Selon toute vraisemblance, et sauf retournement exceptionnel de situation (crise grave avec la Russie qui bénéficierait à John McCain), ou un « bug » des machines à voter étrangement favorable au candidat républicain, Barack Hussein Obama sera le 4 novembre prochain le nouveau président de la « première puissance mondiale ».
Faut-il s’en réjouir ? A cette question, l’écrasante majorité de la population européenne répond par l’affirmative.
Mais pourquoi un tel engouement ? Très simple : le candidat d’origine kenyane jouit de deux a priori positifs très largement usurpés.
Premièrement, Obama est Noir (métis pour être exact). Or, la vulgate antiraciste rabâchée depuis une vingtaine d’années, et qui s’est infiltrée insidieusement dans les esprits, a fini par produire ses fruits vénéneux. A savoir que pour bon nombre de Blancs culpabilisés, le Noir est ontologiquement bon et le Blanc est consubstantiellement une crapule. Vision débile et révoltante mais qui a le vent en poupe.
Pour réduire à néant ce présupposé idéologique grotesque, on se contentera de citer quelques noms en vrac : Bokassa, Mobutu, Amin Dada ou encore Paul Kagamé. Comme on peut donc très vite s’en rendre compte, une couleur de peau foncée protège de la corruption, de la folie et de la violence !…
Second poncif éculé, mais qui profite au sénateur de l’Illinois : il est Démocrate, donc conciliant et pacifique.
Les membres du parti de l’âne peuvent se satisfaire de l’indulgence des Européens à leur égard. Le Vieux Continent estime que les Démocrates ont une attitude moins hégémonique et moins belliqueuse que les Républicains… Dans ce cas, on rappellera aux amnésiques l’expédition vietnamienne définitivement lancée par Lyndon B. Johnson et les frappes contre la Serbie décidées sous Bill Clinton. Jusqu’à preuve du contraire, ces deux tristes sires n’ont jamais réglé une adhésion annuelle au Parti Républicain ! Historiquement, c’est plutôt le parti de l’éléphant qui a défendu une vision isolationniste ou non-interventionniste.
Il est évident que huit insupportables années d’administration Bush ont provoqué un irrésistible besoin de changement et d’alternance. Mais est-ce une raison pour abdiquer tout esprit critique et soutenir sans modération un homme dont les zones d’ombres sont nombreuses ? Assurément pas.
En ce sens, le discours prononcé sur la Place de la Victoire à Berlin l’été dernier relevait plus d’une séance d’hypnose collective que d’un meeting classique. Du même coup, le cri de ralliement d’Obama « Yes we can » finit plus par ressembler ce jour-là à une incantation vaudou qu’à un programme politique.
Cette séance berlinoise en dit d’ailleurs très long sur la manipulation des masses dans nos démocraties occidentales, ainsi que sur la soumission de l’Allemagne à l’Empire US, depuis la fin de la guerre. Sujétion de l’Allemagne qui donne parfois l’impression de voir cette ex-grande Nation réduite à un simple protectorat…
Mais quid des idées d’Obama ? Les observateurs les jugent « porteuses d’espoir ». Jugeons sur pièce.
Le Proche-Orient tout d’abord.
« Jérusalem devra rester la capitale d’Israël et devra demeurer indivisible. » Sentence définitive lâchée par Barack Obama devant le tout-puissant lobby pro-israélien AIPAC (American Israel public affairs committee), le 4 juin dernier, lors de sa première intervention publique, au lendemain de la fin des primaires démocrates, qu’il avait remportées, et qui faisaient de lui le futur candidat de son parti à l’élection présidentielle de novembre. Saëb Erekat, négociateur palestinien, dira d’ailleurs : « Il a fermé toutes les portes de la paix. »
Mais ce n’est pas tout. Obama, qui s’est engagé à fournir 30 milliards de dollars d’assistance militaire à Israël, a approuvé les bombardements du Liban en 2006 par l’Etat Hébreu, et a qualifié de « totalement justifié » le raid contre un site soupçonné d’abriter des « armes de destruction massives » en Syrie l’an dernier.
« Idées porteuses d’espoir », disent-ils...
Et concernant l’Iran ? « Le danger de l’Iran est grave, il est réel et mon but sera d’éliminer cette menace. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire, tout ! » On ne peut être plus clair.
Le Pakistan maintenant. Obama considère que c’est « le front central » de la guerre au terrorisme. Et il fanfaronne dans la foulée, tel un matamore : « Je n’hésiterai pas à faire usage de la force. » Pour rassurer son auditoire, il tempère tout de même son propos en ajoutant : « Mais nous devons utiliser notre armée de manière avisée ». Ouf, on respire. Qu’un candidat US puisse décocher une flèche de ce genre à l’encontre d’une puissance nucléaire n’en demeure pas moins inquiétant pour la stabilité internationale…
Et la Russie qu’en pense-t-il ?
Obama est plus mesuré sur cette question que son rival McCain et la psychopathe qui sert de colistière à ce dernier.
Dans le cas de la Russie, c’est plutôt l’entourage d’Obama qui fait craindre le pire. Obama n’a-t-il pas comme mentor l’ineffable Brzezinski, le grand apôtre de l’encerclement de la Russie (en compagnie de feu le père de la doctrine du containment, George Frost Kennan) ? N’a-t-il pas non plus comme grand ami George Soros, un homme qui entretient des liens très étroits avec Lord Malloch Brown du Foreign office britannique. Foreign office britannique, qui ne cache pas sa détestation de la Russie et s’évertue à entretenir une stratégie de la tension en promouvant des mouvements « révolutionnaires » en Europe de l’Est, mouvements connus pour leur grande hostilité au Kremlin.
Les admirateurs de Barack Obama clament aussi qu’il incarne une façon « différente » de faire de la politique. Pourtant à y regarder de plus près, c’est très loin d’être évident.
Lors de sa campagne, il a pris pour cible l’ALENA. Cet accord de libre-échange nord-américain qui a tant fait souffrir les travailleurs américains, a provoqué du chômage et entraîné des baisses de salaires dans certains secteurs de l’économie. Aussitôt, ses proches conseillers se sont empressés de rassurer le « Big Business » en garantissant qu’il ne s’agissait que d’une « rhétorique de campagne ». Il ne faudrait tout de même pas affoler les marchés et les grandes entreprises.
Et que propose-t-il, notre Obama, pour juguler la démence et l’irrationalité du capitalisme financier ? A l’instar de son adversaire républicain, il vote les 700 milliards de dollars du plan de « sauvetage » Paulson. Par conséquent, il donne son consentement au creusement du déficit (déjà abyssal), il fait endosser aux contribuables américains les erreurs des gourous de Wall Street, n’assure aucunement la refondation du système sur des bases saines, mais au contraire encourage la récidive – et surtout fait courir aux Etats-Unis le risque d’une explosion hyper-inflationniste comparable à celle qui frappa la République de Weimar.
Autre sottise avancée par les inconditionnels d’Obama : « Obama est un homme intègre et honnête ». Les groupies du bonhomme n’ont sûrement jamais entendu parler du scandale Rezko…
Très proche d’Obama, Tony Rezko, un homme d’affaires et promoteur immobilier de Chicago, surnommé « le roi des taudis » (1), a été reconnu coupable de fraude, blanchiment d’argent et de corruption. Rezko, 52 ans, fut un généreux mécène pour les politiciens républicains et démocrates de l’Illinois – dont Obama.
Obama n’est directement accusé d’aucune malversation, mais son nom est régulièrement mentionné car une partie des sommes détournées par Rezko a atterri dans les caisses de sa campagne. Gênant lorsqu’on se présente comme un modèle d’éthique et de probité.
Selon le Chicago Sun Times (juin 2007), en 1997 Obama avait écrit des lettres à des élus locaux et des Etats, les incitant à soutenir un projet de construction de logements sociaux pour retraités, géré par Rezko et son partenaire Allison Davis. Plus de 14 millions de dollars d’argent public ont été ainsi rassemblés, dont 885.000 ont été empochés par Rezko et Davis. Selon la même source, ce complexe de logements devait à l’origine être géré par un partenaire de longue date de Davis, William Moorehead. Mais celui-ci a été envoyé en prison en 2007, accusé d’avoir détourné un million de dollars sur les projets sociaux qu’il gérait, y compris ceux qu’il gérait avec Allison Davis. Le 21 décembre 2007, l’avocat général des Etats-Unis, Patrick Fitzgerald, chargé d’instruire le procès de Rezco, a accusé l’homme d’affaires d’avoir donné 10.000 dollars à un « candidat politique », provenant des dessous de table tirés du système de retraite des enseignants de l’Illinois. Le fait que Fitzgerald n’ait pas mentionné le nom de ce candidat n’a fait que redoubler les rumeurs sur la culpabilité d’Obama, car, à cette époque, Rezko faisait partie du comité de financement de la campagne d’Obama pour le Sénat des Etats-Unis.
Philippe Grangereau dans Libération écrit également ceci : « Obama, qui le connaît depuis une dizaine d’années (il avait travaillé pour Rezko comme avocat), décide en juin 2005 de lui demander conseil pour acheter une superbe demeure dans un quartier chic de Chicago.
Obama achète la propriété, d’une valeur de plus d’un million de dollars. Le même jour, Rezko acquiert le terrain adjacent, d’une valeur de 625 000 dollars. Les propriétaires de ces deux entités ont en effet mis pour condition que la vente ait lieu simultanément. A l’époque, Obama a été vu en train de visiter sa future maison en compagnie de Rezko.
Par ailleurs, quelques mois après cette vente, Rezko revend une partie de sa parcelle à Obama, qui souhaite agrandir son jardin. Le sénateur, qui s’est empressé en janvier de faire don à des organisations de charité des sommes apportées par Rezko à ses campagnes, a démenti avoir retiré le moindre avantage. Il a en même temps reconnu avoir ‘été idiot’ de s’associer à lui.
De fait, lorsqu’Obama fait appel à Rezko, en juin 2005, des articles accusant celui-ci de corruption circulent déjà dans la presse. Le promoteur est aussi l’objet d’une douzaine de plaintes de ses nombreux créanciers, et Obama ne pouvait l’ignorer. Beaucoup se demandent pourquoi Rezko a pris autant de risques pour donner un coup de main à son ami le sénateur. »
Pour faire bonne figure, Obama a donc reversé à des œuvres caritatives une partie des sommes engrangées grâce à son gentil donateur mais la rumeur de « magouilles » n’en est pas moins persistante et encombrante pour la suite de sa carrière. A tel point, que ses détracteurs avouent qu’en cas d’élection d’Obama, ils n’hésiteront pas une seconde à utiliser le « cas Rezko » pour enclencher une procédure d’impeachment à son encontre.
Mais plus grave que tout cela, c’est aussi, et surtout, sa désignation comme candidat du parti de l’âne qui restera entachée de forts soupçons d’irrégularités et de manigances. Un fait très peu évoqué dans la presse hexagonale et européenne : la campagne calomnieuse et diffamatoire qui a jalonné toute la Primaire, et dont a été victime Hillary Clinton.
Howard Dean et Nancy Pelosi, deux figures majeures du Parti Démocrate, sont les artisans de cette campagne assassine. D’aucuns y voient la résurgence du vieux clivage qui traverse le parti entre sa tendance rooseveltienne (incarnée par la sénatrice de New-York) et la faction oligarchique (dont Obama ne serait qu’une marionnette).
Hypothèse très probable et non dénuée de bon sens…
Mais le plus incroyable fut très probablement cette prise en compte partielle (et non totale) des résultats du Michigan et de la Floride, et ce pour des motifs extrêmement discutables. Clinton avait réalisé d’excellents scores dans ces deux Etats. La validation incomplète des ces deux primaires scellera sa défaite définitive à la Convention.
Pour les soutiens de Clinton, la pilule a été très dure à avaler. Parmi ses supporters, certains ont lancé le PUMA (party unity my ass) (2), faisant bien comprendre qu’ils ne voteront pas pour Obama le Jour-J, mais s’abstiendront ou iront même jusqu’à glisser un bulletin McCain dans l’urne.
Politique impérialiste à peine déguisée, mœurs politiques suspectes, conseillers dangereux, honnêteté à géométrie très variable, tricherie électorale et probablement simple homme de paille : inutile de préciser que les aficionados d’Obama risquent de très vite déchanter.
« Existe-t-il alors une lueur d’espoir quelque part ? », demanderont quelques personnes abattues par la tristesse et le chagrin.
Oui, l’Espérance est toujours là. La preuve par ce rassemblement des candidats anti-système qui a eu lieu voilà quelques semaines, et qui réunissait la très prometteuse Cynthia McKinney (Green party), l’inoxydable Ralph Nader (« indépendant et écologiste »), l’inusable Ron Paul (« libertarien ») et l’intransigeant Chuck Baldwin (Parti constitutionnaliste). Ils ont montré un autre visage des Etats-Unis. Une Amérique attachée à la Constitution, se reconnaissant dans les valeurs des Pères Fondateurs, et éloignée de toute velléité expansionniste.
Le temps travaille pour eux.
Maurice Gendre
Source : http://www.scriptoblog.com
Notes
(1) Il a fait fortune sur le dos des déshérités en construisant des logements sociaux en amassant au passage pots-de-vin et dessous de table.
(2) Comprendre : « L’unité du parti mon cul ! »
Faut-il s’en réjouir ? A cette question, l’écrasante majorité de la population européenne répond par l’affirmative.
Mais pourquoi un tel engouement ? Très simple : le candidat d’origine kenyane jouit de deux a priori positifs très largement usurpés.
Premièrement, Obama est Noir (métis pour être exact). Or, la vulgate antiraciste rabâchée depuis une vingtaine d’années, et qui s’est infiltrée insidieusement dans les esprits, a fini par produire ses fruits vénéneux. A savoir que pour bon nombre de Blancs culpabilisés, le Noir est ontologiquement bon et le Blanc est consubstantiellement une crapule. Vision débile et révoltante mais qui a le vent en poupe.
Pour réduire à néant ce présupposé idéologique grotesque, on se contentera de citer quelques noms en vrac : Bokassa, Mobutu, Amin Dada ou encore Paul Kagamé. Comme on peut donc très vite s’en rendre compte, une couleur de peau foncée protège de la corruption, de la folie et de la violence !…
Second poncif éculé, mais qui profite au sénateur de l’Illinois : il est Démocrate, donc conciliant et pacifique.
Les membres du parti de l’âne peuvent se satisfaire de l’indulgence des Européens à leur égard. Le Vieux Continent estime que les Démocrates ont une attitude moins hégémonique et moins belliqueuse que les Républicains… Dans ce cas, on rappellera aux amnésiques l’expédition vietnamienne définitivement lancée par Lyndon B. Johnson et les frappes contre la Serbie décidées sous Bill Clinton. Jusqu’à preuve du contraire, ces deux tristes sires n’ont jamais réglé une adhésion annuelle au Parti Républicain ! Historiquement, c’est plutôt le parti de l’éléphant qui a défendu une vision isolationniste ou non-interventionniste.
Il est évident que huit insupportables années d’administration Bush ont provoqué un irrésistible besoin de changement et d’alternance. Mais est-ce une raison pour abdiquer tout esprit critique et soutenir sans modération un homme dont les zones d’ombres sont nombreuses ? Assurément pas.
En ce sens, le discours prononcé sur la Place de la Victoire à Berlin l’été dernier relevait plus d’une séance d’hypnose collective que d’un meeting classique. Du même coup, le cri de ralliement d’Obama « Yes we can » finit plus par ressembler ce jour-là à une incantation vaudou qu’à un programme politique.
Cette séance berlinoise en dit d’ailleurs très long sur la manipulation des masses dans nos démocraties occidentales, ainsi que sur la soumission de l’Allemagne à l’Empire US, depuis la fin de la guerre. Sujétion de l’Allemagne qui donne parfois l’impression de voir cette ex-grande Nation réduite à un simple protectorat…
Mais quid des idées d’Obama ? Les observateurs les jugent « porteuses d’espoir ». Jugeons sur pièce.
Le Proche-Orient tout d’abord.
« Jérusalem devra rester la capitale d’Israël et devra demeurer indivisible. » Sentence définitive lâchée par Barack Obama devant le tout-puissant lobby pro-israélien AIPAC (American Israel public affairs committee), le 4 juin dernier, lors de sa première intervention publique, au lendemain de la fin des primaires démocrates, qu’il avait remportées, et qui faisaient de lui le futur candidat de son parti à l’élection présidentielle de novembre. Saëb Erekat, négociateur palestinien, dira d’ailleurs : « Il a fermé toutes les portes de la paix. »
Mais ce n’est pas tout. Obama, qui s’est engagé à fournir 30 milliards de dollars d’assistance militaire à Israël, a approuvé les bombardements du Liban en 2006 par l’Etat Hébreu, et a qualifié de « totalement justifié » le raid contre un site soupçonné d’abriter des « armes de destruction massives » en Syrie l’an dernier.
« Idées porteuses d’espoir », disent-ils...
Et concernant l’Iran ? « Le danger de l’Iran est grave, il est réel et mon but sera d’éliminer cette menace. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire, tout ! » On ne peut être plus clair.
Le Pakistan maintenant. Obama considère que c’est « le front central » de la guerre au terrorisme. Et il fanfaronne dans la foulée, tel un matamore : « Je n’hésiterai pas à faire usage de la force. » Pour rassurer son auditoire, il tempère tout de même son propos en ajoutant : « Mais nous devons utiliser notre armée de manière avisée ». Ouf, on respire. Qu’un candidat US puisse décocher une flèche de ce genre à l’encontre d’une puissance nucléaire n’en demeure pas moins inquiétant pour la stabilité internationale…
Et la Russie qu’en pense-t-il ?
Obama est plus mesuré sur cette question que son rival McCain et la psychopathe qui sert de colistière à ce dernier.
Dans le cas de la Russie, c’est plutôt l’entourage d’Obama qui fait craindre le pire. Obama n’a-t-il pas comme mentor l’ineffable Brzezinski, le grand apôtre de l’encerclement de la Russie (en compagnie de feu le père de la doctrine du containment, George Frost Kennan) ? N’a-t-il pas non plus comme grand ami George Soros, un homme qui entretient des liens très étroits avec Lord Malloch Brown du Foreign office britannique. Foreign office britannique, qui ne cache pas sa détestation de la Russie et s’évertue à entretenir une stratégie de la tension en promouvant des mouvements « révolutionnaires » en Europe de l’Est, mouvements connus pour leur grande hostilité au Kremlin.
Les admirateurs de Barack Obama clament aussi qu’il incarne une façon « différente » de faire de la politique. Pourtant à y regarder de plus près, c’est très loin d’être évident.
Lors de sa campagne, il a pris pour cible l’ALENA. Cet accord de libre-échange nord-américain qui a tant fait souffrir les travailleurs américains, a provoqué du chômage et entraîné des baisses de salaires dans certains secteurs de l’économie. Aussitôt, ses proches conseillers se sont empressés de rassurer le « Big Business » en garantissant qu’il ne s’agissait que d’une « rhétorique de campagne ». Il ne faudrait tout de même pas affoler les marchés et les grandes entreprises.
Et que propose-t-il, notre Obama, pour juguler la démence et l’irrationalité du capitalisme financier ? A l’instar de son adversaire républicain, il vote les 700 milliards de dollars du plan de « sauvetage » Paulson. Par conséquent, il donne son consentement au creusement du déficit (déjà abyssal), il fait endosser aux contribuables américains les erreurs des gourous de Wall Street, n’assure aucunement la refondation du système sur des bases saines, mais au contraire encourage la récidive – et surtout fait courir aux Etats-Unis le risque d’une explosion hyper-inflationniste comparable à celle qui frappa la République de Weimar.
Autre sottise avancée par les inconditionnels d’Obama : « Obama est un homme intègre et honnête ». Les groupies du bonhomme n’ont sûrement jamais entendu parler du scandale Rezko…
Très proche d’Obama, Tony Rezko, un homme d’affaires et promoteur immobilier de Chicago, surnommé « le roi des taudis » (1), a été reconnu coupable de fraude, blanchiment d’argent et de corruption. Rezko, 52 ans, fut un généreux mécène pour les politiciens républicains et démocrates de l’Illinois – dont Obama.
Obama n’est directement accusé d’aucune malversation, mais son nom est régulièrement mentionné car une partie des sommes détournées par Rezko a atterri dans les caisses de sa campagne. Gênant lorsqu’on se présente comme un modèle d’éthique et de probité.
Selon le Chicago Sun Times (juin 2007), en 1997 Obama avait écrit des lettres à des élus locaux et des Etats, les incitant à soutenir un projet de construction de logements sociaux pour retraités, géré par Rezko et son partenaire Allison Davis. Plus de 14 millions de dollars d’argent public ont été ainsi rassemblés, dont 885.000 ont été empochés par Rezko et Davis. Selon la même source, ce complexe de logements devait à l’origine être géré par un partenaire de longue date de Davis, William Moorehead. Mais celui-ci a été envoyé en prison en 2007, accusé d’avoir détourné un million de dollars sur les projets sociaux qu’il gérait, y compris ceux qu’il gérait avec Allison Davis. Le 21 décembre 2007, l’avocat général des Etats-Unis, Patrick Fitzgerald, chargé d’instruire le procès de Rezco, a accusé l’homme d’affaires d’avoir donné 10.000 dollars à un « candidat politique », provenant des dessous de table tirés du système de retraite des enseignants de l’Illinois. Le fait que Fitzgerald n’ait pas mentionné le nom de ce candidat n’a fait que redoubler les rumeurs sur la culpabilité d’Obama, car, à cette époque, Rezko faisait partie du comité de financement de la campagne d’Obama pour le Sénat des Etats-Unis.
Philippe Grangereau dans Libération écrit également ceci : « Obama, qui le connaît depuis une dizaine d’années (il avait travaillé pour Rezko comme avocat), décide en juin 2005 de lui demander conseil pour acheter une superbe demeure dans un quartier chic de Chicago.
Obama achète la propriété, d’une valeur de plus d’un million de dollars. Le même jour, Rezko acquiert le terrain adjacent, d’une valeur de 625 000 dollars. Les propriétaires de ces deux entités ont en effet mis pour condition que la vente ait lieu simultanément. A l’époque, Obama a été vu en train de visiter sa future maison en compagnie de Rezko.
Par ailleurs, quelques mois après cette vente, Rezko revend une partie de sa parcelle à Obama, qui souhaite agrandir son jardin. Le sénateur, qui s’est empressé en janvier de faire don à des organisations de charité des sommes apportées par Rezko à ses campagnes, a démenti avoir retiré le moindre avantage. Il a en même temps reconnu avoir ‘été idiot’ de s’associer à lui.
De fait, lorsqu’Obama fait appel à Rezko, en juin 2005, des articles accusant celui-ci de corruption circulent déjà dans la presse. Le promoteur est aussi l’objet d’une douzaine de plaintes de ses nombreux créanciers, et Obama ne pouvait l’ignorer. Beaucoup se demandent pourquoi Rezko a pris autant de risques pour donner un coup de main à son ami le sénateur. »
Pour faire bonne figure, Obama a donc reversé à des œuvres caritatives une partie des sommes engrangées grâce à son gentil donateur mais la rumeur de « magouilles » n’en est pas moins persistante et encombrante pour la suite de sa carrière. A tel point, que ses détracteurs avouent qu’en cas d’élection d’Obama, ils n’hésiteront pas une seconde à utiliser le « cas Rezko » pour enclencher une procédure d’impeachment à son encontre.
Mais plus grave que tout cela, c’est aussi, et surtout, sa désignation comme candidat du parti de l’âne qui restera entachée de forts soupçons d’irrégularités et de manigances. Un fait très peu évoqué dans la presse hexagonale et européenne : la campagne calomnieuse et diffamatoire qui a jalonné toute la Primaire, et dont a été victime Hillary Clinton.
Howard Dean et Nancy Pelosi, deux figures majeures du Parti Démocrate, sont les artisans de cette campagne assassine. D’aucuns y voient la résurgence du vieux clivage qui traverse le parti entre sa tendance rooseveltienne (incarnée par la sénatrice de New-York) et la faction oligarchique (dont Obama ne serait qu’une marionnette).
Hypothèse très probable et non dénuée de bon sens…
Mais le plus incroyable fut très probablement cette prise en compte partielle (et non totale) des résultats du Michigan et de la Floride, et ce pour des motifs extrêmement discutables. Clinton avait réalisé d’excellents scores dans ces deux Etats. La validation incomplète des ces deux primaires scellera sa défaite définitive à la Convention.
Pour les soutiens de Clinton, la pilule a été très dure à avaler. Parmi ses supporters, certains ont lancé le PUMA (party unity my ass) (2), faisant bien comprendre qu’ils ne voteront pas pour Obama le Jour-J, mais s’abstiendront ou iront même jusqu’à glisser un bulletin McCain dans l’urne.
Politique impérialiste à peine déguisée, mœurs politiques suspectes, conseillers dangereux, honnêteté à géométrie très variable, tricherie électorale et probablement simple homme de paille : inutile de préciser que les aficionados d’Obama risquent de très vite déchanter.
« Existe-t-il alors une lueur d’espoir quelque part ? », demanderont quelques personnes abattues par la tristesse et le chagrin.
Oui, l’Espérance est toujours là. La preuve par ce rassemblement des candidats anti-système qui a eu lieu voilà quelques semaines, et qui réunissait la très prometteuse Cynthia McKinney (Green party), l’inoxydable Ralph Nader (« indépendant et écologiste »), l’inusable Ron Paul (« libertarien ») et l’intransigeant Chuck Baldwin (Parti constitutionnaliste). Ils ont montré un autre visage des Etats-Unis. Une Amérique attachée à la Constitution, se reconnaissant dans les valeurs des Pères Fondateurs, et éloignée de toute velléité expansionniste.
Le temps travaille pour eux.
Maurice Gendre
Source : http://www.scriptoblog.com
Notes
(1) Il a fait fortune sur le dos des déshérités en construisant des logements sociaux en amassant au passage pots-de-vin et dessous de table.
(2) Comprendre : « L’unité du parti mon cul ! »