Les éleveurs de porc bretons sont venus, lundi à Paris, non pour manifester mais pour discuter lors d’une table ronde organisée par le ministre de l’agriculture…
Pour tenter de sortir d’une crise qui dure depuis une semaine, Stéphane Le Foll a en effet décidé de réunir tous les acteurs de la filière porcine. Mais les deux industriels de l’abattage, Cooperl et Bigard qui sont à l’origine de la crise, n’ont pas participé à la réunion. La situation est donc au point mort. Le dialogue pourrait se faire via le gouvernement : Cooperl et Bigard annoncent vouloir parler mardi avec le ministre.
Enjeu de la controverse : le prix de la viande de cochon. Les éleveurs de cochon exigent pour leur viande un prix plancher de 1,4 euro le kilo, garantie de leur survie selon les différents syndicats et coopératives de la branche. Le gouvernement s’est rallié, par le passé, à cette position que les éleveurs avaient imposé lors de nombreuses actions de blocage. Mais les entreprises de découpe et de transformation se plaignent du manque de compétitivité de la filière porcine française.
« Depuis des semaines, nous dénonçons ce prix (ndlr : 1.40 €) déconnecté du prix européen. Les élevages français font 150 truies quand, dans les autres pays, ils ont souvent mille », a mis en évidence sur France Info le directeur délégué du syndicat national des industriels de la viande. Et de poursuivre : « On a transféré la difficulté des éleveurs aux abattoirs. Aujourd’hui, ce sont les abatteurs qui perdent de l’argent. Il y a 50 000 salariés dans l’industrie de l’abattage et découpe de viande qui, aujourd’hui, eux aussi sont mis en difficulté. » C’est pourquoi les industriels veulent un retour à un prix de marché libre, fonction de l’offre et de la demande.
La moitié des éleveurs se sentent menacés
Aussi, Cooperl et Bigard ont décidé il y a une semaine de boycotter la bourse aux cochons de Plérin (15% de la cotation de porc nationale). Dès lors, les producteurs ont multiplié les actions spectaculaires, contre les supermarchés notamment. Et la détermination ne faiblit pas. Car, selon le président de la fédération nationale des éleveurs (FNP), sans le prix plancher de 1,4 € le kilo, 10% des 10 000 éleveurs de porc français fermeraient à court terme. Et 50% à moyen terme.
La situation paraît donc bloquée. Et chacun de pointer les défauts d’un marché saturé sur le plan européen, mais régulé au plan national. La France du cochon pointe du doigt l’Allemagne qui vendrait sa viande à perte. Et rappelle encore que la filière du porc français souffre d’autant plus qu’elle respecte scrupuleusement l’embargo sur la Russie.