Alors comme ça Monseigneur Barbarin, cardinal et primat des gaules, serait pédophile ? Eh bien dites donc ! Ah non, il ne le serait pas lui-même mais couvrirait les agissements de ceux des ecclésiastiques qui le sont ? Mais c’est encore plus grave ! Et comment sait-on tout ça ? Tout le monde le dit, il suffit de lire les journaux et d’écouter la radio. Dans ce cas…
Avant d’examiner le fond de cette affaire, c’est-à-dire les faits, tels qu’on peut les connaître, leur dimension juridique et judiciaire puisqu’à nouveau la justice est saisie pour servir un combat politique, jetons au préalable un regard sur l’opération qui a déclenché la grêle. Sous laquelle se trouve aujourd’hui l’église catholique en général, et l’évêque de Lyon en particulier.
Un lynchage médiatico-judiciaire en grand
Nous assistons depuis quelques jours à un lynchage médiatico-judiciaire en grand comme la presse et les réseaux en raffolent. Et cette fois-ci, tout le monde s’y met, car quand il s’agit de bouffer du curé rares sont ceux qui manquent à l’appel. Les cathos se défendant comme des manches, c’est d’autant plus facile. Acteurs importants du processus de sacralisation des victimes, revendiquant la pratique de la miséricorde, la présentation de la joue gauche quand on leur frappe la droite, et accordant à la prière des vertus auxquelles ils sont les seuls à croire, ils constituent une cible confortable.
Qui trouve-t-on dans la foule des aboyeurs ? Une partie de la gauche bien sûr, qui 150 ans après L’Anti-Dhüring refuse toujours d’écouter Engels quand il disait aux Communards qu’il aurait mieux valu s’attaquer aux banques qu’aux églises. Les libres penseurs à l’ancienne, qui ont gardé le souvenir des combats ayant abouti à la loi de 1905, quand la République pour finir de s’imposer dû expulser l’église catholique de l’espace public. C’est la partie classique et disons habituelle de la foule. Mais est venu s’y ajouter un conglomérat d’autant plus virulent que chacun de ceux qu’on y retrouve a des comptes à régler ou des postures à confirmer. Nous avons les militants du « mariage pour tous », qui voient là une bonne occasion de se venger des succès de la manif du même nom, à laquelle l’église avait apporté son soutien. L’élégante Roselyne Bachelot en tête, qui après avoir changé de trottoir, continue méthodiquement et à tout propos à donner les gages de sa vulgarité militante à ceux qui désormais la font vivre.
Taper sur les faibles, ménager les forts
Nous avons les chroniqueurs amuseurs lugubres que radio et télévision croient indispensable de nous infliger, et qui pratiquant la dérision ricanante la plus conformiste continuent à jouer les rebelles en tapant sur les faibles et en ménageant les forts. Il y a aussi, et c’est intéressant, ceux qui ont décidé de ne plus céder au chantage à « l’islamophobie » dans leur combat contre la montée de l’islam radical. Deux grandes voix, Élisabeth Badinter et Régis Debray, ont donné le signal en disant qu’il ne fallait plus céder à cette pression. La laïcité étant le vecteur de ce combat, certains vont se dédouaner en tapant aussi sur les cathos et parer ainsi l’accusation de racisme. De manière peu surprenante, on trouve aussi quelques voix du Front national, puisqu’il s’agit de s’attaquer à un évêque considéré comme trop œcuménique.
Le mainstream libéral-libertaire y voit, lui, une aubaine. D’abord, en matière de pédophilie, on va soigneusement éviter de revenir sur certains dossiers sensibles, notamment dans la littérature, ou mener campagne contre les abominations des mariages imposés à des petites filles dans le monde arabe. On ne dénonce pas ses amis, on leur donne des Légions d’honneur. En contrepartie, on va s’acharner sur les pauvres, sur ce quart-monde où règne la barbarie de l’inceste, en attrapant au passage un curé pour faire bonne mesure comme dans l’affaire d’Outreau. Parce qu’ils sont pénibles ces curés, le pied sur le frein concernant la marchandisation du corps, ils sont contre la GPA, la vente d’organes. Et ça, les grands penseurs libéraux comme Pierre Bergé et Jean Tirole, cela les contrarie. Alors, la caisse de résonance des réseaux aidant, le cardinal a droit à un lynchage médiatico-judiciaire version premium. Médiatique parce que c’est actuellement un bombardement ininterrompu, et judiciaire car c’est dans cet espace désormais saisi, que les lyncheurs vont trouver la matière de toutes les manipulations et déformations.
Et la protection de l’enfance dans tout ça ?
Et la protection de l’enfance dans tout ça ? Elle n’a dans ce cirque médiatique aucune place. Juste un exemple, parmi tous les aboyeurs qui s’en prévalent, aucun ne doit savoir que cette compétence publique est celle des Conseils départementaux. Qui, à bout de ressources, les exercent difficilement. Avons-nous entendu l’un d’entre eux critiquer les baisses drastiques de budget ? S’intéresser aux enfants des très pauvres, et puis quoi encore ? Non, là il faut déchiqueter un intellectuel à soutane, c’est plus important.