En mars, pendant les forces irakiennes et les milices chiites étaient à l’offensive pour reprendre la ville de Tikrit au groupe « État islamique » (EI ou Daesh), ce dernier a lancé des attaques dans la provinde d’al-Anbar, qu’il contrôle déjà en grande partie.
Ainsi, le 13 mars, à l’issue d’un assaut nocturne ayant commencé par 4 attentats « suicide », l’EI s’est emparé du quartier général de la Brigade 26, situé au nord de Falloujah, dans la région du lac Tharthar. Plus de 50 militaires irakiens ont été faits prisonniers et leur sort demeure encore inconnu à ce jour.
Un mois plus tard, et toujours avec la même tactique (mais cette fois avec 3 kamikazes, dont un ressortissant allemand) l’EI en a fait de même contre le quartier général du 4e régiment de l’armée irakienne, situé au nord-est de Falloujah. Dans le même temps, il lançait une autre offensive contre la raffinerie de Baïji, la plus important d’Irak.
Mais, visiblement, l’objectif des jihadistes était de s’emparer du barrage de TharThar, qui sert à réguler le débit des fleuves Tigre et Euphrate. Au cours de la nuit du 24 au 25 avril, il aurait partiellement réussi à en prendre le contrôle, au terme de violents combats contre les forces irakiennes.
D’après l’agence Bloomberg, ces dernières auraient perdu 127 hommes, dont le général Hassan Abbas Toufan, le commandant de la 1re Division de l’armée irakienne. Les conditions de sa mort ne sont pas encore clairement établies. Selon la chaîne de télévision al-Jazeera, il aurait été fait prisonnier avec 50 soldats iralkiens avant d’être assassiné par les jihadistes alors que d’autres sources, comme l’Associated Press, indiquent qu’il a été tué lors d’une embuscade contre son convoi.
Quoi qu’il en soit, l’EI contrôlerait désormais partiellement le barrage de Tharthar. Une vidéo mise en ligne le 25 avril le suggère : on y voit des jihadistes s’y déplacer librement ainsi que le drapeau noir de l’organisation terroriste.
La région du lac Tharthar est aussi stratégique par sa position géographique. Son contrôle permet en effet à l’EI d’envoyer des forces et des moyens logistiques dans le sud de la province de Salahaddin.
« Il est peu probable maintenant que le ministère irakien de la Défense soit en mesure de reprendre le barrage bientôt », a estimé Faleh al-Issawi, le directeur adjoint du conseil provincial d’Anbar, auprès de Bloomberg.
Selon des responsables militaires américains cités par l’agence de presse, cet assaut sur le barrage de Tharthar « démontre la résilence et la mobilité » de l’EI. « Lorsque les forces gouvernementales irakiennes et les milices chiites avancent en un seul endroit, les jihadistes attaquent dans un autre endroit. Leur capacité faire cela soulève des questions sur le calibre des forces irakiennes et particulièrement sur le fait qu’elles ont besoin de davatange de soutien », ont-ils estimé.