Ne pouvant plus tout à fait fermer les yeux devant l’ampleur potentielle de l’affaire, les médias dominants commencent timidement à enquêter. La veille de la « disparition » du trafiquant sexuel Jeffrey Epstein, les noms des personnalités accusées de complicité se dévoilaient à la face du monde. Parmi eux, quelques citoyens français dont Jean-Luc Brunel, patron de l’agence de mannequins MC2 lancée en 2004 à New-York, Miami et Tel Aviv.
S’il y a peu de chances que les journalistes du Système osent pousser l’investigation jusqu’au bout des ramifications de l’affaire, il est toutefois possible que le scandale Epstein éclabousse certains milieux d’habitude sanctuarisés. Le monde de la mode risque par exemple d’être légèrement entaché par les liens qu’entretenait le soi-disant financier et soi-disant milliardaire juif américain avec certains pontes de cette industrie...
D’abord Leslie Wexner, patron de la marque de lingerie Victoria’s Secret et plus largement fondateur et président de la chaîne de magasins commercialisant des vêtements pour femmes The Limited. Cet homme d’affaires (juif) américain est soupçonné par la plupart des commentateurs d’être le ou l’un des mécènes d’Epstein. Il reste à ce jour le seul client non anonyme de son entreprise de gestion financière fondée en 1982 (J. Epstein & Co, qui prendra ensuite le nom de The Financial Trust Company). En 1991, Wexner engage Epstein en tant que conseiller financier. Leur collaboration durera jusqu’à ce que le scandale éclate. L’affaire devenant brûlante, Wexner a déclaré que son charismatique partenaire avait « détourné » plus de 46 millions de dollars de sa fortune personnelle. « Je suis gêné de constater que, comme tant d’autres, M. Epstein m’a trompé », a-t-il écrit dans une lettre aux administrateurs de la Fondation Wexner, fondation dont l’objectif revendiqué est « l’aide au développement de leaders professionnels et bénévoles juifs en Amérique du Nord et de leaders publics en Israël ». Wexner dirige également le nébuleux groupe Mega, un groupe de vingt milliardaires juifs américains qui financent les lobbys pro-Israël à travers le monde.
Ensuite Jean-Luc Brunel, d’abord patron de l’agence de mannequins Kirins, située à Paris, puis co-fondateur de MC2 avec Jeffrey Fuller. Jeffrey Epstein aurait investi jusqu’à deux millions de dollars dans MC2... Par goût pour la mode ? Il semblerait plutôt que l’agence fournissait des visas à des jeunes filles mineures, ce qui permettait leurs « déplacements » à travers le globe, notamment pour satisfaire les besoins d’Epstein et de ses amis.
Brunel est de plus coutumier de ce genre d’accusations : en 1995, un livre du journaliste Michael Gross intitulé Model : The Ugly Business of Beautiful Women était déjà assez explicite sur le personnage.
« Jean-Luc est considéré comme un danger. Son problème est qu’il sait exactement ce que les filles en difficulté recherchent. Il a toujours été à la pointe du système. (...) Elles sont avec Jean-Luc parce qu’il est le chef. Jean-Luc aime la drogue et le viol silencieux. C’est ce qui l’excite. (...) Il n’y a pas de justice. C’est un gars qui devrait être derrière les barreaux. Il y avait un petit groupe, Jean-Luc, Patrick Gilles et Varsano... Ils étaient très connus à Paris pour parcourir les clubs. Ils invitaient des filles et mettaient de la drogue dans leurs boissons. Tout le monde savait qu’ils étaient lugubres. »
En 2015, alors que les accusations enflent autour d’Epstein, Brunel déclare :
« Je nie fermement avoir participé, directement ou indirectement, aux actions reprochées à M. Jeffrey Epstein. Je nie fermement avoir commis un acte illicite ou un acte répréhensible au cours de mon travail en tant que responsable de la numérisation ou de la gestion d’agences modèles. »
Brunel aura beau aller jusqu’à porter plainte contre Epstein, les registres confirment qu’il lui a rendu visite à soixante-sept reprises en prison. De quoi éveiller les soupçons.
Le 12 août 2019, la secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a demandé l’ouverture d’une enquête sur le sol français.
« L’enquête américaine a mis en lumière des liens avec la France. Il nous semble ainsi fondamental, pour les victimes, qu’une enquête soit ouverte en France afin que toute la lumière soit faite. »
Un communiqué un peu trop spontané et naïf immédiatement recadré par le ministre de la Justice Nicole Belloubet :
« Les poursuites ne sont pas des décisions du gouvernement. Depuis 2013, les instructions individuelles sont prohibées, conformément au principe d’indépendance de l’autorité judiciaire. »
Brunel et son bras droit Claude Haddad seront-ils inquiétés ? Seulement si le procureur de la République décide d’ouvrir l’enquête. Mais éclaircir les liens entre pédocriminalité et monde de la mode revient à bousculer beaucoup de choses (et de gens « importants ») en France. Rappelons simplement qu’Epstein a été arrêté à l’aéroport de New York alors qu’il revenait de l’un de ses nombreux séjours à Paris et qu’il était propriétaire d’un appartement dans le 16e arrondissement...
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À revoir, cet extrait de Soral répond ! – Hiver 2017 :
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