« L’éducation doit être considérée comme un service rendu au monde économique » Rapport de l’European Round Table de février 1995
Il n’est plus à démontrer que les politiques nationales sont sous le joug des instances européennes. Par le biais d’un appareil fourni en lois et sanctions, l’Union, le Conseil et le Parlement, entre autres, prolongent l’idéal mondialiste de peuples malléables, acculturés et castrés de toutes particularités. Pour ce faire, et afin de laisser entendre que le projet ne souffre aucune opposition, les porte-voix de cette alliance pseudo-fraternelle n’hésitent d’ailleurs pas à user de menaces, tel Sarkozy du haut de sa talonnette rageuse : « on ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, et je dis bien personne, ne pourra s’y opposer » (discours devant les ambassadeurs, février 2009). Mais, si le projet est clairement énoncé, son exécution est, très souvent, dissimulée et bien plus obscure. Le domaine de l’éducation et de la langue, éléments constitutifs de l’être au sein d’une culture qui fédère, est le terreau souvent propice aux manipulations qui conduisent ce processus de destruction identitaire. Un texte, le CECR (Cadre Européen Commun de Référence pour les langues), est, en tous points, révélateur de ces expériences de laborantins sans frontière. Cet ensemble de directives qui définit la normalisation de tout enseignement dispensé est totalement inconnu du grand public. Le texte fut rédigé par un groupe de quatre « experts » (le directeur de projet John Trim assisté de Daniel Coste, Brian North et Joseph Sheils) avant d’être approuvé par le Conseil Européen de l’Education en 2001. Sa diffusion est assurée en France par les éditions Didier depuis 2005.
La globalisation du savoir au service d’une ségrégation larvée
Le Conseil annonce la couleur sans détour puisque le CECR est répertorié dans la rubrique instruments politiques de son site internet. Fallait oser ! Mais bon, puisque personne ne le consulte, on verra là le petit satisfecit d’un webmestre aux ordres. Le propos général du Cadre est beaucoup plus préoccupant car son ambition majeure est essentiellement d’imposer un enseignement standard en Europe. Ainsi, on devrait, par exemple, apprendre l’espagnol de la même façon dans le Portugal rural qu’en banlieue chic londonienne, on prétendrait observer la même pédagogie en Sicile et Suède pour transmettre l’essentiel de la langue française ou allemande ...
Au-delà de la stupidité de cette pensée inapplicable qui nie toutes réalités sociales, économiques, géographiques ou culturelles des populations d’élèves et de leur entourage, l’objectif final est l’homogénéisation des apprentissages et connaissances de masse et cela, selon six niveaux évolutifs prédéfinis par le Cadre : A1, A2, B1, B2, C1, C2. Les deux premiers d’entre eux sont présentés comme seuils de découverte et de survie et correspondent plus ou moins, selon les objectifs définis, à « Mouloud et le Roumain vous prenez une pelle et vous creusez », le dernier, celui de compétence opérationnelle effective serait plutôt de l’ordre de « Cher ami, je vous remercie de m’avoir prêté Mouloud et le Roumain dans le cadre de l’harmonisation des besoins économiques qui régissent notre implication transversale au sein du consortium en vertu de l’application des accords qui nous unissent en ce projet ». Seuil de survie, compétence opérationnelle… ça fout les jetons !
La prétention de la réforme est donc double puisqu’elle ajoute à sa volonté de standardisation un système de ségrégation interne selon les paliers susdits. A ce titre, il était envisagé d’instaurer très tôt, dès le collège, des groupes de niveaux au sein des classes afin d’adapter les apprentissages en fonction des différentes populations. Cette optique était un véritable carcan car il était presque impossible pour un élève de se sortir de son statut de nul pendant toute sa scolarité. Les profs ont gueulé et cet aspect du processus a été abandonné pour l’instant. Il n’en reste pas moins que le cadre établit une stratification normée qui conditionne le parcours de l’apprenant, depuis le début du collège, et détermine son orientation professionnelle en amont : exemple, si t’as pas le niveau A2, t’as pas le brevet en fin de troisième, si t’as le B2 tu peux prétendre à un master européen. On retombe sur nos pattes, le tocard letton sera l’égal de la buse hongroise, le winner luxembourgeois sera le pote des fils de Wall Street. Mais quel est donc le contenu réel d’un projet à double effet ?
Le marketing du vide
Le CECR est un écrit indigeste qui enchaîne les concepts creux et montre avant tout une déconnexion totale avec la réalité de terrain. Ces rédacteurs noient le lecteur dans un discours pseudo-scientifique, rivalisent de néologismes pompeux et montrent essentiellement qu’ils n’ont jamais, ou peu, enseigné dans les niveaux scolaires sur lesquels portent leurs lumières. Un petit exemple ? D’accord, mais simple alors : « on a utilisé des méthodes qualitatives pour vérifier que les enseignants reconnaissaient les catégories descriptives choisies et que les descripteurs décrivaient bien les catégories qu’ils étaient censés décrire ». Y’en a presque deux cents pages du même acabit, autant se taper un Bourdieu, ça ira plus vite. Très éloigné de la pédagogie simple et efficace inspirée de l’expérience et du rapport privilégié que l’enseignant établit avec l’élève au fil du temps, cette rupture d’avec le réel se comprend fort bien à l’occasion des deux journées de formation dont disposent les enseignants pour appréhender cette méthode uniforme. Pendant ces journées, il est possible d’entendre de la part de formateurs grassement rétribués, des propos aussi honteux que « nous n’en savons pas plus que vous », « il est impossible de faire un cours type selon le nouveau cadre » ou « chacun fait comme il peut ». Bref, tout est cloisonné par un texte illisible, une pédagogie totalement floue, l’incompréhension de tous et l’impossibilité de s’approprier pour mieux le combattre un outil clairement sélectif que même les inspecteurs académiques, véritables VRP à la solde, ont du mal à vendre. Pendant que tout le monde se gratte la tête, il convient néanmoins de faire deux remarques.
Conditionnement empirique et absence de réflexion
La première est que ce cadre tend à détruire le contenu qualitatif d’un enseignement digne de ce nom. Le noyau de cette nouvelle pédagogie est indéniablement « la tâche » définie comme « toute visée actionnelle que l’acteur se représente comme devant parvenir à un résultat donné en fonction d’un problème à résoudre ». En cette glorieuse définition, on apprend aussi que cette tâche peut être, entre autres, de « déplacer une armoire » ou de « faire une partie de cartes ». Les exemples du bricolage, de la conduite d’un véhicule ou du montage d’un appareil sont également évoqués. Quelle ambition !
D’un point de vue général, la langue devient ainsi l’outil permettant la mise à exécution d’aptitudes ou de compétences fonctionnelles dont la portée professionnelle est évidente. Elle n’est envisagée que dans la référence à un contexte empirique où l’appréciation des savoir-faire est totalement dépouillée de toute prétention d’épanouissement intellectuel et de réflexion. Tout est réduit au simple cas de situations segmentées et pratiques visant à conditionner l’élève et à le préparer au grand huit d’une économie dérégulée. Attention, il serait erroné de vouloir appliquer l’objectif à l’unique cas de Mouloud et du Roumain. Ce serait oublier, de façon irresponsable quant à l’avenir du nouvel ordre, ceux dont la dent de lait raye déjà le parquet. Selon les indications données par le CECR, la tâche à réaliser peut, en effet, tout aussi bien consister à « présider une réunion » ou à « donner son accord sur l’achat ». Là encore, le projet supranational est clair : l’éducation est désormais au service du commerce mondialiste. Si tu veux te cultiver ou penser, cher enfant, faudra te débrouiller tout seul. On est en plein dans l’illustration du Machiavel pédagogue dans lequel Pascal Bernardin analyse très bien la perversion des changements de politiques éducatives comme facteur de réforme psychologique sous égide mondialiste.
Parallèlement, l’élève étant le centre de tout dans cet univers superficiel (on appelle ça la « centration sur l’apprenant », pff …), il apparaît comme obsolète aujourd’hui de corriger ses fautes à l’oral, de trop utiliser le tableau et le cahier, de parler grammaire ou conjugaison, d’approfondir les techniques d’explication de texte, le tout étant de ne pas lui imposer une rigidité d’adulte qui pourrait le tétaniser. N’importe quoi ! C’est exactement le contraire que demandent inconsciemment nombre d’élèves, sans rigueur méthodologique, en réaction aux carences sociales et familiales qui le déterminent. En réponse à sa demande de simplicité, rigueur et constance, le cadre répond, au niveau pédagogique, par une appréhension molle et fluctuante de la gestion des savoirs abandonnant par là même le rôle central et référent de l’autorité d’un enseignant devenu animateur. Quant aux sujets d’analyse ou d’expression en cours ou examen, ils sont progressivement remplacés par le très sollicité QCM ou d’autres types d’évaluations qui ne font en aucun cas appel à l’entendement et à l’esprit critique. Etrange, non ? La classe devient donc un lieu d’ateliers, de jeux plus ou moins libres, où on ne se cultive pas plus qu’on ne réfléchit.
L’éducation au service de l’économie transnationale
Par contre, et c’est le deuxième point, le CECR insiste avec détermination sur le lien étroit que les professeurs se doivent de tisser entre l’enseignement des langues et le monde du travail globalisé. Ainsi, au nom d’un « principe régissant l’offre et la participation », on notera dans le Cadre, des axes de travail à la référence évocatrice : « salutations de l’employé », « remerciements de l’employé », « se renseigner sur la durée du préavis », « comprendre et suivre les règles d’embauche », « communiquer de façon appropriée avec les supérieurs »... il y en a par dizaine. Soyons clairs et directs, la démarche est fallacieuse.
En effet, si le texte qui nous occupe a sans cesse recours à une justification humaniste qui tendrait à faire croire que la généralisation du plurilinguisme va dans le sens de l’épanouissement personnel et d’une lutte contre la marginalité, l’isolement et même le racisme (des bisous et encore des bisous !), la véritable intention est de situer l’apprentissage des langues comme un vecteur de plus à la flexibilité, la rentabilité et la mise en concurrence des travailleurs. Ainsi malgré le vernis ontologique, le Conseil de l’Europe peut affirmer en toute bonne conscience via la Commission des Communautés Européennes que le monde éducatif doit resserrer les liens « avec les entreprises et les employeurs plus particulièrement, afin d’améliorer la compréhension des besoins de ces derniers et accroître l’employabilité des apprenants ». Là, au moins, c’est clair. Le nouvel ordre économique ne concernerait donc plus que les nomades pauvres et rendus incultes pour plus de malléabilité mais toute personne contrainte à travailler dans le cadre d’une gouvernance sans frontière : « Dans le monde du travail, une proportion de plus en plus importante de salariés travailleront pour des multinationales ou des consortiums, que ce soit par recrutement direct ou du fait de fusions, d’acquisitions ou d’obligations contractuelles », dixit John Trim M’sieurs dames, le directeur de la rédaction du CECR ! Et une dernière pour la route : « ce phénomène n’est pas seulement européen mais mondial ». Sacré Johnny, merci pour la transition ! .
Vers une mondialisation des normes éducatives
Car il serait effectivement très réducteur d’envisager l’application du CECR dans l’unique sphère européenne des 27 pays de l’Union. Rappelons, avant tout, que le Conseil, lui, est composé de 47 états membres auxquels il faut ajouter six pays observateurs : les Etats-Unis, Israël, le Canada, le Japon, le Vatican et le Mexique. Allez donc savoir ce que les représentants de ces pays-là observent… Ainsi, l’application du cadre est tout aussi potentielle en Bosnie, Islande, Turquie ou Albanie. A ce titre, citons Eldina Nasufi de l’université de Tirana qui affirme sans ambiguïté que l’un des « évènements qui a marqué un tournant dans le processus d’enseignement / apprentissage des langues étrangères en Albanie » est « l’introduction d’exigences convenant aux relations avec le Conseil de l’Europe » (Les cahiers de l’Acedle, numéro 2, 2009). Les fameux pays observateurs ne sont pas en reste puisque le Canada est en voie d’appliquer cette réforme à son système éducatif en raison de l’avis du Comité Consultatif des Ministres de l’Education puisque, selon lui, « l’exploitation du CECR dans un contexte canadien est légitime » et que ce dernier doit occuper « une place centrale » dans l’organisation pédagogique du pays.
Voyageons maintenant jusqu’à Khartoum. Non ! Sans déconner ! Ben tiens, on va se gêner, avec le réservoir de main d’œuvre qu’il y a au Soudan ! Par le biais de ses universités et autres écoles délocalisées, l’Europe diffuse sa politique éducative et prépare aussi l’avenir mondialiste dans les recoins pauvres du monde. Madame Elbeely, enseignante à l’école française de la capitale, s’évertue à résoudre l’antagonisme évident qui existe entre les principes du texte et les impératifs de la réalité locale tout en essayant de se convaincre qu’elle peut recourir à la même pédagogie qu’un enseignant de Neuilly. Notons au passage que ses élèves, à la fois fils d’expatriés et boursiers locaux (gentil homme blanc !) ont pour manuel de référence un ouvrage intitulé Le nouveau sans frontière. Sans commentaire. Bon, on va pas se faire toute la planète, un dernier petit tour en Chine et basta.
En Chine ? Comment ça ? Par le réseau de l’Alliance Française, fondation de droit privé subventionnée en grande partie par des fonds publics. Cette fondation dispense chaque année des cours à environ 25000 étudiants, expatriés ou locaux, à travers le pays. Le lien de dépendance étroit qu’elle entretient avec l’Education Nationale, non seulement via les subventions mais également par les nombreux détachements de personnels, impose compensations. Elle annonce donc qu’elle aussi « se plie aux normes européennes » et définit le CECR comme son cadre d’apprentissage (tu m’étonnes, c’est la responsable pédagogique de l’Alliance de Paris qui a traduit en français le CECR, initialement rédigé en anglais). Nous finissons donc ce rapide voyage, si vous avez mal au cœur y’a un sac sous votre siège, par la confusion des domaines privé et public comme condition et garantie de la bonne propagation idéologique. (Pour plus de précisions, voir l’article Une nouvelle manne financière)
En prendre pour perpète
Nous avons amplement vu comment le processus est organisé pour s’étendre dans l’espace, en Europe et ailleurs, et relayer ainsi une idéologie dévoreuse de souveraineté nationale. Il faut, parallèlement, mettre en écho cette tendance avec la perspective d’une formation sans fin. Si l’expansion est territoriale, elle l’est également dans la durée ; si la main d’œuvre doit être disponible partout, elle doit aussi l’être tout le temps. Temps et lieux, la traditionnelle quoi.
Le CECR est très clair là-dessus : « En outre, une fois admis le fait que l’apprentissage d’une langue est le travail de toute une vie, le développement de la motivation, de la capacité et de la confiance à affronter une nouvelle expérience langagière hors du milieu scolaire devient primordial. » Le texte jette donc la base de la justification de l’itinérance du futur travailleur qui, pour obéir aux contraintes économiques, doit accepter une carrière et une mobilité en permanence remise en question. Si le texte officiel est explicite, ce n’est que la version édulcorée des propos de la très secrète European Rond Table qui insiste sur « la nécessité d’une formation polyvalente incitant à apprendre tout au long de la vie » car « l’éducation et la formation sont considérées comme des investissements stratégiques » et donc « chacun devrait pouvoir disposer, s’il le désire, d’une carte personnelle de compétences où seraient portées les connaissances ainsi validées » (rapport de janvier 1989). On dirait de l’Attali dans le texte ! Qui veut monter une communauté dans les Cévennes avec moi ?!!
On constate à nouveau qu’il est impossible de dissocier le propos mondialiste de la politique éducative européenne. L’éducation est devenue l’éprouvette de cette nouvelle expérience économique qui détruit les Etats-nations et réduit les populations au rang de stock disponible partout et tout le temps. On compte donc sur les ravages et modifications de repères culturels menés à bien en classe depuis le collège jusqu’à l’université pour récolter les fruits de ce conditionnement idéologique à l’heure de la professionnalisation.
Acculturation, apprentissages en contexte empirique, réformes des programmes allégés en références nationales, absence de réflexion, sensibilisation au monde sans frontière, ces éléments ne sont en fait que les déterminismes du travailleur apatride appelé à s’adapter en permanence à un marché qui n’attend de lui qu’obéissance, adaptation, exécution, mobilité, disponibilité et déracinement. Et si à 50 balais t’es trop décalé pour te former, si t’en as marre de faire là où on te dit de faire, t’as qu’à aller au Pôle-Emploi, tu finiras, dans le meilleur des cas, à la caisse du supermarché d’en bas de chez toi. Mais au fait, ce sera où chez toi ?
Pour en savoir plus
Machiavel pédagogue (Editions ND des Grâces,1995) : un ouvrage fondamental. Il est l’œuvre de Pascal Bernardin. Formé à l’Ecole de Polytechnique, il a enseigné les mathématiques en classe préparatoire. Dans ce livre, il analyse le contexte d’une révolution culturelle et éthique en faisant le lien entre les textes des différentes autorités européennes et leurs conséquences sur la formation des élèves. Son interprétation est limpide. L’objectif n’est plus l’éveil intellectuel mais la modification des valeurs, attitudes et comportements : « Cette révolution silencieuse, antidémocratique et totali¬taire, veut faire des peuples des masses ignorantes et soumises. Elle illustre de manière exemplaire la philosophie manipulatoire et dictatoriale qui sous-tend le Nouvel Ordre Mondial et les modes d’action subtils et indirects, mais d’autant plus puissants, qu’il utilise. Aussi cet ouvrage pourrait-il s’intituler Abrégé d’es¬clavagisme » (extrait de la quatrième de couverture).
Le tableau noir (Editions EPO, 1998) : œuvre de Gérard de Sélys et Nico Hirtt. Ecrivain et journaliste belge, Gérard de Sélys s’emploie à démontrer comment les organismes européens et les grands groupes financiers sont les décideurs de la privatisation de l’éducation. Les nouvelles technologies sont clairement présentées comme un vecteur de pénétration du privé dans le public. Il dévoile, par ailleurs, dans ce livre des documents confidentiels de très grand intérêt.
L’enseignement de l’ignorance (Editions Flammarion, 1999) : du très pertinent Jean-Claude Michéa, écrivain et professeur de philosophie à Montpellier. Il s’attache ici à montrer que l’individu est essentiellement considéré dans le cadre d’un contexte économique et que sa particularité intellectuelle est envisagée comme un frein à la domination des élites. Le but est donc de le soumettre via le tittytainment pensé par Brzezinski : un mélange de divertissement abrutissant et d’une quantité de nourriture suffisante pour maintenir le peuple inutile dans un état d’ignorance bienheureuse. L’auteur s’emploie également à apprécier l’influence de groupes obscurs comme le Siècle, la Fondation Gorbatchev ou l’E.R.T.