Pour la première fois depuis le début de la crise migratoire en 2015, la France a dépassé l’Allemagne pour devenir le « premier pays » pour les demandes d’asile en Europe, une « anomalie », a affirmé jeudi Christophe Castaner.
« On constate que la France est devenue depuis le 20 octobre le premier pays de demandeurs d’asile d’Europe, alors même que les entrées en Europe continuent de baisser. Ce qui est donc une anomalie statistique, sur laquelle nous devons travailler », a expliqué le ministre de l’Intérieur après un entretien sur la coopération migratoire avec son homologue géorgien Vakhtang Gomelauri, cité par l’AFP.
Au plus fort de la crise, nourrie par les flux créés par le conflit syrien, la France enregistrait 80 075 demandes d’asile selon les chiffres de l’OFPRA, qui attribue le statut de réfugié en France, tandis que l’Allemagne recevait quelque 890 000 demandes, soit plus de 10 fois plus.
Aujourd’hui, les deux pays « se tiennent dans un mouchoir de poche » mais le fait que la France dépasse l’Allemagne est « symbolique », confie-t-on à l’AFP place Beauvau. Selon une source au ministère de l’Intérieur, 120 900 demandes avaient été enregistrées en France au 17 novembre, contre 119 900 en Allemagne. L’an dernier encore, 184 000 personnes avaient demandé l’asile en Allemagne contre 123 000 en France.
Ce renversement drastique s’explique notamment par le fait que la France accueille « une demande de rebond », à savoir que les personnes migrantes ayant « échoué ailleurs viennent introduire une requête » dans l’Hexagone, souligne cette source.
« C’est la raison pour laquelle nous sommes engagés au niveau européen pour une réforme de l’asile et de Schengen. »
Pour renverser la tendance et faire baisser cette demande d’asile, qui devrait augmenter de « 10 à 15 % » en 2019 en France, selon une autre source au ministère de l’Intérieur, le gouvernement a proposé plusieurs mesures début novembre dans le cadre de son plan immigration.
Il proposait notamment d’accélérer le traitement des demandes d’asile, d’instaurer un délai de carence de trois mois dans l’accès à la Sécu de base pour les demandeurs d’asile ou encore de prendre des mesures d’éloignement dès le refus du dossier à l’OFPRA, sans attendre l’étude d’un éventuel recours.
L’évacuation d’un camp de migrants à Paris aurait été annulée faute de policiers disponibles
L’évacuation du camp de migrants de la porte d’Aubervilliers à Paris aurait été annulée au dernier moment à cause du manque d’effectif des forces de l’ordre prévues pour encadrer l’opération. Des associations d’aides aux migrants ont témoigné des faits.
Prévue à l’initiative de la préfecture de région, une tentative d’évacuation d’une partie des migrants de la porte d’Aubervilliers aurait échoué en raison du manque d’effectif, rapporte France Bleu. Les faits se sont produits jeudi 21 novembre au matin.
Annulation de l’évacuation « au dernier moment »
« Évacuation annulée au dernier moment », alerte le collectif Solidarité migrants Wilson sur son compte Facebook. « Les dix bus de la préfecture de région et les deux de la Ville de Paris viennent de partir à vide ! », déclarent les bénévoles.
Ces véhicules devaient prendre en charge des « centaines de personnes » évacuées, près de 500, qui vivent dans ce camp. Celui-ci, avec plus de 2000 migrants, est désormais le plus gros de Paris après l’évacuation des 1600 personnes du camp de la porte de la Chapelle début novembre.
Situation très confuse ce matin porte d'Aubervilliers. 7 bus font monter les réfugiés, mais pas de police sur place. @prefpolice @Prefet75_IDF que se passe-t-il ? @BFMParis pic.twitter.com/v1Zpfl8QEv
— Margaux Boddaert (@BoddaertMargaux) 21 novembre 2019
Un membre d’une autre association, Utopia 56, a indiqué au média qu’« il y avait une rumeur de démantèlements, sauf que l’organisation, c’était du grand n’importe quoi ».
Le manque d’effectif des policiers
D’après le bénévole, les représentants de la préfecture se sont rendus sur place, mais il n’y avait pas de fonctionnaires pour guider l’évacuation.
Selon lui, il y avait seulement « quelques policiers municipaux mais pas un vrai dispositif pour pouvoir cadrer les choses, on n’a rien compris ! ».
« Beaucoup de monde voulait monter mais les bus sont repartis à vide », témoigne-t-il.
[PARIS] Environ 700 personnes massées à Porte d'Aubervilliers dans le froid dps 5h30. Zéro communication, @prefpolice et @Anne_Hidalgo absents. Situation tendue, certains tentent de monter dans les bus. 7h : 1 bus rempli mais opération annulée... car la police ne viendra pas. pic.twitter.com/73FyOU2gFz
— Utopia 56 (@Utopia_56) 21 novembre 2019
Source : Sputniknews.com