Alors que globalement, la CJO (communauté juive organisée) parlait d’une seule voix, avec des objectifs clairs et des porte-parole plus ou moins officiels reconnus comme tels, voici que des signes de fractures apparaissent en son sein. Certes, il y a toujours eu des juifs de droite et des juifs de gauche, comme n’importe quels Français, mais à la tête du lobby sioniste, des voix antagonistes se font entendre. On appelle ça des conflits, et tout n’est pas toujours sous contrôle, c’est-à-dire le fait d’une ingénierie sociale. Parfois, il y a des pertes de contrôle, des nerfs qui lâchent. C’est humain, et les membres de la CJO n’y échappent pas ! La preuve en images...
Pour le commun des mortels français, la communauté juive organisée, c’est le CRIF, la LICRA, SOS Racisme (faut pas se mentir, c’est un proxy de couleur à la tête de cette association), la LDJ (qu’on n’entend plus beaucoup depuis qu’elle a choisi Marine contre Mélenchon), une bande d’avocats (Goldnadel, Jakubowicz), et des représentants médiatico-politiques invités partout et tout le temps. On pense à Enthoven Jr., Finkielkraut (qui a eu l’élégance de ne pas nous imposer sa descendance, grâce lui soit accordée), l’inévitable BHL, Haziza, mais ses turpitudes sexuelles l’ont remisé au placard communautaire de Radio J, etc., etc.
Jusqu’à présent, ceux qui s’intéressent à la politique profonde faisaient encore la différence entre hard sionism et soft sionism. Dans la première catégorie, les juifs dits de gauche, ou libéraux, comme Attali ou Minc, qui prônent le néolibéralisme avec l’immigrationnisme, puisque ça arrange le grand patronat, dont ils sont proches. De l’autre côté de la ligne politique, on trouve la tendance dure, qui est sortie des starting-blocks depuis les grands attentats de 2015-2016. On y trouve la brochette Goldnadel-Zemmour qui se distingue par son islamophobie et sa migrantophobie. Tout en étant capable de souplesse : ainsi Goldnadel est-il un « avocat sans frontières », qui défend ceux qui violent nos lois... tout en soutenant Génération identitaire.
Cette dualité chez Goldnadel, l’avocat des migrants et des anti-migrants !, se retrouve dans le conflit qui agite le couple Zemmour–Kalifat sur la question de Vichy :
@ZemmourEric : « Moi, je suis très populaire quand je vais à la synagogue. Je conseille à Monsieur Kalifat (Président du CRIF) de venir avec moi et on verra qui sera le plus populaire »
Étant dans la même synagogue que #Zemmour, pour le coup je confirme #BercoffSudRadio pic.twitter.com/wkYoMqytgI
— Jérémy Benhaïm (@JeremBenhaim) October 11, 2021
Depuis les grands attentats, il y avait donc deux tendances nettes dans la CJO. Or, depuis la séquence covidiste, on peut dire que les dés ont été re-jetés, de nouvelles lignes de fracture sont apparues. Par exemple, un Hanouna, qui devrait théoriquement relayer les versions officielles, qui correspondent à la CJOG (la communauté juive organisée de gauche), prend une direction antivax et anti-pass dérangeante pour la doxa dominante. Il réinvite le Pr Raoult, qui avait disparu des médias depuis sa relégation par le duo Hirsch-Salomon, les deux grands pontes de la santé publique (même si Salomon a démissionné à l’été 2021).
Moments de vérité sur #TPMP, merci Hanouna !
- Raoult dit que les "vaccins" covid n'empêchent ni la contamination ni d'être malades... mais ils servent peut-être à autre chose...
- Nathalie Marquay révèle que son mari Jean-Pierre Pernaut a fait 4 mini AVC après sa vaccination...— JBAragon (@aragon_jb) January 24, 2022
Je vous dis depuis le début que ce type n’est pas entièrement à jeter. https://t.co/rcOov4gJCG
— Stéphane Edouard (@HommesInfluence) January 20, 2022
On peut y voir un coup de pied indirect de Bolloré, le patron de C8, à Macron, mais cela indique qu’il n’y a pas qu’une CJO. De la même façon, après la sortie hallucinante du directeur de l’AP-HP Martin Hirsch, qui montre là qu’il n’est pas du tout « chrétien » (au sens humaniste), et rétroactivement qu’il ne l’était pas forcément « sous » l’abbé Pierre, une sortie qui lui aurait valu une violente campagne de presse outre-Manche, c’est Attali qui s’est chargé de le calmer pour éviter trop de débordements anti-Hirsch sur les réseaux sociaux :
EN DIRECT
Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, s'interroge à haute voix sur le bien-fondé du maintien des soins gratuits pour les non-vaccinéshttps://t.co/LQqZr6caia pic.twitter.com/OMaEno0mz0— BFMTV (@BFMTV) January 26, 2022
Mais il se passe quoi, la matrice est en train de bugguer ? pic.twitter.com/XFtx6uEsrU
— Dentri (@DentTri1_) January 27, 2022
Il faut sauver le soldat Hirsch ! Même fracture dans les médias en général et chez Marianne en particulier avec l’affaire Nlend, qui a vu le site de Daniel Schneidermann prendre fait et cause pour Gabriel Libert, l’enquêteur de Marianne attaqué par Caroline Fourest, qui représente la tendance dure sioniste islamophobe dans le comité de surveillance (oh, le mot est bien trouvé) de Marianne !
Suite au communiqué de la SDR de Marianne, Caroline Fourest annonce qu'elle se retire du comité de surveillance du groupe CMI et se "réserve le droit de porter plainte pour le préjudice subi" https://t.co/UucZYveGkD
— Paul Aveline (@PaulAveline) January 27, 2022
Et Anne Sinclair, théoriquement « de gauche » avec son HuffPost, de voler au secours de la « harcelée », puisque c’est comme ça qu’elle se présente, en victime de vilains journalistes :
« Le conflit qui m’oppose à Gabriel Libert relève du litige éditorial et éthique entre deux rédacteurs. Il concerne une certaine conception du journalisme : le respect des êtres et des faits », a-t-elle dans un premier temps écrit sur son blog. Et d’ajouter : « Depuis juillet 2020, je subis de la part de ce rédacteur en chef adjoint des manœuvres qui relèvent du harcèlement moral pour avoir exprimé en interne un différend à propos de ses méthodes d’enquête journalistiques ».
D’après elle, celui-ci s’est mis « à raconter l’histoire tout autrement » à ses collègues mais aussi « à contacter ses proches, pour tenter de la déstabiliser et de la décrédibiliser ». Des manœuvres qui « se sont transformées en dénonciation calomnieuse », a-t-elle dit.
La journaliste, qui « regrette que la Société des rédacteurs se soit laissée instrumentaliser » en reprenant « ses accusations à la fois gratuites, injurieuses, diffamatoires et mensongères », a ensuite annoncé qu’elle quittait le conseil de surveillance du groupe CMI (Czech Media Invest), qui possède Marianne, se réservant le « droit de porter plainte pour le préjudice subi ».
Dans le genre inversion accusatoire, on a fait mieux ! Mais on voit que toutes ces affaires ont rendu plus complexe l’approche et l’analyse de la CJO. Elle ne parle plus d’une seule voix, et en plus, elle doit faire face à des affaires délicates pour son image. Des journalistes sionistes se sont décrédibilisés (Haziza, Fourest), des people qui ne cachent pas leur engagement sioniste et leur attachement à la communauté juive se sont fait prendre la main dans le sac (Bruel, Elmaleh, Abittan), sans oublier ceux qui sont devenus fous (Enthoven Jr.), et par-dessus le marché, BFM vient mettre de l’huile sur le feu communautaire en relayant un petit sondage qui fait mal :
Je suis vraiment choqué et en colère de voir cela en 2022. pic.twitter.com/xuIabJCOyP
— Guillaume Roussel (@rousselguillau7) January 26, 2022
Tout ça en plein dans la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz ! Et on ne parle même pas du débat sur les juifs français pendant l’Occupation, Zemmour ayant introduit le doute dans la CJO. Ce qui a obligé Le Monde à réagir très vite avec une interview, pas du tout convaincante, de Paxton, et la presse mainstream à se demander quelle ligne elle devait suivre ! Du coup, ça fait désordre, surtout de la part d’une chaîne publique hyper bien-pensante... France 24 se trouve obligée de titrer :
C’est l’histoire d’une question. En 2008, l’historien Jacques Sémelin a rendez-vous avec l’ancienne déportée et ministre Simone Veil. Au cours de leur conversation, celle qui a depuis fait son entrée au Panthéon, interroge ce spécialiste des crimes de masse : « Comment se fait-il que tant de juifs ont pu survivre en France malgré le gouvernement de Vichy et les nazis ? ».
La France a en effet une particularité. L’historien Serge Klarsfeld a établi que sur près de 320 000 juifs établis en France avant 1940, environ 74 150 ont été déportés, soit un taux de survie de 75 %, l’un des plus hauts dans l’Europe nazie, alors que seuls 25 % des juifs des Pays-Bas et 45 % des juifs de Belgique ont survécu. Une exception française pourtant peu documentée.
Mais les choses se compliquent si l’on croit que Sémelin appartient au camp zemmourien :
Contrairement à ce qu’affirme, par exemple, le candidat à l’élection présidentielle Éric Zemmour, ce bilan moins lourd que dans la plupart des pays soumis aux nazis n’est pas à mettre au crédit d’une quelconque protection des juifs français par le régime de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain. « C’est n’importe quoi. On ne le trouve aucunement dans les archives. Éric Zemmour joue sur l’ignorance des gens », insiste Jacques Sémelin, qui rappelle dans son livre la propre législation antisémite de Vichy, le concours de sa police dans le cadre des arrestations et bien entendu le fait que 24 500 juifs français ont bien été déportés. (...)
La première raison de leur survie, la plus évidente, est que nombre d’entre eux ont pu rejoindre la zone non occupée et se cacher dans des lieux reculés dans une France encore très rurale. « Deux tiers des juifs de France sont partis en zone libre et se sont dispersés un peu partout », décrit-il. « Il faut aussi noter que ceux qui parlaient français et qui avaient plus d’argent s’en sortaient mieux ». Jacques Sémelin estime pourtant qu’au printemps 1944, 40 000 juifs vivaient encore à Paris, alors que ceux de Varsovie ou d’Amsterdam avaient déjà été pratiquement tous exterminés.
Même Serge Klarsfeld, pourtant à l’origine avec ses puissantes relations américaines de la soumission de Chirac (qui, s’il représentait l’État français, ne représentait pas tous les Français) le 16 juillet 1995, reconnaît :
« Dans l’Europe occupée par l’Allemagne hitlérienne, la France est le pays où les juifs ont proportionnellement subi le moins de pertes. »
Si même sur la Shoah et le cas français la CJO n’est pas d’accord... Ce n’est donc pas seulement Zemmour qui a mis le souk dans le lobby, il est juste venu exploiter des fractures qui étaient en germe. On peut penser que le sionisme de gauche à la BHL est en perte de vitesse, ce qui explique mécaniquement – la nature politique ayant horreur du vide – la montée du sionisme de droite, ou alors penser que le sionisme de droite est en train de remplacer le sionisme de gauche (par une décision supérieure), totalement démonétisé dans l’opinion française. On le voit avec les deux grands partis dits de gouvernement, qui se sont effondrés, pour laisser place aux radicalismes de droite et de gauche, qui dépassent actuellement les 50 % dans l’opinion. Et ça ne cesse de croître, parce que même le petit candidat Roussel, du PCF, se met à faire du souverainisme et du populisme !
Référendum ➡️ “Je souhaiterais faire un référendum sur l’Union européenne pour renégocier les traités et retrouver notre souveraineté démocratique en matière de politique économique” déclare Fabien Roussel. #matinspresidentiels pic.twitter.com/duq9PTmK4M
— franceinfo (@franceinfo) January 26, 2022
La remise en cause de la souveraineté européenne, soit le retour de la souveraineté nationale... Ce qui a toujours fait peur à la CJO, qui y voit un ferment d’interrogation contre son pouvoir... profond. D’où la ceinture de contention sioniste autour des grands partis, une ceinture qui est en train de craquer de toutes parts, ceux qui ont accepté de la garder serrée ayant perdu presque tout crédit politique. Voir la campagne désastreuse d’Anne Hidalgo et l’effondrement du PS, le parti socialo-sioniste français. Merci Julien, la maladie qui veut se faire passer pour le remède !