Le chef du parti travailliste britannique a refusé pour la seconde fois de se rendre au mémorial de Yad Vashem, en Israël.
En avril 2016, Jeremy Corbyn avait déjà refusé l’invitation à visiter le mémorial de Yad Vashem que lui avait adressée Isaac Herzog, leader du parti travailliste d’Israël. Cette proposition lui avait été faite suite au scandale déclenché par les propos de Ken Livingstone, ancien maire de Londres, sur Hitler et le sionisme. Livingstone, membre du Labor, avait déclaré à la BBC :
« Rappelons-nous, lorsque Hitler a remporté l’élection en 1932, sa politique était de déplacer les juifs en Israël. Il soutenait le sionisme avant de perdre la tête et de finir par tuer six millions de juifs. »
Ken Livingstone faisait référence à l’« Accord de transfert » (Haavara, en hébreu), signé le 25 août 1933 entre des juifs sionistes et le Troisième Reich afin de faciliter l’émigration des juifs allemands vers la Palestine. Or, selon la vision du monde sioniste, rappeler la réalité historique de cet accord est une faute de mauvais goût : Hitler étant le Diable et le sionisme le Bien, comment l’un pouvait-il soutenir l’autre ?
Pour expier le crime de malpensance de Livingstone, le parti travailliste l’avait exclu de ses rangs en 2016, mais Corbyn avait refusé de s’aplatir intégralement devant les prêtres de la religion de la Shoah et avait envoyé le député Tom Watson visiter Yad Vashem à sa place.
Il y a quelques jours, Corbyn a réitéré l’affront en refusant de se rendre en personne dans ce haut-lieu de la « Mémoire », préférant déléguer cet honneur à Iain McNicol, secrétaire général du Labor.
Le parti travailliste britannique connaît quelques difficultés avec le lobby israélien, qui tente d’imposer la mémoire de la Shoah comme nouvelle religion mondiale et de châtier les hérétiques. Parmi de nombreux accrochages, en octobre 2016, le Labor avait notamment suspendu une proche de Jeremy Corbyn, Jackie Walker, qui avait eu l’outrecuidance de déclarer :
« Ne serait-il pas merveilleux si la journée du Souvenir de l’Holocauste était ouverte à toutes les personnes qui ont vécu un holocauste ? »
Dans le camp travailliste, qui se veut international, la position de Corbyn est loin de faire l’unanimité. Après son second refus, Amir Peretz, ancien ministre israélien de la Défense et lui aussi « travailliste », s’est adressé à Corbyn via une lettre, qui constitue un modèle d’inversion accusatoire :
« Il est fort probable que votre refus provient d’un problème identitaire personnel qui se heurte aux principes universels et à la social-démocratie. »