Les accusations de harcèlement et de viol à l’encontre du producteur américain Harvey Weinstein relancent le débat sur la réalité médicale de l’addiction sexuelle, que nombre de psychologues voient surtout comme un symptôme de troubles de la personnalité ou une excuse pour justifier ces agissements.
« On ne peut pas diagnostiquer une addiction sexuelle car il n’existe pas suffisamment de données cliniques indiquant qu’il s’agit d’un trouble mental », explique à l’AFP la psychologue Holly Richmond, une thérapeute sexuelle basé à Los Angeles.
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« C’est un problème de comportement, pas de sexe en tant que tel », insiste Holly Richmond qui doute de l’efficacité des traitements contre l’addiction sexuelle offerts par des centaines de cliniques aux États-Unis. Selon des estimations, les coûts varient de 10.000 à 30.000 dollars par mois.
Traitement douteux
« Si on a une accoutumance à la drogue, il faut un traitement pour aider à la supprimer mais on ne peut pas être physiologiquement dépendant de la pornographie car il n’y a pas de symptôme de manque si on cesse de regarder ces images », explique la psychologue, critiquant le fait que ces cliniques adoptent cette approche pour traiter leurs patients.
Pour le psychologue David Ley, auteur du livre Le mythe de l’addiction sexuelle, il n’existe aucune indication de l’efficacité de ces cliniques.
« Depuis quarante ans, il n’y a pas eu une seule étude clinique publiée montrant que ces traitements de l’addiction sexuelle ont un effet positif ou aident réellement les personnes à modifier leur comportement sexuel », dit-il à l’AFP.
Une étude européenne portant sur des patients dans des programmes de traitement pour addiction sexuelle, publiée il y a un an, a déterminé que 90% d’entre eux souffraient d’un trouble mental sérieux, pointe le psychologue.
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« Harvey Weinstein a eu des comportements agressifs sexuellement mais je vous garantis que dans d’autres moments de son existence il a aussi agi de manière très déplaisante, insultante et rude, bref une attitude de domination qui n’a rien à voir avec le sexe mais avec sa personnalité », poursuit-il.
« Riches, puissants et égoïstes »
« L’addiction sexuelle est un concept qui a été utilisé depuis longtemps pour justifier des comportements sexuels irresponsables d’hommes riches, puissants et égoïstes », résume David Ley, qui établit un parallèle entre Harvey Weinstein et, entre autres, Donald Trump.