Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, « l’État a été trop complaisant » depuis longtemps avec les délinquants, autant qu’avec les nationalistes qui « ont toujours eu un comportement très violemment hostile aux immigrés ».
Deux hommes ont été placés en garde à vue dimanche à Ajaccio dans l’enquête sur les incidents survenus le 24 décembre dans le quartier populaire des Jardins de l’Empereur, où deux pompiers et un policier ont été agressés. Le préfet de Corse a pris un arrêté d’interdiction de manifester jusqu’au 4 janvier dans cette cité des hauteurs d’Ajaccio, mais quelque 400 personnes se sont malgré tout rassemblées dimanche après-midi à l’entrée du quartier. Le rassemblement a eu lieu sans heurts, contrairement aux deux jours précédents où des insultes racistes avaient été prononcées et des dégradations commises, notamment à l’encontre d’un local de prière musulman.
Comment analysez-vous les événements qui se sont déroulés en Corse depuis le 24 décembre ?
Bien entendu, je condamne les agressions de policiers et de pompiers. Mais les manifestations organisées par un certain nombre d’extrémistes, et surtout le saccage d’un lieu de culte, sont tout aussi condamnables. De telles manifestations semblent irréelles. Il faut bien comprendre que ces comportements apportent de l’eau au moulin de Daech et de ceux qui veulent mettre la France à feu et à sang. C’est un engrenage de violences, de bêtises et de surenchère de provocations. Ce que veut Daech, c’est la guerre civile en France, « le clash des civilisations », comme disait Bill Clinton. Il est évident que la bêtise qui s’est exprimée ce week-end à Ajaccio y contribue.
La réponse de l’État a-t-elle été à la hauteur ?
Manuel Valls s’est exprimé assez clairement. Il faut faire appel au courage des Français et comprendre ce qui est en jeu. Nous sommes face à des provocateurs qui exacerbent les tensions existant au sein de la société française, dont l’origine est le chômage de masse ainsi qu’une intégration mal réussie de certaines populations immigrées, une jeunesse hors sol, à qui il faut apprendre ce que signifie être Français.