Le quotidien du pouvoir "Le Monde", dont Pierre Péan a dit tout le mal qu’il fallait en penser (La face cachée du Monde), s’est fendu d’un article de délation truffé d’allégations mensongères ou caricaturales, concernant ER et Dieudonné. Echaudé par cette presse de collaboration en d’autres occasions, Alain Soral avait exigé du Monde une interview écrite, tant pour lui-même que pour Marc George. Judicieuse initiative, qui va permettre à ceux qui auraient des doutes de juger sur pièce : outre l’article de l’Immonde, nous vous proposons de découvrir les interviews de Marc George et d’Alain Soral, et de juger par vous-même...
Le Monde - 24.02.09
Les étranges amitiés de Dieudonné
C’est l’histoire d’un humoriste dont les meilleurs amis d’aujourd’hui sont ses pires ennemis d’hier. D’un comique qui, il y a douze ans, s’engageait en politique, à Dreux (Eure), contre Jean-Marie Le Pen, qu’il qualifiait alors de "grand marabout borgne", et qui offre désormais son théâtre à des courants politiques plus radicaux encore que le Front national.
Jadis proche de la gauche alternative, Dieudonné, 43 ans, est devenu une sorte de caisse de résonance pour une frange composite de l’extrême droite française. Ces liaisons dangereuses, il les assume publiquement. L’occasion nous a été donnée de le constater récemment au Théâtre de la Main d’or. Ce soir-là, l’humoriste donne dans sa salle du 11e arrondissement de Paris une représentation de son spectacle J’ai fait le con. Le même show, qui, un mois auparavant, le 26 décembre 2008, avait fait scandale : Dieudonné avait invité sur la scène du Zénith de Paris le négationniste Robert Faurisson pour lui faire remettre un "Prix de l’infréquentabilité et de l’insolence" par son régisseur Jacky, vêtu d’un pyjama rayé de déporté et arborant une étoile jaune.
Ce 29 janvier, le spectacle est surtout parmi le public. Tout le gratin négationniste s’est donné rendez-vous, à l’invitation de Robert Faurisson, dont le 80e anniversaire tombait quelques jours plus tôt. Il y a là une petite famille marginalisée de militants qui nient la réalité du génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale et n’apparaissent que très rarement ensemble, compte tenu de l’hostilité qu’ils suscitent.
Un carré de places leur a été réservé au pied de la scène à la Main d’or. Le garde du corps personnel de Dieudonné veille à la sécurité de M. Faurisson. Ses voisins dans la salle sont Serge Thion et Pierre Guillaume, les principaux animateurs du site Internet négationniste Aaargh (Association des anciens amateurs de récits de guerres et d’holocaustes), domicilié à l’étranger et sous le coup d’une interdiction d’accès en France. A leurs côtés, Ginette Skandrani, ancienne militante des Verts, exclue de cette formation pour ses collaborations à l’Aaargh, et qui a fait partie du bureau de campagne de Dieudonné quand l’humoriste envisageait de se présenter à l’élection présidentielle de 2007.
Le théâtre est tout petit, 150 sièges à vue d’oeil. Des jeunes plaisantent entre eux. Ils appartiennent à cette partie du public, plutôt masculine et métissée, qui semble ignorer la dimension politique de cette soirée. Pourtant, outre les négationnistes, plusieurs courants de l’extrême droite radicale, qui ont tous en commun un antisémitisme virulent, ont leurs représentants. Il y a là Charles-Alban Schepens, l’un des dirigeants du Renouveau français, un groupuscule "catholique, nationaliste et contre-révolutionnaire", qui se réclame, entre autres, de Charles Maurras, du maréchal Pétain et des Phalanges espagnoles. On remarque aussi des membres du courant "nationaliste révolutionnaire", qui combine idéologie fasciste et anti-impérialisme, ainsi que le patron d’une boutique parisienne réputée dans les milieux skinheads.
Tous ceux-là apprécient comme autant de clins d’oeil les allusions à la Shoah et au pouvoir prêté aux juifs qui parsèment le spectacle. Comme au début de la représentation, quand une voix off demande, étrangement, avant le lever de rideau l’extinction des téléphones portables "en mémoire des victimes de la seconde guerre mondiale". Une heure et demie plus tard, quand la salle se vide, les plus militants font la queue pour serrer la main de Robert Faurisson, qui restera avec ses alter ego au théâtre pour y souper avec Dieudonné.
Pour l’humoriste et ses amis, il n’y a plus désormais ni gauche ni droite. Il y a le système - comprendre "l’axe américano-sioniste" - et les ennemis du système. D’où l’étrange attelage qui gravite autour de lui : chiites radicaux du Centre Zahra, héritiers de Maurras, quelques jeunes de banlieue et des étudiants membres de l’extrême droite musclée. Ce 29 janvier, la sécurité était assurée par des jeunes gens barbus, habillés à la manière des salafistes.
Au centre de cette galaxie, un club politique : Egalité et Réconciliation, une association créée il y a deux ans, qui a toujours évolué à la périphérie du Front national. Ses dirigeants officiels sont le polémiste Alain Soral, transfuge du Parti communiste passé à l’extrême droite, et Marc George, qui dit avoir commencé à militer au Parti socialiste dans les années 1980 avant de rejoindre le Front national après la première guerre du Golfe, puis de jouer le rôle de coordinateur de la campagne de Dieudonné avant la présidentielle de 2007. Tous deux étaient membres du comité central du FN, jusqu’à leur suspension début février.
Dieudonné s’affiche aujourd’hui comme une sorte de compagnon de route d’Egalité et Réconciliation. Cette association entend convertir au nationalisme politique les jeunes des milieux populaires, et notamment ceux issus de l’immigration. Ces jeunes sont une des composantes principales du public de Dieudonné, dont les spectacles peuvent servir de passerelle pour un engagement politique. Comme Idriss, 22 ans, qui affirme avoir "découvert les thèses d’Alain Soral" par le biais des spectacles de l’humoriste.
C’est aussi au Théâtre de la Main d’or qu’Alain Soral a tenu une conférence de presse, mercredi 4 février, en compagnie de l’humoriste, pour annoncer son départ du FN. De l’aveu même de M. Soral, Dieudonné, "qui entend faire de son théâtre un lieu de résistance culturelle", le met "gracieusement à disposition d’Egalité et Réconciliation une fois par mois, à condition que nous fassions tourner le bar".
La véritable nature d’Egalité et Réconciliation reste un mystère. La consultation de ses statuts, déposés le 21 mars 2007 au bureau des associations de la préfecture de police de Paris, fait apparaître deux personnes qui préfèrent rester très discrètes. Outre Alain Soral, sont inscrits comme membres fondateurs Jildaz Mahé O’Chinal et Philippe Peninque. A vingt ans d’écart, tous deux ont milité activement au sein de la même organisation d’extrême droite étudiante, le Groupe union défense (GUD), réputé pour sa violence. La spécificité du GUD - autrefois basé à l’université de Paris II-Assas et aujourd’hui dissous - était de rassembler des adeptes de la provocation qui faisaient leurs premières armes en politique en cassant du "gauchiste".
Jildaz Mahé O’Chinal travaille aujourd’hui dans l’entreprise de communication Riwal, avec Frédéric Chatillon, qui était, dans les années 1990, le chef du GUD. Tous les deux avaient à l’époque fondé l’association sportive du Marteau de Thor, où les étudiants d’extrême droite s’entraînaient aux sports de combat. Frédéric Chatillon est aussi un ami de Dieudonné et d’Alain Soral. A l’été 2006, ils étaient ensemble au sud du Liban et en Syrie - où M. Chatillon a de nombreux contacts haut placés.
Lors d’un dîner à son domicile, Frédéric Chatillon a voulu présenter Dieudonné à Marine Le Pen, une de ses amies : "Quand j’ai appris que c’était pour me faire rencontrer Dieudonné sans me le dire, j’étais furieuse et je n’y suis pas allée", affirme la vice-présidente du FN. Enfin, M. Chatillon était présent au Zénith le 26 décembre, quand Robert Faurisson est monté sur scène lors du spectacle de Dieudonné.
Alain Soral et Marc George nient un quelconque rôle des anciens "gudards" dans Egalité et Réconciliation, sans doute en raison de l’image sulfureuse véhiculée par le GUD. M. Soral dit avoir rencontré MM. Mahé O’Chinal et Peninque "lors d’une fête de la Saint-Patrick". Lorsqu’il a fallu constituer le bureau de l’association, "ils ont accepté par amitié de prêter leur nom, explique-t-il, sans jamais s’y être investis en aucune façon". Et d’ajouter : "Ils ont d’ailleurs été remplacés à leur demande."
Or si les statuts ont bien été modifiés en septembre 2008 pour faire entrer Marc George et Julien Limes, il n’est nulle part fait mention d’un départ de MM. O’Chinal et Peninque. Contactés par téléphone, tous deux ont refusé de répondre, sur ce point comme sur d’autres, sans toutefois nier leur présence au bureau.
La matrice idéologique d’Egalité et Réconciliation emprunte à la ligne politique du GUD, impulsée par M. Chatillon au tournant des années 1990, quand ce dernier avait imposé un positionnement violemment antisioniste au nom de la défense de l’identité. Lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens, à Paris, le 24 janvier, Alain Soral et une partie de ses troupes ont ainsi tenté de défiler aux cris de : "Sioniste, casse-toi, la France n’est pas à toi !" A cette occasion, M. Soral déclarera : "Nous, patriotes français, (...) sommes traités en Palestiniens dans notre propre pays." Et il saluera "partout, au Venezuela, en Iran, en Russie, la nouvelle résistance qui se lève contre le nouvel ordre mondial sous imperium américain". Ce jour-là, Egalité et Réconciliation était hébergée dans le cortège du tout nouveau Parti antisioniste créé par le centre chiite radical Zahra, souvent représenté au Théâtre de la Main d’or de Dieudonné et assidûment courtisé par l’extrême droite.
C’est l’histoire d’un humoriste jadis opposé au FN et qui incarne la dernière provocation en date de l’extrême droite radicale.
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L’interview écrite d’Alain Soral
• Quelle a été la genèse d’Égalité et Réconciliation ? Pouvez-vous nous expliquer son projet politique ? Que signifie la formule « gauche du travail, droite des valeurs »
Continuation politique de mes deux abécédaires qui critiquaient, il y a 7 ans déjà, les dégâts produits par le néo-libéralisme et le communautarisme sur la société française. J’ai donc créé cette petite association dont le projet est dans l’intitulé : « Pour une réconciliation nationale », soit la réaffirmation de l’intérêt général citoyen, au-dessus du pouvoir de l’argent, des communautés, et de leurs intérêts égoïstes. Vous pouvez, pour plus de détails, consulter la charte accessible sur le site sans abonnement. Quant à la formule « gauche du travail, droite des valeurs » il s’agit, là aussi, d’une volonté de réconciliation de la gauche du travail - qui s’oppose à la gauche bobo - et de la droite des valeurs - qui s’oppose à la droite d’affaires (dite aussi bling-bling), contre cette droite d’affaire et cette gauche bobo qui marchent aujourd’hui main dans la main, comme le démontre au plus haut sommet de l’État, l’union de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni ! On peut aussi parler, pour faire plus sérieux : d’union de la gauche sociale et de la droite sociétale, contre la droite sociale et la gauche sociétale dont l’union libéral-libertaire constitue notre actuel système d’oppression et de domination. Égalité & Réconciliation est donc un club de réflexion politique trans-courants dans la tradition du cercle Proudhon des Berthe et Valois, qui essayèrent, eux aussi à leur époque, de résister à cette montée des tensions qui déboucha sur la première guerre mondiale…
• MM. Mahé O’Chinal et Peninque – tous deux anciens membres du GUD - ont fondé E&R avec vous. Comment les avez-vous rencontrés ? Quel est leur rôle au sein de l’association ? Sont-ils, comme vous, des proches de Dieudonné ?
Je les ai rencontrés par Marine Le Pen, l’un étant un de ses amis d’enfance, l’autre son ancien avocat. Ayant besoin de deux autres personnes pour monter mon association - la loi exigeant pour créer une association loi de 1901 qu’on soit 3 au minimum - ils ont effectivement accepté, par amitié, de prêter leurs noms, sans s’y être jamais investis d’aucune façon. Ils ont d’ailleurs été remplacés depuis, et à leur demande, par notre secrétaire général Marc George et notre comptable… A ma connaissance, comme souvent les amis de Marine, ils ne sont pas du tout proches de Dieudonné.
• Quel est le rôle de Frédéric Chatillon avec qui vous êtes allé en compagnie de Dieudonné en Syrie et au Liban et qui était à vos côtés ainsi que M. Mahé O’Chinal lors de votre altercation avec M. Descoings au salon du livre de Sciences Po en 2006 ?
Monsieur Chatillon a pu nous permettre, grâce à ses relations d’affaires en Syrie, d’entrer au Liban, à l’époque interdit de survol par l’armée israélienne. Liban où nous voulions nous rendre, malgré le blocus, pour nous rendre compte par nous mêmes des destructions provoquées par l’armée israélienne sur les populations civiles du Liban Sud. Destructions sur lesquelles les médias français se montraient particulièrement silencieux… Quant à la façon dont j’ai connu M. Chatillon c’est tout simple, nous fréquentions la même salle de boxe municipale, et c’est d’ailleurs en tant qu’amis et boxeurs occasionnels que lui et M. Mahé m’ont accompagné au salon du livre de Science Po. Salon du livre où j’étais invité par l’association des élèves, mais où, selon M. Descoing, des menaces d’agression physique pesaient sur moi, provenant de groupuscules de l’extrême droite sioniste qui cherchaient à me punir, sans doute, pour avoir osé témoigner de ce que j’avais vu au Liban…
• Lors d’un entretien à la télévision syrienne, en compagnie de MM. Dieudonné et Meyssan, vous avez affirmé : « il y a une certaine tradition en France qui nous lie au monde arabe, et à laquelle on tourne le dos de plus en plus pour obéir à des gens qui ne sont pas vraiment nos frères. » Qu’entendiez-vous par là ?
Je fais bien évidemment référence à la tradition gaullienne, dite « de relation équilibrée au Moyen-Orient » en matière de politique étrangère. Une tradition dans l’intérêt de la France et à laquelle la diplomatie française tourne de plus en plus le dos sous la pression de plus en plus prégnante et voyante du lobby pro-israélien. Pour le reste, je ne pense pas avoir employé le terme « frère » qui n’entre pas dans mon vocabulaire, plutôt ai-je fait référence aux termes employés par le Général de Gaulle lors de sa fameuse conférence de presse de novembre 1967… À l’étranger, De Gaulle est toujours très apprécié, et citer le Général sur les questions de politique étrangère, que ce soit en Syrie, en Serbie ou ailleurs, fait toujours plus d’effet sur l’auditoire que de citer Bernard Kouchner !
• MM. Peninque et vous-même êtes proches de Marine Le Pen. Est-ce le cas d’E&R dans son ensemble et, si oui, est-ce que E&R est un des think tanks de Mme Le Pen ?
Je suis surtout proche de Jean-Marie Le Pen, dont j’ai été un temps la plume et dont je suis toujours le conseiller. Marine, Philippe et moi avons donc, pour cette raison, de nombreux échanges, toujours courtois... Quand à E&R, c’est le think tank d’Alain Soral et il n’entretient aucun lien direct avec le FN, même si les cadres les plus intelligents du FN nous reprennent parfois slogans et idées !
• Y-a-t-il des points de désaccord avec elle, et si oui, lesquels ?
Il y a en a forcément. Notamment sur ce qu’implique la résistance affichée au Nouvel Ordre Mondial. Cette résistance implique non seulement de défendre les services publiques et le contrôle des flux migratoires en politique intérieure, mais aussi d’être solidaires de la Russie de MM. Medvedev et Poutine, du Venezuela de monsieur Chavez et de la résistance palestinienne en politique étrangère… Or, je n’entends pas beaucoup Marine s’exprimer sur ces 3 points !
• Dans une de vos conférences, vous semblez redouter que le FN finisse par choisir la voie de Fini en Italie. Or, Marine Le Pen semble avoir opté pour une « normalisation » du FN. Qu’en pensez-vous ?
Tout dépend de ce qu’on entend par « normalisation ». Si c’est se débarrasser de l’extrême droite des cons et des salauds, c’est oui. Si c’est pour servir d’appoint dans la réélection de Sarkozy contre promesse de maroquin, c’est non !
• Comment sont prises les décisions sur l’orientation politique d’E&R ?
Nous avons d’abord des forums de discussions libres qui font remonter les idées à débattre vers le bureau - constitué d’une dizaine de membres – qui ensuite décide collégialement des questions à creuser et des positions à défendre… En fait ma personnalité attire un certain type d’adhérents qui expriment en retour ce qu’ils aimeraient voir dire et faire leur Président. C’est, par exemple, pour obéir à ma base que je ne peux absolument pas ne pas aller défiler pour la Palestine, et ce quels que soient les dangers courus auprès des nervis de la LCR et les réprobations de l’entourage de Marine… A E&R, c’est E&R qui décide !
• Combien de membres E&R revendique-t-elle ?
Nous avons plus de 1500 sympathisants inscrits sur le site. 800 militants selon les organisateurs, 500 selon la police ! Et ce en deux ans d’existence, ce qui est un très beau début ! Parmi eux beaucoup de diplômés, d’universitaires, de catholiques, de Français issus de l’immigration, d’ex de la gauche radicale… mais tous patriotes ! Un vrai mélange gauche du travail, droite des valeurs !
• Quelles relations E&R entretient avec des organisations d’extrême droite du type RED, Voxnr, FNJ, Identitaires ?
Nous dialoguons avec les Identitaires sans être du tout sur la même ligne, puisqu’ils sont plutôt régionalistes et ethnicistes, quand nous sommes plutôt assimilationnistes et nationalistes. Nous sommes très proches de Voxnr sur le plan géopolitique. Nous n’avons pas de relation avec le FNJ en général, dont nous ignorons d’ailleurs à ce jour la ligne politique, mais de bons rapports avec des membres du FNJ qui sont sur notre ligne : « Gauche du Travail, Droite des Valeurs »… Quant au RED, mouvement très récent je crois, ils m’ont invité à intervenir devant eux prochainement, je ne peux donc rien vous en dire pour l’instant… si ce n’est qu’ils ont annoncé qu’ils défileraient avec nous pour la Palestine.
• Et avec Les Ogres et La Banlieue S’exprime ?
Avec La Banlieue S’exprime, des relations d’amitié avec son fondateur, Amed Moualek. Quant aux Ogres, aucun lien direct en dehors de notre respect commun pour le talent de Dieudonné.
• Marc George, le nouveau secrétaire général d’E&R a été le coordinateur de la campagne de Dieudonné. Quelles sont les relations qu’E&R entretient avec Dieudonné ? Et vous même ? Etiez-vous déjà à Europalestine avec Dieudonné ?
Elles sont très bonnes merci. Je dirais de respect mutuel. Nos liens avec Dieudonné sont des liens de respect et d’amitié. Par exemple il nous prête parfois son théâtre à condition que nous fassions tourner le bar ! Quant à Europalestine, mon apport a consisté à conseiller Dieudo d’en sortir car je ne pensais pas qu’il était utile de faire passer les Français récents de banlieue, qui ont déjà tant de problèmes d’intégration, pour la 5ème colonne du Hamas ! Madame Zemmor m’en a d’ailleurs beaucoup voulu de lui avoir chipé Dieudonné ! Si la cause Palestinienne est très importante pour nous, elle ne peut en rien constituer l’unique détermination d’un mouvement politique se prétendant Français…
• Depuis plusieurs mois, E&R organise des conférences au Théâtre de la Main d’Or. Faut-il y voir la conséquence d’une proximité politique ? Si oui, quels sont vos points d’accord (antisionisme, « antisystème ») ?
Dieudonné ayant pour projet de faire de son théâtre un lieu de résistance culturelle, nous y organisons, un dimanche par mois, les « dimanches d’E&R » où nous invitons des conférenciers à nous parler de différents sujets : Nouvel ordre mondial avec Pierre Hillard, Crise économique avec Jacques Cheminade… De quoi faire monter le niveau de culture générale de nos sympathisants !
• Ces locaux sont-ils mis gracieusement à disposition ou sont-ils loués par Dieudonné ?
Comme je vous l’ai dit, mis gracieusement à notre disposition, à condition que nous fassions tourner le bar. Ce que nous faisons bien volontiers…
• Comment avez-vous réagi à l’affaire « Dieudonné-Faurisson » ?
Assez impressionné, je dois le dire, par l’audace transgressive de Dieudonné. Que Dieudonné ait réussi à faire dire à Le Pen lui même, qu’il s’était senti un peu gêné, c’est très fort ! Quant à ce Robert Faurisson, j’ai été très étonné de découvrir que c’est ce si petit et si vieux monsieur, à la voix si douce et si affable, qui concentre sur lui autant de violence et de haine.
Voilà pour vos questions, j’espère y avoir répondu de mon mieux… Bien à vous,
Alain SORAL - Président d’E&R
L’interview écrite de Marc George
Quelle a été la genèse d’Égalité et Réconciliation ? Pouvez vous nous expliquer son projet politique ?
Égalité et Réconciliation est en quelque sorte née de la demande. Beaucoup de lecteurs ou de sympathisants d’Alain Soral, qui le connaissaient par la télévision, les livres ou Internet, souhaitaient l’émergence d’une structure qui défende ses idées et son style. Le projet Égalité et Réconciliation est la lutte contre le communautarisme et l’idéologie marchande, par la réconciliation de tous les Français autour de la Nation. E&R prône un nationalisme progressiste, non ethnique, qui prenne acte des mutations de la France ces trente dernières années tout en s’opposant à la poursuite de la politique d’immigration de masse. E&R est également très attachée à l’État et défend les services publics, la souveraineté nationale pleine et entière, la transmission du patrimoine culturel Français, la défense de la ruralité, la fin de l’idéologie de la repentance et de la dictature des lobbies, la résistance à l’Empire anglo-américain et à la domination sioniste... E&R se réclame à la fois des valeurs de droite et traditionnelles telles que l’honneur, la famille, le patriarcat ou l’ordre juste et le sens moral, mais aussi de la défense du monde du travail face à l’oppression capitaliste. Pour nous, comme pour Marx, les travailleurs salariés et les entrepreneurs de PME ou commerçants et artisans appartiennent en réalité à la même classe et subissent ensemble les destructions imposées par le capitalisme mondialisé. De plus, nous pensons que l’idéologie dominante, dite des droits de l’homme, est l’alibi "moral" du capitalisme dans son entreprise de destruction de l’ensemble des structures traditionnelles, de la famille à la Nation, en passant par les enracinements culturels charnels qui composent la France. Nous rejoignons en cela Michéa et considérons que le gauchisme est l’allié objectif du sarkozisme. Bref, la gauche du travail et la droite des valeurs, contre la droite des affaires et la gauche bobo. Au plan international, E&R pense que la France doit renouer avec la tradition gaulliste des années 64/69 et prendre la tête des non-alignés qui résistent à l’Empire. De plus, nous pensons que la France doit cultiver à la fois son enracinement européen -dans une Europe des nations de Brest à Vladivostok- et sa dimension de puissance internationale dans le cadre d’une alliance francophone sur une base égalitaire, qui rompe avec le néo-colonialisme de la Françafrique, dont les peuples francophones sont tous victimes. E&R se fixe par ailleurs pour objectif de créer des passerelles entre les patriotes. C’est ainsi qu’un certain nombre de nos militants ou même de cadres, sont sympathisants ou adhérents d’organisations politiques telles que DLR, le POI, Solidarité et Progrès, le R.I.F et bien sur le FN... Nous en avons même à la LCR. D’autres sont présents dans des associations laïques ou religieuses, musulmanes, chrétiennes ou même bouddhistes. Certains sont également des militants syndicaux.
Vous n’êtes pas membre fondateur. Comment êtes-vous venu à militer dans E&R ?
Je suis membre fondateur d’E&R comme d’ailleurs d’autres camarades admirateurs d’Alain Soral. Le bureau administratif auquel vous vous référez n’a existé que pour des raisons de commodité juridiques et pratiques. Mon parcours est le suivant : Militant PS de 81 à 86, du FN de 90 (guerre du Golfe) à 95, arrêt de la politique pour raisons personnelles, soutien à l’humoriste de Dieudonné à partir de 2004 (persécutions liées à un sketch), rencontre avec Soral, engagement dans la campagne de Dieudonné sur une base en trois points (égalité des citoyens contre le communautarisme, liberté d’expression, refus de la domination de l’Empire), retour au FN après le retrait de Dieudonné, dans le sillage de Soral, création d’Égalité et Réconciliation, club politique transcourant destiné à promouvoir la spécificité de sa pensée.
Quel est le rôle de MM. Mahé O’Chinal et Peninque – tous deux anciens membres du GUD- au sein de l’association ? Vous-même etes-vous un ancien du GUD ?
Aucun rôle. Non, je viens de la gauche.
Quel est le rôle de Frédéric Châtillon avec qui Alain Soral et Dieudonné sont allés en Syrie et au Liban ?
J’étais également au Liban avec Thierry Meyssan et Ahmed Moualek de "La Banlieue s’exprime". Frédéric Châtillon travaille beaucoup avec la Syrie sur le plan professionnel et nous a aidé car l’accès au Liban était interdit par les destructions israéliennes et la fermeture de l’aéroport de Beyrouth. L’accès au Liban passait donc par Damas, où nous avons entre autres rencontré le Président Chavez.
MM. Peninque et Soral sont proches de Marine Le Pen. Est-ce le cas de E&R dans son ensemble et, si oui, est-ce que E&R est un des think tanks de Mme Le Pen ? Y-a-t-il des points de désaccord avec elle, et si oui, lesquels ?
Alain Soral est avant tout proche de Jean Marie Le Pen, avec lequel il a en commun le talent, le patriotisme et l’esprit de résistance. Au delà, il entretient des relations cordiales tant avec Marine Le Pen qu’avec Bruno Gollnisch. Les points de désaccord avec Marine Le Pen, qui sont surtout des points de désaccord avec son entourage, portent essentiellement sur le Nouvel Ordre Mondial. Il nous semble en effet difficile de le combattre tout en se refusant à s’opposer au sionisme, qui y concourt grandement. Ceci se traduit par des différences en matière de politique internationale et au plan national, sur le refus de la culture de la repentance, initiée largement par le lobby sioniste (du "Mal Français" de BHL aux lois Gayssot exigées par le CRIF), comme l’a parfaitement expliqué Eric Zemmour. L’attaque du camp de concentration de Gaza, (très majoritairement peuplé de femmes et d’enfants) par l’armée israélienne, vivement dénoncée par Soral et Le Pen, sur laquelle Marine Le Pen n’a pas cru devoir s’exprimer, et qu’une partie de l’extrême de droite a implicitement ou directement approuvée, est une illustration de ces différences.
Comment sont prises les décisions sur l’orientation politique d’E&R ? Par décisions du Président et du Bureau national, composé de 10 membres (dans lequel Mrs Peninque et Mahé ne figurent pas).
Combien de membres E&R revendique-t-elle ?
800 membres.
Quelles relations E&R entretient avec des organisations d’extreme droite du type RED, Voxnr, FNJ, Identitaires ?
E&R a de bonnes relations avec le RED (certains adhérents du RED sont membres d’E&R), avec Voxnr (convergences notamment au plan international, Christian Bouchet intervenait à notre Université d’été, certains membres et responsables du FNJ sont adhérents d’E&R. Nous débattons régulièrement avec les Identitaires même si leur ligne ethno-européiste est éloignée de la nôtre. La préoccupation identitaire est en effet aussi celle d’E&R.
Et avec Les ogres et la banlieue s’exprime ?
Nous n’avons pas de relations avec "Les Ogres", nous ne savons d’ailleurs pas qui ils sont. Nous avons des relations cordiales avec Ahmed Moualek de LBS, qui est venu avec nous au Liban et qui est un ami, indépendamment de nos divergences politiques.
Dans votre intervention à la dernière université d’été d’E&R, vous avez affirmé « que le Parti ouvrier indépendant de Gluckstein qui [vous] fournit régulièrement des militants formés ». Deux de vos militants disent avoir été à l’assemblée-débat du POI en octobre 2008. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Certains de nos militants sont adhérents ou sympathisants ou anciens du P.O.I, avec lequel nous avons des convergences, sur les questions sociales, la défense des services publics, la démocratie locale ou sur l’UE notamment, ainsi que sur les affaires internationales. Nous relayons régulièrement leurs communiqués et sommes solidaires de Mr Schivardi, scandaleusement déclaré inéligible par la commission nationale des comptes de campagne.
Vous avez été coordinateur de la campagne présidentielle de Dieudonné. Vous êtes secrétaire général d’ER. Quelles sont les relations qu’E&R entretient avec Dieudonné ? Et vous même ?
E&R soutient Dieudonné en tant qu’humoriste persécuté par le pouvoir. Nous saluons son refus de la domination de l’Empire, sa dénonciation du sionisme et du racisme en général, son attachement à la liberté d’expression, ainsi que son incroyable courage, presque aussi grand que son talent. Nous apprécions également son esprit démocratique, qui le conduit à accepter le dialogue avec tous. Nous avons de plus en commun l’idée de francophonie et l’amour de la langue Française, ainsi que le refus du communautarisme victimaire et du deux poids deux mesures. Bref, nous sommes comme lui des républicains. ¨Pour ce qui me concerne je le vois de temps en temps ce que je considère comme un privilège. J’ai de l’admiration et de la sympathie pour lui.
Depuis plusieurs mois, E&R organise des conférences au théâtre de la main d’or. Faut-il y voir la conséquence d’une proximité politique ? si oui, quels sont vos points d’accord (antisonisme, « antisystème ») ?
Je crois avoir déjà répondu ... mais il est évident que Dieudonné n’est pas un nationaliste français. Il n’est pas de notre bord, mais cela ne nous dérange pas, et lui non plus.
Ces locaux sont-ils mis gracieusement à disposition ou sont-ils loués par Dieudonné ?
Il s’agit d’un partenariat secret financé par Ben Laden et la CIA. Mais ne le répétez pas, c’est un secret...
Comment avez-vous réagi à l’affaire « Dieudonné-Faurisson » ?
Avec un mélange d’admiration et d’angoisse. Avec admiration parce que prendre la défense au nom de la liberté d’expression d’un hérétique persécuté comme l’historien révisionniste et universitaire Français Robert Faurisson, même sans approuver ses travaux, dans un pays aussi peu démocratique que la France actuelle et aussi soumis à l’inquisition, relève de l’héroïsme tant la pression est grande, tant les médias, la justice et la police sont soumis, sans parler de la violence sioniste. Avec angoisse car mon affection et mon estime pour Dieudonné me conduisent à avoir peur pour lui.
Marc George - Secrétaire général d’E&R