On ne va pas refaire ici le débat des pour et des contre, de la guerre et de la paix, Tolstoï l’a fait avant nous. Sur cette info qui vient de tomber, la 3e place mondiale des marchants d’armes, Le Monde a écrit ce qui suit :
Ces contrats exports sont importants pour la balance commerciale de la France, mais ils sont jugés surtout indispensables pour sa sécurité. « Aucun pays européen n’est capable d’entretenir la compétitivité de son industrie de défense sur son seul marché domestique », martèle Hervé Guillou, PDG de Naval Group. Autrement dit, sans les ventes à l’Égypte ou au Qatar, la France n’aurait pas les moyens de mettre à la disposition de ses forces armées les équipements les plus performants et innovants. Sauf à les acheter, selon toute vraisemblance aux États-Unis, ce qui limiterait sa souveraineté : quand la France a décidé, en 2017, d’armer des drones Reaper acquis auprès de General Dynamics, elle a dû demander l’autorisation au Congrès américain.
La concurrence est féroce dans l’industrie de guerre. Après les Américains (36 % du marché mondial) et les Russes (21 %), intouchables dans ce domaine, les Chinois pointent leur nez :
Compte tenu des commandes déjà engrangées, « les exportations françaises vont continuer à se situer à un niveau relativement haut au moins sur les cinq prochaines années », pronostique le Sipri. Et ensuite ? L’intensification de la concurrence rend la compétition de plus en plus serrée. La Chine, cinquième exportateur mondial, fournissait ses équipements à 40 pays entre 2010 et 2014 : elle en livre désormais 53.
« Je croise les industriels chinois partout dans le monde, du Pakistan à l’Afrique. La politique d’exportation d’armement de la Chine est l’une des composantes de sa stratégie d’État-puissance, relève M. Guillou. Et quand les Chinois ne sont pas là, comme en Inde et aux Philippines, ce sont nos compétiteurs russes qui prennent le relais. »
C’est un marché florissant pour la France. Selon l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri), la France est le troisième pays exportant le plus d’armes au monde. Elle représente près de 7,9 % du marché mondial (+ 72 % par rapport à la période 2010-2014), selon le classement publié lundi 9 mars.
franceinfo : Les trois premiers clients de la France en matière d’achat d’armes sont l’Égypte, le Qatar et l’Inde. Sait-on comment ces pays utilisent ces armes ?
Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements : Pour certains, oui. On a par exemple vendu du matériel à l’Égypte qui a servi notamment à la répression des manifestations de la société civile. Par rapport à l’Arabie saoudite, on sait l’implication de ces ventes dans le conflit au Yémen et les dégâts causés. Quand on augmente nos ventes d’armes, il y a des dégâts. On ne peut pas se réjouir d’un tel succès.
Est-ce qu’il existe des pays auxquels la France s’interdit de vendre des armes ?
Non, pas vraiment. Bien sûr qu’il y a un encadrement, que le gouvernement sait exactement quel type de matériel il vend. Là où l’encadrement pose problème, c’est au niveau démocratique et parlementaire. On n’a que les montants financiers qui sont dévoilés, mais on ne sait pas quels types d’armes sont vendus. Et ce n’est pas forcément les armes qui rapportent le plus en termes financiers qui causent le plus de dégâts.
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Il y a un mois, Emmanuel Macron se félicitait d’avoir contribué à la réduction du nombre de têtes nucléaires, mais à côté de ça, il y a le reste de l’arsenal français, qui continue de bien se développer...
Il faut bien sûr se féliciter de la réduction du nombre de têtes nucléaires. Mais c’est surtout le fait des États-Unis et de la Russie dans le cadre d’accords préalablement signés, et qui sont d’ailleurs actuellement remis en cause. Pour la France, ces réductions du nombre de têtes nucléaires datent des années 90. Depuis, le pays maintient non seulement son niveau d’arsenal nucléaire, mais prévoit de le renouveler entièrement dans le cadre de la loi de programmation militaire. C’est même déjà mis en œuvre. Donc finalement, la France investit toujours de manière très importante dans le domaine militaire au lieu d’investir dans d’autres domaines qui seraient plus facteurs de paix et de coopération entre les populations.
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