Nous ne participons pas au lynchage de la presse mainstream contre le candidat républicain à l’élection présidentielle, mais ça ne nous empêche pas de rigoler un peu. Quand en 2016 Karine Le Marchand a réalisé ses émission « intimes » sur les hommes politiques, à part Benoît Hamon, tous ont répondu présent. Il s’agissait de montrer leur côté humain, de se faire aimer, un truc classique de marketing politique.
C’est pourtant cette émission qui a fait décoller Fillon, et qui a confirmé Marine Le Pen en numéro un des votes. Enfin, des intentions de vote. On a vu comment les instituts de sondages se sont fracassés sur une réalité américaine qu’ils connaissaient mal, le 8 novembre 2016. C’est d’ailleurs ce qui est intéressant avec les sondages : ils sont commandés par les partis ou les journaux afin de savoir quelle est la hiérarchie politique d’un jour. Mais de connaissance du peuple là-dedans, point. Peut-être qu’un jour, Ipsos, Ifopp, Sofres, BVA et consorts se pencheront sur les Français plutôt que leurs représentants...
Le 6 novembre 2016, sur M6, une chaîne pas très politique dans l’âme, diffusait Une Ambition intime avec François Fillon, qui dévoilait son côté humain à près de 3 millions de téléspectateurs. C’était deux semaines avant le premier tour de la primaire de droite.
« Je ne crois pas que “Ambition intime” ait révélé un homme si ce n’est un être humain. Pour la première fois, il a montré qui il était vraiment. Il est sorti du monde politique et il a montré sa personnalité. C’était pour lui quelque chose de nouveau, d’un peu effrayant. Et il a vraiment joué le jeu comme jamais. Les gens ont découvert un homme qui avait été cancre, qui a avoué sa tendresse pour Philippe Séguin, qui a dénoncé un système politique qui ne fonctionne plus. Personne ne savait que François Fillon est un homme passionné. On pensait qu’il était fade. Son portrait a marqué les esprits parce qu’il était à l’opposé de l’image publique qu’il donne d’habitude. »
François Fillon, après le succès de l’émission, déclarera sur Europe 1 : « Si j’en juge par le nombre de réactions, c’était énorme ».
Deux semaines plus tard, il écrasait la concurrence, incarnée par Juppé et Sarkozy, en raflant presque la moitié des voix de droite au premier tour de la primaire, qui aura réuni plus de 4 millions de votants.
Moins de deux mois plus tard éclatait le « Penelopegate », puis le « Fillongate ». Le candidat catholique pro-russe était peut-être monté un peu haut ou allé un peu loin, pour les Maîtres des Médias.