Avec les changements climatiques tels qu’ils sont annoncés (et l’on ne tranchera pas si les activités humaines en sont ou non la cause), il sera possible d’exploiter les très importantes ressources naturelles que recèle l’Arctique. En outre, la fonte attendue des glaces permettra d’ouvrir de nouvelles routes maritimes qui réduiront significativement le temps qu’il faut pour relier l’Asie et l’Europe.
En clair, l’Arctique est une région hautement stratégique et certains pays en ont pris conscience très tôt. Comme la Russie, qui, dès 2009, a rendu publique sa stratégie pour cette région. Depuis ces dernières années, de nombreux exercices militaires y ont été organisés.
En septembre 2013, Moscou avait annoncé la réouverture d’une base dans l’archipel de Nouvelle-Sibérie, 20 ans après sa fermeture.
Un an plus tard, le général Mikhaïl Mizintsev, chef du Centre national de contrôle de la défense, révèla que la Russie envisageait la construction de 13 aérodromes, 1 polygone aérien ainsi que 10 radars et stations de guidage au sol en Arctique. Et de préciser que plusieurs sites militaires étaient déjà en chantier, notamment sur les îles Kotelny (archipel de Nouvelle-Sibérie) et Wrangel (océan Glacial arctique), la Terre d’Alexandra (archipel François-Joseph), en Nouvelle-Zemble et sur le cap Schmidt (Tchoukotka).
D’après le ministère russe de la Défense, les travaux concernant la base établie sur la Terre d’Alexandra, sur le 80e parallèle nord, sont presque terminés.
Appelée « Trèfle arctique », cette base compte un bâtiment en trois parties reliées par des couloirs couverts et disposant d’une surface totale de 14.000 mètres carrés. Il s’agit surtout d’entrepôts de nourriture et de carburant.
Ce bâtiment « permettra d’assurer un logement confortable et l’exécution du service pour un groupe de 150 personnes au cours d’un an et demi », a expliqué le ministère russe de la Défense.
On imagine cependant que les volontaires ne se bousculeront pas pour y être affectés… En tout cas, ceux qui y seront mutés devront vivre à des températures pouvant descendre jusqu’à -47°C.
L’archipel où le chantier de cette base se termine est, en temps normal, inhabité. Composé de 191 îles recouvertes de glace, il fut découvert en 1873 par une expédition privée austro-hongroise emmenée par Julius von Payer et Karl Weyprecht. D’où son nom de « François Joseph ». L’Union sovétique l’annexa en 1926 et y mena des recherches à des fins militaires.
En août, la Russie a revendiqué sa souveraineté sur 1,2 millions de km² dans l’Arctique, en s’appuyant sur des preuves scientifiques. Cette requête doit être examinée par les Nations unies dans le courant de l’année 2016.
En outre, au cours de ces derniers mois, Moscou a résolument mis l’accent sur l’Arctique, en y organisant, en mai, de vastes manœuvres militaires et en adoptant une nouvelle doctrine navale qui fait de cette région une priorité stratégique. D’où le renforcement annoncé de la Flotte russe du Nord.