Il y a le chaos créateur, et le chaos destructeur. Ici nous avons affaire à un chaos créateur, mais pas pour tout le monde : les voisins de Thierry Ehrmann (le punk artiste) et le maire de cette petite commune des environs de Lyon (Saint-Romain-au-Mont-d’Or) ont tout tenté pour faire raser cette création multiforme insolente et insolite, qui ressemble, en plus contemporaine, au palais du facteur (Ferdinand) Cheval.
Il y a du Archaos, ce cirque de l’âge de fer, dans la casse du Chaos. Archaos, une bande de punks sortis des années 80, proposait un spectacle de feu, de fer et de fumée. On était dans la violence de Mad Max (le 1er), dans la poésie de Royal de Luxe, et dans la tradition aussi, celle de Pinder et Roger Lanzac au micro. Ces cirques se sont aujourd’hui assagis, Archaos s’est professionnalisé, Royal est devenu une institution à Nantes, et les tournées sont mondiales, avec bases arrières en France.
L’esprit punk, l’art très brut de ceux qui n’ont pas fait les Beaux-Arts (et encore moins d’études), ne s’est pas exercé que dans la musique, ou ce qui y ressemblait (les Sex Pistols, qui ne savaient pas jouer, ont été remplacés par des musiciens de studio pour enregistrer leur seul album).
Mais l’énergie farouche faisait oublier le manque de technique, et les idées abondaient. Du chaos naît toujours quelque chose, après élimination des scories, des moins tenaces ou des moins imaginatifs.
Thierry Erhmann résiste depuis 20 ans aux assauts de la justice, mais sa Demeure est classée en œuvre d’art, ce qui la protège théoriquement de la... justice, qui ne fait qu’appliquer les règles d’urbanisme. À propos, les agrandissements de la maison de Michel Drucker à Eygalières, avec ses appuis hauts placés, n’ont pas donné lieu au même acharnement...
Tous les amoureux de Mimi-le-Gentil seront heureux d’apprendre que son permis de construire a finalement été validé par le Conseil d’État, cette haute institution de « justice » qui avait jugé que Dieudonné ne pouvait pas jouer près de Nantes en janvier 2014...
Mais ne nous fâchons pas et poursuivons notre flânerie artistique au pays des artistes partis de rien et ignorés par les marchands d’art.
Devant l’extrême médiocrité de l’art dit contemporain, beaucoup d’amateurs se réfugient dans l’art brut, que la Halle Saint-Pierre, au pied de la Butte Montmartre, exhume depuis une trentaine d’années.
C’est la Halle qui a fait découvrir au public, entre autres talents, le travail de Jephan de Villiers, un Français qui a créé un univers onirique avec des bouts de bois ramassés dans les forêts de Belgique... Le talent pur, sans bruit ni frime ! Loin d’Hanouna, Ardisson, Moix et BHL !
Les grosses merdes pondues par les trous du cul de la grande spéculation pseudo-artistique n’intéressent plus personne, ce sont les artistes occultes de la seconde division (ou de l’underground) que les Français (et les touristes du monde entier) aiment désormais découvrir. On ne parle évidemment pas ici des grands anciens, qui déplacent toujours les foules. Ça, c’est du commerce industriel des grands morts ; ce qui nous intéresse, ce sont les vivants, qui ont besoin de nous, de notre regard et de notre appréciation.
L’art c’est comme le foot finalement : la Ligue des Champions est devenue une épreuve pourrie par le fric, les magouilles et la spéculation. Bientôt un club pourra acheter un jouer à l’équipe adverse à la mi-temps, tout devient absuuurde, comme chantait Bernie de Trust, avant de devenir bien-pensant.
Rien ne vaut un petit match de 4e division ou d’Honneur régional avec des joueurs trop pauvres pour tricher mais animés de passion, le feu sacré des humains !