Nous sommes en janvier 2014, un an pile ou presque avant le massacre de Charlie Hebdo, le président François Hollande donne une conférence de presse. Les journalistes accrédités sont habilités à lui poser une question. Vient celle de Frédéric Haziza, de la chaîne LCP (où il aura des ennuis judiciaires pour des affaires d’agressions sexuelles répétées) et de Radio J.
La « victoire sur Dieudonné », exploit que souligne le bandeau, aura un goût amer pour un président complètement discrédité, un des pires, sinon le pire, qu’ait connu la Ve République. Un président déchu au bilan misérable qui ne se représentera même pas, sûr de ne pas passer le premier tour des élections 2017.
La caméra de l’Élysée s’attarde souvent sur le visage de son Premier ministre, Manuel Valls, qui sera celui des années de sang (2015-2016), et qui a fait de l’abattage de Soral & Dieudonné l’obsession pathologique de son mandat. L’homme du CRIF sera viré sous les sifflets, giflé en public et traité d’« assassin » à Nice deux ans plus tard, avec une cote de popularité désastreuse. On le retrouvera en Espagne, à Barcelone, d’où il sera aussi expulsé par les électeurs.
Sept ans plus tard, malgré ses ennuis sur la chaîne LCP, qui ne lui ont pas valu de campagne médiatique comme d’autres hommes de télé de plus de 50 ans en ont subie, on retrouve Frédéric Haziza qui pose sa question au président Macron, qui donne une conférence de presse à l’occasion de la présidence française de l’Union européenne, une fonction tournante entre les 27.
« Monsieur le Président, vous venez de faire allusion à l’humanisme européen, aux valeurs et à l’histoire de l’Europe. Alors dans le prolongement de ce que vous avez dit, je voudrais vous poser une question sur les valeurs de la France et de l’Europe. Éric Zemmour mène une campagne haineuse, une campagne nauséabonde, raciste, crypto-pétainiste aux relents antisémites et révisionnistes. Il met en avant une haine anti-musulmans autour de la théorie du grand remplacement, il cherche à réhabiliter Pétain, soi-disant sauveur de juifs, remet en cause le discours du Vel’ d’Hiv’, le procès Papon, le discours du Vel’ d’Hiv’ de Jacques Chirac, et même l’innocence du capitaine Dreyfus. Alors les thèmes de campagne du candidat Zemmour sont-ils conformes aux valeurs de la France, aux valeurs de la République et aux valeurs de l’Europe ? »
Cette fois-ci, l’obsession et la haine du journaliste communautaire, écarté du service public audiovisuel, se sont reportées sur l’essayiste Éric Zemmour, devenu candidat à la présidence de la République et adversaire officiel, en théorie, d’Emmanuel Macron. Car si Macron est l’adversaire de Zemmour, la réciproque n’est pas aussi évidente...
Parce que Macron a besoin de Zemmour !
C’est pourquoi Macron botte en touche : il a besoin d’une candidature Zemmour pour se faire réélire, Zemmour brisant à la fois la droite libérale et la droite nationale. Certes, pour en faire son parti, « Reconquête », mais qui n’est pas aussi structuré que LR ou le RN. Zemmour surgit dans le jeu politique en 2021 comme Macron a surgi entre la droite et la gauche en 2017 : pour une recomposition sur une base droite/gauche.
« Faire et défaire », disait le dessinateur Cabu avec ironie, « c’est toujours travailler ». Et la République, celle de la maçonnerie, s’en sort une fois de plus indemne, alors qu’elle est la raison idéologique numéro un du malheur national. Le pouvoir profond peut respirer, s’il organise une finale Zemmour/Macron. Haziza, lui, sorte de porte-parole du CRIF, joue sa tête, car il correspond au vieux logiciel sioniste, comme Julien Dray correspondait au vieux logiciel antiraciste, qui n’est plus d’actualité pour le pouvoir profond. On « risque » donc de voir Haziza rejoindre Dray dans les poubelles de l’histoire du lobby.
Pour finir, nous citerons Hugh Glass, le trappeur mi-Blanc mi-Indien de The Revenant :
« La vengeance appartient à Dieu »