L’offensive obsessionnelle MeToo n’étant pas très populaire auprès du Français moyen, Mediapart s’attaque à un sujet plus facile, presque tautologique : les violences sexuelles dans le porno. Autant dénoncer la nudité dans une partouze.
« Chuis pas traitée comme une femme. Comme une femme doit être traitée en fait, avec respect, avec amour, pasque vu l’image qu’ils donnent de moi, chuis la grosse salope, la grosse pute qui aime se faire défoncer, et qu’en fait c’est faux. C’est l’image qu’ils veulent donner, pour avoir le pouvoir sur la femme, en fait. C’est pasque j’crois qu’ils doivent haïr tellement les femmes que, ben ils jubilent de tout ça. »
On rappelle que vingt millions de Français moyens ont cliqué sur les nouvelles chansons de Patrick Sébastien. Autrement dit, les accusations de viols et d’agressions sexuelles dans la culture, actuellement en question dans une commission parlementaire, ne concernent pas les Français. Elles concernent les people, les Anouk Grinberg et les Judith Goldreich.
On croyait avoir atteint le niveau 0 dans tous les domaines et bien non puisque @patricksebastien nous sort son tube pour les teubés de l'été
Ah coup sur les français vont l'aimer
On a les chansons qu'ont méritent !!
On va encore dire que vous êtes des cul-terreux... pas faux pic.twitter.com/bJ0L5oJHky— vladimir poutaine (@poutaine) April 9, 2025
Patrick, ou l’excellente transition vers le porno, puisque dans sa bio (eh oui, on lit ça et on lit Proudhon), il raconte que c’est lui qui a découvert Rocco Siffredi dans une boîte à partouzes, chez la fameuse Denise. Mais l’échangisme, c’est entre gens bien. Le porno, c’est plus salingue, surtout depuis les années Internet.
Pas besoin de faire l’historique de cette industrie, et de sa déviance par rapport au projet initial, un divertissement bon enfant avec des adultes rigolards et bénévoles, bref, du touche-pipi entre amis. Quand l’argent et la conso massive ont débarqué, tout s’est cassé la gueule, tout est devenu dingue.
Jacquie & Michel, au début des années 2000, c’était de la bonne franqu(qué)ette, et puis il y a eu ces histoires de filles mécontentes, l’employée de La Poste qui découvre sa vidéo sur l’écran des collègues, les vannes salaces, la réputation, les commérages dans le village... La presse s’est alors penchée sur cette success story à la française, avec produits dérivés et chansons à boire, ou à baiser, excusez l’expression. Maintenant, c’est Mediapart, qui a enfoncé Le Canard enchaîné, qui prend la relève, avec sa puissance de feu.

MeToo, par le biais des plaignantes de Mediapart, qui en a raflé 5 (sur les 16 du livre consacré à la violence pornographique), est donc entré dans le monde du porno, qui lui est antinomique au possible. On n’imagine pas une conseillère bisou sur les plateaux X comme il y en a dans les tournages classiques, mais il semble qu’on va y arriver.
On l’appelle la coordinatrice d’intimité, et il y a quelque chose de grotesque à la mettre entre trois acteurs X. Les comédiens sont « vulnérables lorsqu’ils sont nus », nous explique France Info.
« Je pense à un mot, c’est le mot rescapée. »
Témoin 1 : « Nous ne sommes pas des actrices, nous sommes des victimes, des futures proies, pour eux, on est du gibier, ils vont à la chasse, la chasse est ouverte. »
Témoins 2 : « Et ça peut arriver à tout le monde, toutes les femmes. »
Sur le plateau, l’animatrice qui bredouille est flanquée de sa commissaire politique, Lenaïg Bredoux, la spécialiste des questions de genre. On préférera coordinatrice de bien-pensance. Les victimes présentes, de dos, racontent la façon dont elles ont été recrutées et formées pour devenir des « actrices » X. On est alors dans la fameuse emprise. On ne commentera pas, comme ici sur Twitter, les motivations de ces personnes. On parle de détresse personnelle, de besoin d’argent, rarement du goût du plaisir. Les procès, eux, sont bien réels et concernent cinquante personnes après cinq ans d’enquête.
« J’ai dit non, j’ai expliqué les pratiques que je ne voulais pas faire, et pourtant on n’en a pas tenu compte. J’ai dit non, on m’a retenue de force, on m’a maintenue, pour avoir des pratiques que je ne souhaitais pas, euh, faire. J’ai pleuré, on a juste mis plus de lubrifiant, et c’était fini, c’était leur façon de compatir à ma douleur, et à ma peine. […]
On y a été de nous-mêmes [sic], on n’y a pas été de nous-mêmes, on a été manipulées, pour y aller, et une fois arrivées là-bas, on ne pouvait plus partir, puisqu’on était entourées d’hommes, on ne savait pas où on était. Donc c’est très facile en fait de nous mettre une étiquette de femmes vénales pasque effectivement, on y a été parce qu’on était en grande précarité. Mais c’est comme ça qu’on a réussi à nous attirer et à nous manipuler. »
Il s’agit donc bien de vénalité, au départ, puisqu’un job d’escort leur est proposé, qui vire au cauchemar, à l’esclavage sexuel.
On souhaite que leur mésaventure serve aux jeunes filles, souvent mineures, qui rêvent de fric rapide sur OnlyFans, la célèbre plateforme de prostitution. Heureusement, on apprend qu’il y a de plus en plus de faux profils, dessus : sans le savoir, beaucoup de mecs payent pour parler avec une IA sur des photos ou vidéos volées à de vraies filles, qui du coup se font entuber, mais ne peuvent pas trop se plaindre... Arroseuses arrosées.
C’est peut-être une forme de solution, la machine qui remplace la femme, après avoir remplacé l’homme.