Le 24 janvier 2017, France Stratégie rendait public un rapport sur l’insertion professionnelle des jeunes. Onze mesures avaient été lancées au début 2016 par le gouvernement actuel, afin de lutter contre le chômage des jeunes, estimé, en moyenne, à 25%. Les jeunes ne trouvant un emploi fixe ou en CDI que tard, vers 28 ans, et encore, généralement s’ils sont diplômés du supérieur. C’est en gros ce que tout le monde sait en France. Fin janvier, donc, le rapport était rendu, après un an de travail. On s’attendait à des mesures, on a eu un rapport... Technocratie française...
Le rapport est le produit de la concertation sociale entre organisations patronales, syndicales, et de jeunesses, qui ne sont pas forcément représentatives mais qui ont le mérite d’exister : UNEF (Union nationale des étudiants de France), JOC (Jeunesses ouvrières chrétiennes), MRJC (autre mouvement chrétien), FAGE (Fédération des associations générales étudiantes, qui se présente comme populaire et indépendante).
Voici ce qui ressort de ce travail collégial. D’abord, la jeunesse est hétérogène. Une grande découverte. Entre l’étudiant en Socio qui végète à Rennes 2 et le fils de médecin qui fait l’ESSEC, il y a un gouffre qui ne sera jamais comblé. Et encore, on n’a pas parlé du dealer de 21 ans de la cité de La Grande Borne (Grigny), ou de la jeune polytechnicienne qui veut entrer dans l’Armée de l’Air, après avoir tout défoncé au bac S. On apprend que « la situation des jeunes sur le marché du travail s’est dégradée ». Les jeunes Français étant moins actifs que les jeunes Européens. Mais c’est aussi parce que « 50% des 18-24 ans sont encore à l’étude ».
D’aucuns, qui voient le mal partout, parleraient de taux d’étudiants dans le supérieur trafiqué pour justement ne pas trop impacter le déjà trop fort chômage des jeunes. Jack Lang, lorsqu’il a émis le désir de voir 80% d’une classe d’âge accéder au bac, avait-il déjà en tête cette idée cynique, qui consistait à prolonger les études artificiellement – au détriment du niveau – pour limiter la casse sociale ? Une sorte d’armée de réserve de chômeurs potentiels, à qui l’on a fait croire que de multiplier les diplômes était la garantie d’un bon emploi, stable, intéressant et bien payé ?
On ne fera pas ce procès à ce ministre de l’Éducation et aux socialistes, mais aujourd’hui, 35 ans après l’avènement de la gauche égalitariste au pouvoir, les facs implosent, la sélection a disparu, l’excellence est honnie, les amplis débordent, le niveau a chuté, et le chômage se durcit. Un échec à tous les niveaux. Pour le rapport de France Stratégie, qui ne va pas aussi loin, les deux échecs sont sur le chômage des 20-24 ans, qui persiste parfois 10 ans après leur venue sur le marché du travail, et surtout, 15% des 15-29 ans qui sont sans emploi, sans formation ni études. Rien. Ce sont ces 15% d’une classe d’âge qui se marginalisent à grande vitesse. Et une classe d’âge, en France, quand on consulte la pyramide en question, c’est 1,2 millions d’individus. Soit 200 000 jeunes qui sortent complètement du système chaque année, les autres se casant plus ou moins rapidement sur le marché du travail, selon l’utilité du moment de leur formation.
Les diplômes de l’inférieur
Un diplômé du supérieur met ainsi 3 mois à trouver son premier boulot, contre un an pour un non-diplomé, et on ne parle pas du boulot trouvé. Et quand on est issu de l’immigration, dit gentiment le rapport, c’est encore plus dur. Une stat est intéressante : « 45 % des jeunes débutants n’ont pas été formés pour le travail qu’ils occupent ». Traduction ? La formation n’est pas au niveau, chez nous. Certes, il règne dans le système éducatif français, que ce soit à l’école ou à l’université, ce fameux refus de se soumettre au Marché, de servir l’Entreprise, un reliquat de la luttes des classes dans l’enseignement. En gros, les profs ne veulent pas former des esclaves pour les patrons. Mais ça ne les empêche pas de former des êtres soumis au Système ! Cela ne figure évidemment pas dans le rapport.
10% des jeunes ne maîtrisent pas suffisamment les bases (lire, écrire, calculer, s’exprimer) pour pouvoir espérer toucher un job épanouissant. Pour ceux-là, les missions locales font leur boulot, enfin ce qu’elles peuvent, ça rappelle les conseillères d’orientation complètement à l’ouest au collège ou au lycée. Pour les moins doués à l’école, il s’agissait juste d’aiguillages et de centres de tri vers des voies sans issue... ou vers le travail manuel, si dévalorisé en France. L’Autriche ou l’Allemagne, avec leur principe d’apprentissage dans ces métiers trop délaissés chez nous (essayez de trouver un chaudronnier ou un plombier), donnent plus de chances à leurs jeunes sans diplômes du supérieur. On appellera ça les diplômes de l’inférieur...
On ne peut pas dire que les politiques ne font rien contre cet échec scolaire manifeste, mais ils ne réalisent pas que cet échec est programmé dans l’école même ! L’égalitarisme socialiste a mené à un désastre, tant sur le niveau des cours que de celui des élèves, désastre qui se traduit en chômage chronique 10 ans plus tard. La valeur travail a été négligée, voire sabotée par les socialistes, tandis que la droite a accentué les différences sociales.
On peut dire que la conjonction de la gauche des valeurs et de la droite du travail est une catastrophe.