas contestable que l’islam et les musulmans posent problème à la République française.
Ces problèmes sont classiques, au sens où la France a déjà eu à les appréhender dans des dimensions d’ailleurs incomparablement plus difficiles et violentes à l’égard des religions traditionnelles de notre pays : catholicisme, protestantisme et judaïsme.
La loi de 1905 et le principe de laïcité ont été la réponse aux problèmes posés par l’existence des religions et de leurs fidèles au sein de la République. Cette réponse s’articule autour de deux grands axes : neutralité de l’État et coexistence pacifique.
L’équilibre trouvé il y a 100 ans vole aujourd’hui en éclat. Non par parce que l’islam serait intrinsèquement insoluble dans la laïcité (en quoi le serait-il moins que le catholicisme et le judaïsme, si l’on resitue ces religions dans une perspective historique et spirituelle ?), mais parce que sa situation de religion « nouvelle » en France l’a logiquement écarté de « la table des négociations » de l’époque. La laïcité a été pensée sans l’islam et les rapports entre islam et République n’ont en définitive jamais été pensés.
C’est à mon sens ici, qu’est le nœud du problème. Dans cet impensé, générateur de confusion, de tensions et d’incompréhensions réciproques. Je pense qu’il convient de tout remettre à plat et de trancher les questions cruciales, que sont notamment le financement des lieux de culte, la formation des imams et la visibilité des pratiques dans l’espace public. On rappellera, que si une religion, minoritaire et très contraignante, comme le judaïsme a su se fondre dans la laïcité républicaine d’un vieux pays catholique, il n’existe strictement aucune raison de penser que tel ne saurait être le cas pour l’islam et les musulmans.