Le cardinal Barbarin est sur la sellette depuis plusieurs semaines dans les médias subventionnés. Cette mise en cause à rebondissements finit quand même par interroger : l’extrême précision et concentration des attaques portées contre ce cardinal français a tout de l’opération de déstabilisation parfaitement concertée et orchestrée. Tôt ou tard, trop, c’est trop : cette façon de maintenir un bruit de fond médiatique pour obtenir la tête d’un ecclésiastique est une méthode de gouvernement répugnante.
Barbarin, au cœur d’un feuilleton médiatique
Rappelons d’abord la chronologie des attaques.
L’affaire commence le 12 février 2016, lorsqu’une association de victimes d’attouchements pédophiles (La Parole Libérée) met en cause la passivité de Barbarin dans ce dossier antérieur à son arrivée à l’archevêché. Il lui est reproché de ne pas avoir dénoncé des faits imputables au père Preynat entre 1986 et 1991, soit plus de dix ans avant sa nomination à Lyon.
Le 4 mars 2016, un dominicain (qui ne dépend donc pas de l’autorité hiérarchique de Barbarin) installé dans le Rhône est à son tour mis en examen pour des faits de pédophilie.
Le 11 mars 2016, deux nouvelles plaintes dans le cadre du dossier Preynat sont déposées et rendues publiques.
Le 15 mars 2016, Manuel Valls appelle à la démission de l’archevêque, qui se place sous l’autorité du pape. Le même jour, on apprend, de façon floue, qu’un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur a porté plainte en février contre Barbarin pour non-dénonciation de faits liés à la pédophilie. Le prêtre auteur des faits est Jérôme Billioud.
Le 16 mars 2016, Le Parisien reproche à Barbarin d’avoir accordé une promotion à un prêtre condamné pour des faits d’attouchements sexuels dans le diocèse de Rodez.
Le 30 mars 2016, la police judiciaire mène une perquisition à l’archevêché de Lyon.
Le 31 mars 2016, la justice réactive une enquête pour pédophilie sur un autre prêtre du diocèse, accusé d’exhibitionnisme et d’attouchements.
Le 1er avril 2016, la rumeur médiatique est nourrie par l’annonce d’une nouvelle plainte, dont plus personne ne sait si elle diffère ou non de la plainte déposée par le haut fonctionnaire du ministère.
Cette petite chronologie montre que, depuis le mois de février, le cardinal Barbarin est soumis à une véritable pression judiciaire et médiatique, dont l’une entretient l’autre d’ailleurs…
Le gouvernement à l’origine de la pression
En dehors des plaintes déposées par les militants de l’association La Parole Libérée, la presse subventionnée évite de faire remarquer que le dossier judiciaire est quasi-vide. En revanche, les multiples actes de procédure ordonnés par le pouvoir ou par ses proches permettent de donner l’illusion d’une montagne de plaintes à répétition contre le cardinal. À y regarder de près, aucun des faits évoqués dans les dossiers ne s’est produit avec la complicité de Barbarin. Le reproche fait à l’intéressé se limite simplement à n’avoir pas suffisamment condamné des faits antérieurs à son arrivée.
Cela ne signifie bien entendu pas que l’attitude de l’Église est exemplaire dans ce dossier. Simplement, la nature des reproches adressés à Barbarin ne justifie pas la pression qui est mise sur lui ni l’entretien d’un feuilleton quasi-quotidien dans certains médias.
À ce titre, la complaisance des journaux subventionnés dans le Barbarin bashing devient de plus en plus suspecte.
L’interminable plainte déposée par un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur
L’exemple de la plainte déposée par « Pierre » le montre abondamment. Ce haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, qui est aussi, rappelons-le, le ministère des Cultes, décide d’attaquer Barbarin quelques jours après la campagne lancée par l’association La Parole Libérée. Si l’État était impartial dans cette affaire, il ferait le choix de différer les procédures pour éviter toute interférence entre son rôle de « tutelle » et son rôle d’accusateur. Dans le dossier Barbarin, c’est le contraire qui se produit. Chaque semaine, l’information est en effet réutilisée comme si elle était nouvelle.
Ainsi, le 15 mars, elle est révélée par Le Figaro, qui assure que la plainte avait déjà été déposée en 2009 (et classée sans suite) et vise le prêtre Jérome Billioud.
Il affirme qu’à 16 ans, il a été victime des attouchements d’un prêtre lyonnais. À 42 ans aujourd’hui, il occupe un poste de premier plan dans un ministère. Avec calme et émotion, il raconte comment il a été abusé par le père Jérôme Billioud, de l’ensemble paroissial La Croix Rousse. Le prêtre est notamment connu pour avoir célébré une messe le 21 janvier 2011 pour la mort de Louis XVI avec l’Action française. Pierre soutient que le cardinal Barbarin « n’a rien fait pour éloigner ce prêtre des autres enfants ».
Un fonctionnaire qui occupe un poste de premier plan dans un ministère (mais on ne dit pas lequel…), victime d’un curé royaliste protégé par Barbarin : comment ne pas bondir de son fauteuil à cette annonce.
La même affaire est présentée le même jour un peu différemment sur le site de France 24 : « Ce sont des points très troubles de la vie d’un prêtre mais qui n’ont plus rien à voir avec de la pédophilie », a jugé l’archevêque de Lyon, d’après lequel les actes ont été commis sur un jeune âgé de 16 puis 19 ans au moment des faits, dans les années 1990. (…)
« Une plainte est déposée contre moi pour incitation au suicide par un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. De quoi s’agit-il ? Qui ai-je incité au suicide ? C’est inimaginable, cette affaire-là », s’est insurgé Mgr Barbarin (…).
Là encore, on s’étonnera que le jour même où Manuel Valls appelle Barbarin à démissionner, un haut fonctionnaire du ministère annonce une plainte contre le même Barbarin pour incitation au suicide. Dans la pratique, les faits sont les suivants :
Pierre explique avoir été victime d’attouchements lorsqu’il avait 16 ans au début des années 90. Les faits se seraient déroulés à l’hôtel Miramar de Biarritz au retour d’un pèlerinage à Lourdes. Il accuse le père Jérôme Billioud, alors prêtre de l’ensemble paroissial La Croix-Rousse.
En 2009, sur les conseils d’un médecin, il dit avoir rencontré le cardinal Barbarin. « Le cardinal m’a dit qu’il était parfaitement au courant et que ce prêtre avait déjà eu maille à partir avec la justice (pour une exhibition en pleine rue ndlr) et qu’il reconnaissait les faits me concernant. Le cardinal m’a demandé pardon au nom du prêtre »
Ainsi, le haut fonctionnaire (anonyme) du ministère de l’Intérieur aurait eu des pulsions suicidaires à cause de Barbarin à qui il s’est confié en 2009 sur des faits d’attouchements remontant à 1990. Et comme par hasard, c’est le jour où l’ancien ministre de l’Intérieur devenu Premier Ministre demande la démission du cardinal que la plainte est révélée…
L’intérêt de l’information est qu’à partir du 15 mars, le prêtre Jérôme Billioud est aussi accusé d’exhibitionnisme par la presse (reprenant des propos prêtés à Barbarin). Un patchwork commence alors à être fabriqué, dont on ne sait plus sur quoi il repose.
Ainsi, le 1er avril, le prêtre David G., qui officie dans le 2è arrondissement, semble, selon M6, accusé d’exhibitionnisme. Mais l’affaire est très floue et ressemble à l’histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours.
Ce dernier avait déjà été ciblé par une enquête il y a plusieurs années mais celle-ci avait été classée sans suite. De nouveaux témoignages seraient parvenus à la justice, selon nos informations. Selon une source proche du dossier, les faits d’agressions mis en cause concernent « une fille », dont l’âge n’a pas été précisé. Il s’agirait d’une adolescente, selon une autre source.
Ces plaintes sont révélées le vendredi 1er avril, alors que le mercredi 30 mars, la presse a confirmé l’information déjà donnée sur le Pierre, le haut fonctionnaire :
Les ennuis judiciaires s’accumulent pour Mgr Philippe Barbarin. Selon nos informations, l’archevêque de Lyon est désormais visé par cinq plaintes pour « non dénonciation » d’agressions sexuelles et « mise en danger de la vie d’autrui ».
La dernière a été formellement déposée mardi à la sûreté départementale de Lyon par Pierre, cadre dans un ministère. Il reproche au Primat des Gaules d’avoir maintenu en fonction un prêtre, Jérôme Billioud, qui aurait abusé de lui au début des années 1990 alors qu’il était adolescent, puis jeune majeur. Il a expliqué avoir alerté Mgr Barbarin en 2009. Le curé n’a été suspendu qu’il y a deux semaines. Pierre avait signalé l’absence de réaction de l’archevêque au parquet, par un courrier au procureur, en février dernier. Mais ce n’est que mardi qu’il a formellement déposé plainte contre le prélat dans le cadre de son audition.
Voilà comment une seule plainte et une rumeur permettent de nourrir trois semaines de feuilleton judiciaire contre un homme dont l’opinion publique entend parler artificiellement. La plainte du haut fonctionnaire annoncée comme effective le 15 mars est finalement déposée le 30 mars et permet de repasser les plats, agrémentées de « nouveaux témoignages » sur un prêtre qui s’en serait pris cette fois à une jeune fille. Mais on n’en sait pas beaucoup plus. De toutes ces fumées, une chose est sûre : elles doivent bien cacher un feu.
Barbarin, l’homme à abattre
L’ensemble de ces affaires est évidemment traité avec un leitmotiv : Barbarin est un homme à abattre, et d’ailleurs personne n’aime ce personnage conservateur, limite intégriste. Un article de Libération concentre en quelques lignes toutes les bonnes raisons d’envoyer l’archevêque de Lyon aux oubliettes. J’en cite ici le meilleur :
« Le prélat s’accroche en tout cas à son siège comme une bernique à son rocher. Et il y met les moyens. Pour sa gestion de crise, Barbarin, homme de "coups" et de com’, s’est offert les services de l’influent Guillaume Didier, du réputé cabinet Vae Solis. Le montant des émoluments est gardé secret. (…)
Judiciairement, le temps joue pour Barbarin, un évêque de la génération Jean Paul II, très "wojtylien" dans la forme comme dans le fond : faux moderne et vrai réac. (…) Pour lui, l’enjeu est de conserver, contre vents et marées, son siège épiscopal de Lyon, l’un des plus prestigieux de France. (…) De là, le cardinal lyonnais a pu mener ses virulents combats contre ce que Jean Paul II appelait en son temps la "culture de mort". Ces dix dernières années, on l’a vu en tête des défilés contre l’avortement, l’euthanasie et, bien sûr, le mariage pour tous. Quitte à agacer parfois, même ses collègues évêques.
L’été dernier, le prélat est ainsi intervenu dans l’affaire Vincent Lambert, en diffusant une lettre qu’il avait fait signer aux évêques de sa région. Barbarin se rangeait du côté des parents – des intégristes catholiques, violemment opposés à tout arrêt des traitements. (…)
"Ses positions extrémistes sur le mariage pour tous avaient également mécontenté de larges franges du catholicisme français", soutient Christian Terras, le fondateur et patron de Golias, le journal contestataire catholique, installé à Lyon. "Barbarin est très arc-bouté sur ses certitudes et ne supporte pas les critiques. Pour lui, seule l’Église est dépositaire de sens et de transcendance. Il est pratiquement le seul évêque à avoir relayé à l’époque le thème de la laïcité positive de Nicolas Sarkozy", poursuit Terras. De fait, Barbarin a une vision politique à l’ancienne, d’ancien régime presque, une sorte d’alliance du trône et de l’autel où l’Église est la gardienne des vraies valeurs. (...) »