L’administration américaine a donné lundi le feu vert à Royal Dutch Shell pour reprendre ses forages dans l’océan Arctique dans l’espoir d’y trouver du pétrole et du gaz. Cette campagne d’exploration était interrompue depuis trois ans et contestée par les défenseurs de l’environnement.
Le département de l’Intérieur a accordé au groupe anglo-néerlandais un permis définitif de prospection dans la mer des Tchouktches, au nord de l’Alaska.
Shell avait suspendu son programme de forages dans cette zone en 2012 après s’être heurté à de multiples difficultés imprévues, parmi lesquelles la perte de contrôle d’une énorme plateforme de laquelle 18 ouvriers avaient dû être évacués par les garde-côtes.
Les conditions particulièrement difficiles dans la mer des Tchouktches ont dissuadé d’autres compagnies pétrolières d’y prospecter.
Le feu vert de Washington n’a été donné à Shell qu’une fois terminées les réparations requises sur le Fennica, un brise-glace loué par la compagnie qui transporte des équipements de forage d’urgence.
Le bateau avait subi une déchirure dans sa coque après avoir heurté des hauts fonds non répertoriés au sud de l’Alaska, et il avait dû été envoyé dans l’Oregon afin d’être réparé.
L’incident a obligé Shell à suspendre le programme d’exploration pour lequel le département de l’Intérieur lui avait accordé un permis.
Shell avait obtenu des concessions dans la mer des Tchouktches pendant la présidence de George W. Bush, avant 2009. Depuis, le groupe a investi quelque 7 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) dans l’exploration de l’Arctique, où l’extraction éventuelle de pétrole nécessiterait au moins 10 ans de travaux.
Protestations de défenseurs de l’environnement
L’administration américaine estime que 20 % des réserves de pétrole et de gaz non répertoriées du monde se trouvent dans l’Arctique.
La détermination de Shell à réaliser des forages dans cette région alimente la colère des organisations de défense de l’environnement, qui arguent du caractère vulnérable spécifique de l’océan Arctique, notamment en raison du changement climatique.
Fin juillet, 13 militants de Greenpeace s’étaient suspendus à un pont dans l’Oregon, bloquant temporairement le retour du Fennica vers l’océan Pacifique après ses travaux de réparation.
Le président Barack Obama « doit modifier le cap fixé il y a huit ans par l’ex-président George W. Bush en matière de forages dans l’Arctique, et non le perpétuer », a déclaré lundi Michael Brune, le président du Sierra Club, une organisation de défense de l’environnement.
Le Sierra Club appelle Barack Obama à annuler les enchères prévues en 2016 et 2017 pour l’octroi de nouveaux permis pétroliers et à interdire définitivement les forages dans l’océan Arctique.
Barack Obama doit se rendre en Alaska à la fin du mois pour prononcer un discours lors d’une conférence sur l’Arctique et visiter des régions menacées par le changement climatique.
Curtis Smith, un porte-parole de Shell, a déclaré que la compagnie souhaitait « évaluer ce qui pourrait devenir une ressource énergétique nationale ».
La compagnie n’exclut pas d’achever le forage d’un puits cet été, mais elle n’a publié aucun calendrier détaillé.