Voilà près de dix ans que le feuilleton des fuites massives de données apporte, chaque mois, son lot de révélations. Depuis 2009, on ne recense pas moins d’une quarantaine de diffusions anonymes de fichiers : serveurs mails, dossiers confidentiels, listings bancaires, tout y passe. Extrait de Armes de déstabilisation massive de Pierre Gastineau et Philippe Vasset, aux éditions Fayard.
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Un nom revient avec insistance lorsque l’on évoque les consultants spécialisés dans les cyberopérations parallèles : celui d’Israel Ziv. Haut gradé de l’armée israélienne reconverti dans les opérations clandestines privées, il disposerait d’une équipe rompue aux techniques d’intrusion des réseaux. Mais l’ancien officier est loin d’être le seul à intervenir sur ce créneau : d’autres consultants, souvent issus des services de renseignement ou des unités militaires spécialisées dans les interceptions, ont également pignon sur rue à Tel Aviv.
Espions en service ou en retraite, diplomates de choc ou hommes d’affaires prospérant dans les pays sensibles : tous marquent un temps d’arrêt lorsqu’on prononce le nom d’Israël Ziv.
L’homme incarne à lui seul la professionnalisation de l’intrusion informatique en Israël. Et résume merveilleusement les ambiguïtés du secteur, entre opérations privées et commandes d’État. Cet ancien directeur des opérations de Tsahal, l’armée israélienne, s’est reconverti dans le secteur privé au début des années 2000, tout en restant très proche de l’establishment sécuritaire du pays. Il a alors fondé la société de sécurité Global CST, devenue aujourd’hui Global Group, avec Yossi Kuperwasser, qui fut à la tête du département « recherche » du renseignement militaire israélien (nommé Aman), et Amos Ben-Avraham, ancien commandant de la célèbre unité Sayeret Matkal, utilisée par l’armée et le renseignement israéliens pour leurs opérations clandestines en territoire ennemi.
Global s’est très vite spécialisée dans la formation d’unités commandos à travers le monde, quitte à mener elle-même les opérations lorsqu’elles sont trop complexes ou trop délicates pour ses élèves. Dès sa création, Global a puisé dans le vivier des vétérans de l’armée israélienne, en particulier les jeunes retraités des forces spéciales, attirés par les salaires offerts par la société et les perspectives de missions d’envergure. En travaillant pour Ziv, ces hommes ont toujours considéré, à tort ou à raison, qu’ils continuaient à servir leur pays.