La presse turque a fait jeudi 11 juin de nouvelles révélations fracassantes concernant des livraisons d’armes au groupe État islamique en janvier 2014, avec l’aide des services secrets turcs. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a immédiatement dénoncé une campagne de diffamation, rappelant la position claire d’Ankara concernant l’organisation jihadiste. Pourtant, les indices d’une implication directe de la Turquie dans le conflit au nord de la Syrie se multiplient.
La semaine dernière, le journal Cumhuriyet publiait déjà les images d’une cargaison d’armes à certains groupes rebelles syriens non identifiés. Le président Erdogan affirmait alors qu’il s’agissait des brigades turkmènes Bayir-Bucak.
Cette fois, toujours images à l’appui, des chauffeurs de bus racontent, lors d’une reconstitution où ils apparaissent menottés, comment ils ont chargé des armes et des militants islamistes du camp d’Atme, non loin de Reyhanli, pour les emmener jusqu’à Akçakale, entre Kobane et Kamishlo, deux villes kurdes situées à plus de 300 kilomètres à l’est.
Cette opération, directement supervisée par les services secrets turcs, racontent ces chauffeurs, remonte à janvier 2014, à un moment où plusieurs convois de camions chargés d’armes, parfois sous couvert de l’association humanitaire IHH, sont interceptés dans la région. Des transferts qui correspondent aux préparatifs de l’assaut des forces de l’organisation État islamique contre les cantons kurdes de Kobane et Cizir, il y a tout juste un an. Ils ont certes résisté, mais M. Erdogan n’a eu de cesse de dénoncer, comme ce jeudi encore, le soutien international à ces Kurdes, qu’il appelle les terroristes du PYD-PKK.