Sans vouloir nous substituer aux autorités, qui possèdent des informations que nous ne possédons, notre bon sens s’interroge à la lecture des faits qui suivent dans l’article de L’Obs.
Comment, par exemple, un hybride (mi-voyou mi-jihadiste) peut-il, à 22 ans, se voir octroyer un prêt à la consommation de 20 000 euros par la banque, s’entraîner au tir aux côtés de policiers – sans leur mettre la puce à l’oreille –, disparaître après avoir été tracé, ou faire partie des « cerveaux » de Daech en Syrie, en charge notamment des attentats sur le sol français ?
Apparu récemment dans l’enquête sur les attentats de Paris, le nom de Charaffe el-Mouadan figure sur la liste de dix responsables de Daech récemment tués par les frappes de la coalition en Syrie, annonce le Pentagone.
Dans une conférence de presse riche d’enseignements ce mardi 29 décembre, le colonel américain et porte-parole de la coalition anti-Daech, Steve Warren, a livré une information qui concerne très directement la France : Charaffe el-Mouadan, dont le nom était apparu pour la première fois dans les médias trois jours avant Noël, a été tué en Syrie le 24 décembre par une frappe aérienne.
Déjà la semaine dernière, des sources locales avaient annoncé la mort, dans une "frappe ciblée contre sa voiture", d’Abu Souleymane (ou "Aba Soulaymane"), autre nom sous lequel était connu ce Français de 26 ans, originaire de région parisienne.
Selon Steve Warren, qui le cite parmi "dix leaders" de Daech récemment tués par la coalition, Charaffe el-Mouadan "préparait activement d’autres attaques contre l’occident". Etait-il vraiment un cadre de l’organisation ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que son profil le lie très directement aux attentats du 13 novembre à Paris.
Ami d’enfance de Samy Amimour
Comme l’avait révélé Le Parisien le 21 décembre, les enquêteurs avaient commencé à prendre très au sérieux l’hypothèse de l’implication de « Souleymane » après avoir recoupé les témoignages des rescapés du Bataclan.
Né le 15 octobre 1989 de deux parents marocains à Bondy (Seine-Saint-Denis), Charaffe el-Mouadan, dernier d’une fratrie de huit enfants, obtient sa nationalité française en 1992 et passe sa jeunesse à Drancy, à quelques encablures. Dès l’enfance, il se lie d’amitié avec deux garçons de son quartier, Samy Amimour, futur assaillant du Bataclan, et Samir Bouabout : c’est en compagnie de ces deux hommes qu’il se radicalise sur Internet et, à 22 ans, commence à peaufiner un projet de départ à l’étranger. Son charisme fait d’El-Mouadan « le leader du trio », se rappelle un enquêteur.
En mars 2012, comme le raconte à l’AFP une source proche du dossier, il prend, à l’instar de Samy Amimour, des cours de tir sportif dans un club de Paris considéré comme proche de la police nationale (l’ANTP). Il contracte auprès de sa banque un prêt à la consommation de 20.000 euros et s’équipe de matériel paramilitaire.