« L’Islam et l’Occident en guerre », titrait récemment un article du New York Times. On pourrait le croire si l’on prenait pour argent comptant les assertions nauséabondes des gouvernements occidentaux, qui ne sont pas particulièrement réputés pour leur honnêteté ou leur intégrité. Mais les fins observateurs de l’histoire et de la géopolitique flairent la tromperie quand elle se présente, et les dernières performances théâtrales vendues aux masses comme de réelles, vivantes occurrences sont dignes d’un sketch des Monty Python. Dernièrement, nous avons été témoins de nombre d’événements opportuns conçus pour légitimer les politiques étrangères impérialistes de l’Occident dans l’esprit des masses.
Le 15 février, l’État islamique (EIIL ou ISIS) a diffusé une autre vidéo extrêmement chorégraphiée et visuellement choquante montrant la décapitation de 21 chrétiens égyptiens (coptes). Peu après la diffusion de la vidéo, le dictateur égyptien Abdel Fattah el-Sissi a lancé des frappes aériennes contre des cibles appartenant à l’EIIL en Libye, où l’exécution a prétendument été filmée, même si des experts disent depuis que la vidéo a été truquée.
Les provocations continues de l’EIIL sous la forme de vidéos d’exécutions (vraies ou fausses) soigneusement réalisées et à fort impact émotionnel, telles que la récente immolation d’un pilote jordanien dans une cage, ne peuvent être le travail d’acteurs rationnels cherchant la victoire militaire par tous les moyens. Ces vidéos ne travaillent jamais qu’à leur désavantage, solidifiant la résolution de leur actuelle « coalition » d’opposants autant que leur créant de nouveaux ennemis.
Soixante-deux pays et groupes combattent en ce moment dans la « coalition » douteuse contre l’EIIL, la plupart d’entre eux ayant des moyens militaires modernes et des forces aériennes et terrestres supérieures. Pourquoi donc les combattants de l’EIIL continuent-ils d’inciter plus de pays à joindre l’alliance contre eux, déjà bondée par ailleurs ? Qu’un groupe clamant vouloir établir un « État » qui gouvernerait apparemment des millions de gens cherche délibérément de plus en plus d’ennemis et un constant état de guerre dépasse l’entendement.
L’EIIL croit-il vraiment pouvoir s’engager dans une bataille contre la planète entière et en sortir vainqueur, asseyant sa domination mondiale ? Comment des gens nourrissant de tels fantasmes absurdes disposent-ils des moyens et ressources de recruter et de coordonner des milliers de combattants venus du monde entier autour d’une cause absolument ridicule condamnée à l’échec total ? Comment ceci pourrait-il être autre chose qu’une farce ?
La seule conclusion logique, à laquelle nombre d’analystes sont arrivés, est que l’EIIL n’a aucune base populaire mais opère plutôt entièrement comme l’outil de la politique occidentale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, simultanément sous la domination d’Israël. Les musulmans, particulièrement, sont les derniers, et l’Occident et Israël les premiers à profiter des actions de l’EIIL, des actions dont la portée augmente à chaque nouvelle atrocité et offense infligée aux innocents d’Irak et de Syrie, tandis qu’elles sont diffusées en boucle par les médias occidentaux. En fait, l’obsession de ces médias pour l’EIIL est, en soi, une forme efficace de publicité pour le groupe. Les organes de presse occidentaux rendent consciemment un service sans réserve aux efforts de recrutement de l’EIIL en leur fournissant une « image de marque » haut de gamme qui poussera les dégénérés au passif criminel, les zélotes religieux wahhabites insatisfaits et les voyous suicidaires du monde entier à rejoindre une cause prédestinée à un échec cuisant.
Ce spectacle usé de « l’EIIL vs le monde » n’est pas beaucoup plus qu’un scénario mélodramatique élaboré dans une salle de conférence par des propagandistes professionnels et adeptes du marketing. Cela ressemble à la classique dialectique de tromperie « problème, réaction, solution ». Quelle personne sensée croirait la mythologie malsaine de « bien vs mal » entourant ce blockbuster hollywoodien organisé ?
Combattants par procuration : chair à canon de l’Empire
L’Occident n’est pas en conflit avec l’EIIL, pas plus qu’il ne cherche à « dégrader et détruire » le groupe, comme le prétend le président américain Barrack Obama. Un fait sape la crédibilité de cette mise en scène de bon flic/mauvais flic : le soutien clandestin occidental à l’EIIL pendant la révolte artificielle de Libye. En 2011, l’Occident cherchait ouvertement à destituer l’homme fort libyen Mouammar Kadhafi, et le fit en soutenant l’EIIL et des groupes rebelles partisans d’Al-Qaïda. Les rebelles déments qui ont sodomisé puis assassiné Kadhafi dans la rue comme un chien ont été salués comme « combattants pour la liberté » par les répugnants malfrats de Washington, Paris et Londres, et pleinement aidés et soutenus par les frappes aériennes de l’OTAN contre les forces de Kadhafi. La victoire rebelle n’a été rendue possible que par l’intervention militaire occidentale. « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort » a déclaré l’ex-secrétaire d’État d’Obama, Hillary Clinton, en référence à l’assassinat de Kadhafi par la piétaille de Washington, gloussant sinistrement du décès du potentat libyen.
Dans un article pour Global Research du 19 novembre 2014, l’analyste Tony Cartalucci remarquait que « les soi-disant “rebelles” que l’OTAN avait soutenus [en Libye] s’étaient révélés être des terroristes menés par des factions d’Al-Qaïda telles que le Groupe islamique combattant en Libye (GICL) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). » Pendant cette révolte préfabriquée, Kadhafi déclarait systématiquement dans ses discours publics qu’Al-Qaïda tenait les rênes. « Kadhafi blâme Al-Qaïda pour la révolte », titrait Al Jazeera en février 2011. En mars 2011, un article du Guardian expliquait que « des centaines de condamnés, membres du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), affilié à Al-Qaïda, ont été libérés et pardonnés » sous un programme de « réforme et repentance » dirigé par Saif al-Islam, le fils de Kadhafi. Le même article reconnaissait que le GICL, qui fut créé en Afghanistan pendant les années 90, a « assassiné des dizaines de soldats et policiers libyens » depuis sa création et que le MI6 britannique avait soutenu le groupe auparavant. Le groupe formait l’épine dorsale de l’insurrection anti-Kadhafi, et recevait toutes formes de soutien de l’Occident et des nations alliées du Golfe.
Dans l’article de Global Research déjà mentionné, Cartalucci explique comment l’insurrection factice en Libye fut menée par des succursales d’Al-Qaïda, qui furent plus tard englobées par l’EIIL. Un article de CNN de février 2015 intitulé « L’EIIL soutenu par la Libye » révéla que, depuis la chute de Kadhafi, l’EIIL a instauré une présence importante et menaçante à travers le pays nord-africain. « Le drapeau noir de l’EIIL flotte sur les bâtiments gouvernementaux », selon le reportage de CNN. « Les voitures de police portent l’insigne du groupe. Le stade de football local est utilisé pour des exécutions publiques. » Il ajoute que « les combattants loyaux envers l’État islamique en Irak et en Syrie ont maintenant le contrôle complet de la ville de Derna, population de 100 000 habitants environ, non loin de la frontière égyptienne et distante de 320 km des côtes méridionales de l’Union européenne ».
L’OTAN a effectivement tapissé la Libye de bombes, réduite à l’état de ruines, taillant un chemin sanglant aux troupes d’assassins de l’EIIL et d’Al-Qaïda, leur permettant de s’emparer du pouvoir et d’imposer leur idéologie médiévale. Voilà la récompense pour s’être opposé à « l’Occident » et ceux qui le contrôlent. Cartalucci a continué à démontrer dans un autre article, intitulé « Les terroristes libyens envahissent la Syrie », que dès que le régime de Kadhafi s’est effondré et que les gangs rebelles sont apparus triomphants, des milliers de combattants jihadistes aguerris et fanatiques sont partis vers la Syrie avec leurs armes et entraînement occidentaux pour combattre Bachar al-Assad, en accord avec la stratégie « appât-substitution » de Washington. Ces mercenaires se sont comportés comme des chiens sauvages poursuivant un morceau de viande crue.
Un scénario absolument identique s’est déroulé en Syrie, où Washington et ses marionnettes locales, menées par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, ont subventionné les islamistes depuis le début. « Avez-vous connaissance d’alliés arabes majeurs des États-Unis qui adhèrent à l’EIIL ? », demanda facétieusement le sénateur américain Lindsey Graham au général Martin Dempsey au Comité des forces armées du Sénat en 2014. À la surprise de Graham, Dempsey répondit : « Je connais des alliés arabes majeurs qui les financent. » Le vice-président américain Joe Biden lui-même le confirma dans un discours d’octobre 2014, dans lequel il déclara aux étudiants de l’université de Harvard que les alliés du Golfe – particulièrement les Saoudiens et les Qataris – fournissaient à l’EIIL et au Front al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) des quantités substantielles d’armes et de fonds. Un ex-général américain, Thomas McInerney, déclara à Fox News que le gouvernement des États-Unis avait aidé à « construire l’EIIL » en « soutenant les mauvaises personnes » et en fournissant des armes aux rebelles libyens liés à Al-Qaïda, qui finirent entre les mains des militants de l’EIIL en Syrie. Le général américain à la retraite et ex-commandant suprême des forces alliées de l’OTAN, Wesley Clark, a, lui aussi, exprimé cette vision dans une interview de février 2015 pour CNN, déclarant que « l’EIIL a été fondé par le financement de nos amis et alliés » qui cherchaient à utiliser des fanatiques religieux pour attaquer l’alliance chiite de la Syrie, l’Iran et du Hezbollah. Il conclut : « C’est comme un Frankenstein. »
Un article du 17 juin 2014 du World Net Daily souligne que les États-Unis ont entraîné des rebelles syriens, qui ont plus tard joint l’EIIL dans une base secrète en Jordanie. Les autorités jordaniennes ont affirmé à Aaron Klein pour WND que « des dizaines de futurs membres de l’EIIL ont été entraînés [dans un centre d’entraînement américain de Jordanie] dans le cadre de l’aide secrète à l’époque apportée aux insurgés visant le régime du président Bachar al-Assad en Syrie ». Des articles dans Der Spiegel, The Guardian, Reuters ainsi que d’autres organes ont tous confirmé que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et leurs alliés régionaux ont entraîné des militants dans des bases secrètes de Jordanie et de Turquie dans le cadre de la guerre par intermédiaires menée par l’Occident contre le régime de Bachar al-Assad.
L’Occident a tenté de couvrir son soutien à l’EIIL et Al-Qaïda en adoptant une tactique d’approche à « deux degrés de séparation ». Washington prétend ne soutenir que des groupes rebelles « modérés, approuvés », nommément l’Armée syrienne libre (ASL), mais cela n’est qu’une ruse délibérée ayant pour but de tromper les masses crédules. L’ASL est le nom de guerre d’une collection de bandits rebelles en liberté n’opérant sous aucune structure ou autorité centrale, agissant plutôt indépendamment ou sous la tutelle d’autres factions. Aron Lund, un expert des groupes rebelles syriens, expliquait, dans un article de mars 2013 intitulé « L’Armée syrienne libre n’existe pas », que l’ASL n’a jamais été rien d’autre qu’une opération marketing fictive.
Pendant les premières étapes de l’insurrection, n’importe quelle faction militante de Syrie cherchant une aide occidentale déclarait appartenir à l’ASL et amenait les armes fournies par l’Occident directement à l’EIIL et au Front al-Nosra. L’ASL fonctionne comme un intermédiaire entre les gouvernements occidentaux et les terroristes takfiris combattant Bachar al-Assad, autant que comme un réseau de distribution d’armes pour eux. Dans l’article susmentionné, Lund explique que la direction de l’ASL avait été établie en Turquie en 2012 « en tant que pavillon de ralliement pour les factions locales soutenues par l’Occident/le Golfe, et aussi probablement comme voie de financement et réseau de distribution d’armes, plutôt que comme réelle hiérarchie de commande ». Des milliers de militants combattant sous le drapeau de l’ASL ont depuis rejoint ou prêté allégeance à l’EIIL et au Front al-Nosra.
Les gouvernements occidentaux le savent et sont apparemment totalement à l’aise à ce propos, mettant à jour leur complicité et collaboration avec les insurgés takfiris dévoués à arriver au pouvoir en Syrie et en Irak à coup de décapitations.
La campagne falsifiée
Cela crée inévitablement la confusion pour les personnes peu informées sur la géopolitique impériale, notamment après que l’Occident et ses alliés du Golfe ont « déclaré la guerre » à l’EIIL fin 2014. Cette campagne falsifiée ne peut être vue autrement que comme une manœuvre opportune et déloyale ayant pour but de faire oublier le rôle criminel de l’Occident dans l’avènement de l’EIIL sur tous les points précédemment cités. Le prolo moyen, recevant toutes ses informations des journaux télévisés, ne saura rien des activités clandestines de l’Occident qui ont effectivement engendré l’EIIL et facilité sa montée au premier plan en Irak, en Syrie et en Libye, et prendra naturellement la confrontation fictive de l’Occident avec l’EIIL pour argent comptant.
La croisade de l’Occident visant à « dégrader et détruire » l’EIIL est un mensonge absurde. En réalité, les faits suggèrent que l’Occident continue à soutenir clandestinement l’EIIL par des parachutages d’armes et de vivres, tout en les « bombardant » de frappes aériennes superficielles et délibérément inefficaces.
Le président iranien Hassan Rohani a qualifié la coalition anti-EIIL menée par les États-Unis de « blague » compte tenu du nombre de ses membres ayant significativement aidé à renforcer le groupe terroriste depuis sa création. Dans un article de janvier 2015, l’agence iranienne Fars News Agency cite nombre de généraux et membres du Parlement iranien affirmant que les États-Unis continuent de soutenir clandestinement l’EIIL avec des largages d’armes et autres ressources. Le général Mohammad Reza Naqdi, un commandant du Basij (Force de mobilisation de la Résistance), a déclaré que l’ambassade américaine à Bagdad était le « centre de commande » de l’EIIL dans le pays. « Les États-Unis soutiennent directement l’EIIL en Irak et les avions américains larguent le matériel et les armes dont l’EIIL a besoin », a déclaré le général Naqdi à un groupe des forces du Basij à Téhéran. Fars News cite Majid al-Gharawia, un parlementaire irakien membre de la Commission parlementaire à la Défense et à la Sécurité, qui a déclaré que les États-Unis fournissent des armes et des munitions à l’EIIL dans plusieurs juridictions irakiennes. Une commission à la sécurité irakienne parle d’avions non-identifiés larguant des colis aux militants de l’EIIL de Tikrit.
Une autre législatrice irakienne confirmée, Nahlah al-Hababi, a répété ces accusations à propos d’avions américains et d’autres non-identifiés s’occupant de livraisons pour l’EIIL. Elle fait remarquer que « la coalition internationale n’est pas sérieuse à propos des frappes aériennes contre les terroristes de l’EIIL et cherche même à retirer les forces populaires (volontaires) du Basij du champs de bataille contre les takfiris afin que le problème avec l’EIIL ne soit pas résolu dans un futur proche ». Le général Massoud Jazayeri, chef-adjoint de l’état-major des Forces armées iraniennes, a traité de farce la coalition internationale menée par les États-Unis contre l’EIIL. « Les États-Unis et la coalition soi-disant anti-EIIL prétendent avoir lancé une campagne contre ce groupe terroriste et criminel, alors qu’ils leur fournissent des armes, de la nourriture et des médicaments dans la région de Jalula (une ville de la provine de Diyala, Irak). Cela montre clairement la fausseté des affirmations de la coalition et des États-Unis », a déclaré le général.
Les militaires américains soutiennent que ces livraisons sont entrées en possession de l’EIIL par erreur et qu’elles étaient destinées aux combattants kurdes, mais une affirmation aussi ridicule sonne creux aux oreilles des réels opposants à l’EIIL, l’Iran, la Syrie, le Hezbollah et les volontaires chiites en Irak. En même temps, le caractère risible de la tactique anti-EIIL de Washington est souligné par le fait que ses premières frappes aériennes contre le bastion de l’EIIL à Rakka, Syrie, en septembre 2014, ne firent pas beaucoup plus que détruire un tas de bâtiments vides. CNN a laissé échapper que les combattants de l’EIIL avaient évacué leurs centres de commande de la ville 15 ou 20 jours avant le début des frappes aériennes, indiquant qu’ils avaient probablement été informés. Un activiste de l’opposition syrienne a dit à ARA News que « les lieux ciblés [à Rakka], surtout les raffineries, avait été incendiées, signalant que les militants de l’EIIL avait évacué leurs bastions dans les deux derniers jours pour éviter les frappes menées par les États-Unis ».
La main cachée du sionisme
La fausse rébellion en Syrie a été conçue et exécutée par des étrangers pour servir un infâme but antisyrien. Tout cela semble très déroutant si l’on ne prend pas en compte les propensions destructrices de l’État d’Israël dans la région.
Israël a essentiellement utilisé les États-Unis comme un intermédiaire au Moyen-Orient, manipulant le Léviathan militaire américain pour détruire ses ennemis. Le redoutable lobby israélien aux États-Unis et ses laquais néo-conservateurs, qui sont une force importante dans l’appareil de création de guerre du complexe militaro-industriel américain, sont des facteurs clés entraînant l’approche intransigeante du Moyen-Orient par les institutions de politique étrangère de Washington. Quand il est question de politique au Moyen-Orient, les Israéliens arrivent toujours à leurs fins. « L’Amérique est une bonne chose que l’on peut diriger très facilement... dans la bonne direction », s’était un jour vanté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Ne vous préoccupez pas de la pression américaine sur Israël. Nous contrôlons l’Amérique », avait fanfaronné l’ex-Premier ministre israélien Ariel Sharon.
La destruction de l’Irak, de la Syrie, de l’Iran, du Liban, de la Libye, de l’Égypte et d’autres États du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord est un plan politique sioniste de longue date remontant aux années 50. En 1982 fut publié un stupéfiant document de stratégie israélienne, qui esquissait avec une franchise remarquable un vaste complot visant à affaiblir, subjuguer et finalement détruire tous les rivaux militaires d’Israël. Le document s’intitulait « Une stratégie pour Israël dans les années 80 » et a été rédigé par Oded Yinon, un célèbre penseur dans les cercles du Likud israélien. Dans la veine du système des millets ottomans, Yinon envisageait la dissolution des voisins d’Israël et un nouveau Moyen-Orient constitué de pays arabes/musulmans fracturés et fragmentés, divisés en de multiples gouvernements selon des critères ethniques et religieux. Dans l’esprit de Yinon, moins les Arabo-musulmans seraient unis, plus facilement seraient atteints les desseins d’Israël. Encore mieux, pousser les Arabo-musulmans à se battre entre eux pour des territoires et se cloisonner jusqu’aux ténèbres. Yinon présente une méthode pour y arriver, principalement en instiguant un conflit civil dans les pays arabo-musulmans, qui les conduira finalement au démembrement.
Extrait des recommandations de Yinon : :
« La dissolution du Liban en 5 provinces sert de précédent pour l’intégralité du monde arabe, y compris l’Égypte, la Syrie, l’Irak et la péninsule arabique, et est déjà dans cette voie. Plus tard, la dissolution de la Syrie et de l’Irak en zones ethniquement ou religieusement uniques, comme au Liban, est le but premier d’Israël sur le front Est à long terme, alors que la dissolution du pouvoir militaire de ces états est le but premier à court terme. La Syrie va se désagréger, en accord avec sa structure ethnique et religieuse, en plusieurs États comme le Liban actuel. Il y aura donc un État chiite alaouite le long de la côte, un État sunnite dans la région d’Alep, un autre État sunnite à Damas hostile à son voisin septentrional, et les Druzes qui établiront un État, peut-être même dans notre Golan, et certainement dans le Hauran et la Jordanie du Nord. Cet état des choses sera la garantie de la paix et de la sécurité dans la région à long terme, et ce but est déjà aujourd’hui à portée de main. »
Plus tard, il distingua l’Irak comme le plus redoutable ennemi d’Israël à l’époque, et envisagea sa chute en ces termes :
« L’Irak, riche en pétrole et intérieurement déchiré, est un candidat garanti comme cible d’Israël. Sa dissolution est même plus importante pour nous que celle de la Syrie. L’Irak est plus puissant que la Syrie. À court terme, c’est l’Irak qui constitue le plus grande menace pour Israël. Une guerre Irak/Iran détruira l’Irak et causera sa chute à domicile bien avant qu’il puisse organiser une lutte sur un front large contre nous. Toutes les sortes de confrontations inter-arabes nous aideront à court terme et nous raccourciront le chemin vers le but plus important : diviser l’Irak en entités confessionnelles [denominations], comme en Syrie et au Liban. En Irak, une division en provinces selon des critères ethniques/religieux, comme en Syrie de l’époque ottomane, est possible. Donc, trois États (ou plus) existeront autour des trois villes majeures : Bassora, Bagdad et Mossoul, et les zones chiites du sud se sépareront du nord sunnite et kurde. Il est possible que l’actuelle confrontation irano-irakienne renforce cette polarisation. »
La vision de Yinon semble se concrétiser rapidement en Irak, qui est maintenant au bord de la scission, les extrémistes sunnites de l’EIIL saisissant de vastes bandes de territoire pour leur « califat » et les Kurdes du nord se battant toujours pour leur indépendance de Bagdad, qui est gouvernée par une clique chiite menée par Haider al-Abadi et Nour al-Maliki. La Syrie semble aussi être victime des lubies malveillantes de Yinon, car l’EIIL a arraché de grands morceaux de territoire syrien et inflige son sectarisme brutal à la population de l’est du pays.
Les thèmes et idées dans le manifeste machiavélique de Yinon sont toujours chères aux gouvernants du Likoud en Israël et à leurs mécènes néo-conservateurs en Occident. Les néo-conservateurs pro-Israël ont simplement reproduit les propositions de Yinon dans un document stratégique de 1996, désigné comme conseil pour Benjamin Netanyahu, toutefois en langage moins direct. Leur rapport, intitulé « Une coupure nette : Une nouvelle stratégie pour sécuriser le domaine » (A Clean Break) parlait de « retirer Saddam Hussein du pouvoir en Irak » comme d’un « objectif stratégique israélien important », qui serait un moyen d’affaiblir la Syrie. Les auteurs de ce rapport expliquaient qu’Israël devrait militairement attaquer le Hezbollah, la Syrie, et l’Iran sur sa frontière nord. Ils continuaient en suggérant des frappes aériennes sur des cibles syriennes au Liban ainsi qu’en Syrie. Le document stipule aussi que « le territoire syrien n’est pas à l’abri d’attaques émanant du Liban par des intermédiaires des forces israéliennes ».
Ces recommandations néo-conservatrices semblent se dérouler aujourd’hui comme une partie d’échec parfaitement mesurée. La crise syrienne a dévoilé les plans d’Israël en matière de déstabilisation de la région à son profit. À plusieurs occasions depuis le début des troubles en Syrie, Israël a lancé des frappes aériennes sur des sites militaires syriens, exactement comme le conseillaient les criminels de Clean Break. Dans une interview de janvier 2015 pour le magazine Foreign Affairs, le président syrien Bachar al-Assad a rendu compte des incessantes attaques d’Israël contre les installations de l’armée syrienne pendant le conflit : « [Tel Aviv] soutient les rebelles en Syrie. C’est très clair. Car à chaque fois que nous gagnons du terrain quelque part, ils attaquent dans le but de saper l’armée. » Assad a ensuite décrit Israël comme « la force aérienne d’Al-Qaïda ».
Le soutien d’Israël aux militants takfiris en Syrie va au-delà de frappes aériennes ponctuelles en leur faveur. Selon un rapport des Nations unies de 2014, Israël a fourni une protection et des soins hospitaliers à des milliers de terroristes anti-Assad, dont ceux de l’EIIL et du Front al-Nosra, et les ont ensuite renvoyés au combat. Un article de Russia Today sur ce point, intitulé « Les Nations Unies détaillent l’aide d’Israël aux rebelles syriens du plateau du Golan », notait :
« Les forces de sécurité israéliennes ont gardé un contact constant avec les rebelles syriens durant les 18 derniers mois, principalement en soignant leurs combattants blessés mais aussi possiblement en leur fournissant des armes, ont rapporté des observateurs des Nations unies à la frontière israélo-syrienne. »
Les gains d’Israël dans cette situation sont multiples. Tel Aviv a utilisé le brouillard de guerre pour affaiblir son adversaire principal à Damas et conséquemment attirer ses autres ennemis – l’Iran et le Hezbollah – dans le conflit, diminuant ainsi leur résolution collective de combattre Israël. Le régime sioniste ne voit pas les takfiris de l’EIIL ou le Front al-Nosra uniquement comme un « moindre ennemi », mais aussi comme des mercenaires intermédiaires contre Damas, une stratégie expliquée dans le rapport Clean Break des néo-conservateurs. En fait, Tel Aviv ne voit pas les takfiris comme une menace du tout ; un point validé par l’EIIL, qui a déclaré « ne pas être intéressé » par un combat contre Israël. « L’EIIL : combattre les “infidèles” passe avant combattre Israël », titrait en août 2014 un article d’Arutz Sheva, un organe de presse israélien.
L’ex-ambassadeur israélien aux États-Unis, Michael Oren, étayait tout cela dans une interview de septembre 2013 du Jerusalem Post. « Les “méchants” soutenus par l’Iran sont pire pour Israël que les “méchants” qui ne sont pas soutenus par la République Islamique », a-t-il déclaré au Post, ajoutant que le « plus grand danger » pour Israël est « l’arc stratégique qui s’étend de Téhéran à Damas et Beyrouth. Et nous avons vu que le régime d’Assad est la pierre angulaire de cet arc. C’est une position que nous avions bien avant le début des hostilités en Syrie. Avec l’explosion des hostilités en Syrie, nous avons continué à vouloir le départ de Assad. » Oren a ensuite mentionné avec joie la soumission totale des émirats du Golfe – Arabie Saoudite, Qatar et Émirats arabes unis – à la volonté d’Israël concernant la Syrie, de l’Iran et du problème palestinien, observant que « durant les 64 dernières années, il n’y a probablement jamais eu d’aussi grande confluence d’intérêts entre nous et plusieurs États du Golfe. Avec eux, nous avons des accords concernant la Syrie, l’Égypte et le problème palestinien. Nous avons assurément des accords concernant l’Iran. C’est une des opportunités que nous a apportées le printemps arabe. »
Roland Dumas, ex-ministre des Affaires étrangères, a confirmé l’intrigue israélienne derrière le malheurs intérieurs de la Syrie. Dans un article du 15 juin 2013 pour Global Research, le journaliste Gearóid Ó Colmáin cite Dumas, qui a déclaré à la télévision française que le bouleversement en Syrie, qui a coûté la vie à plus de 100 000 syriens, avait été prévu plusieurs années à l’avance. Dumas a dit avoir rencontré des responsables britanniques deux ans avant que les violences aient explosé à Damas en 2011 et que, durant la réunion, ils lui auraient confié qu’« ils préparaient l’invasion des rebelles en Syrie ». Quand ils lui ont demandé son soutien dans cette entreprise, il déclina, déclarant : « Je suis français, ça ne m’intéresse pas. » Dumas a ensuite désigné les architectes de cette folie comme étant les sionistes israéliens, affirmant que l’opération de déstabilisation de la Syrie « vient de très loin. Elle a été préparée, conçue et organisée ». Dumas nota que la posture anti-Israël de la Syrie avait scellé son destin de cette façon et révéla qu’un ex-Premier ministre israélien lui avait un jour dit « on essaiera de s’entendre avec les états autour, et ceux qui ne s’entendront pas, on les abattra ».
« Israël a planifié cette guerre d’annihilation des années à l’avance selon le plan de Yinon, qui prône la balkanisation de tous les États qui seraient une menace pour lui », écrit Gearóid Ó Colmáin dans l’article susmentionné. « L’entité sioniste se sert de la Grande-Bretagne et de la France pour pousser l’administration réticente d’Obama à envoyer plus de troupes américaines à leur mort en Syrie an nom de Tel Aviv. » Ó Colmáin explique que l’Occident « fait le travail [d’Israël] en tentant d’entraîner [les États-Unis] dans une autre guerre désastreuse pour permettre à Israël de prendre le contrôle des réserves énergétiques du Moyen-Orient, pour finalement remplacer les États-Unis en tant que nation gouvernant le monde. Il était aussi nécessaire pour Tel Aviv de rester silencieux afin de ne pas révéler leur rôle dans les "révolutions", étant donné que les fanatiques jihadistes ne réalisent pas qu’ils se battent pour Israël. »
L’EIIL : une réserve de boucs-émissaires pour les organisateurs
de fausses bannières
Enfin, cela nous mène à la « seconde phase » de l’opération psychologique qu’est l’EIIL : effrayer les Occidentaux jusqu’à la soumission. Ce n’est pas une coïncidence si la belligérance notoire de l’EIIL dans ses efforts pour instaurer un califat s’aligne parfaitement avec le programme néo-conservateur qui vise à inculquer aux masses le mythe du « conflit de civilisations » entre l’Occident et l’Islam. Dans leur magazine officiel, Dabiq, les idéologues de l’EIIL ont présenté une attitude parallèle au désir néo-conservateur d’un conflit civilisationnel. Est-ce simplement un hasard ? Ou l’EIIL a-t-il été fabriqué par les néo-conservateurs pour servir de Père Fouettard et de caricature spécieuse de « l’islamisme radical » ?
Le parrain du néo-conservatisme, Leo Strauss, a embrassé le dogme de la duperie, stipulant que, dans le but de rassembler la société derrière la volonté d’une avant-garde élitiste, un ennemi extérieur doit être fabriqué. Cet « ennemi » pourrait être réel, mais les ennemis existent généralement dans l’œil de l’observateur et dans les esprits de ceux qui cherchent l’opposition. Strauss a clairement expliqué que si cet « ennemi » n’existait pas ou n’était pas assez puissant pour générer la peur nécessaire pour paralyser et manipuler les masses, alors cet « ennemi » devait être inventé ou renforcé puis présenté au public comme un danger réel et pressant. Pour les néo-conservateurs, ce fléau fantôme représente le cœur de la stratégie d’assujettissement. Sans lui, le public ne consentirait jamais à leur politique étrangère démente, et personne ne se sentirait assez menacé pour renoncer de bon gré à ses libertés au nom de la sécurité. C’est le rôle de l’EIIL.
Comme démontré plus tôt, l’EIIL a été entretenu par nos propres gouvernements pour déstabiliser et finalement renverser divers régimes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui s’étaient écartés du programme mondialiste-sioniste. Les médias occidentaux ont intentionnellement fait la publicité de la « marque » EIIL, la transformant en nom mondialement connu. Les sionistes mondialistes ont construit l’EIIL pour exécuter leurs ordres à l’étranger mais, malgré le sensationnalisme des médias, le groupe est très loin d’être assez puissant pour présenter une menace sérieuse aux pays occidentaux. Donc, alors que l’EIIL ne représente aucune réelle menace militaire pour l’Occident, sa réputation mondiale pour sa brutalité et sa violence obscène est vue comme un fantastique outil de propagande pour effrayer les populations occidentales, dans le but de les pousser à consentir à l’arrachement de leurs libertés à domicile.
Les sionistes mondialistes ont utilisé cette image de l’EIIL soigneusement confectionnée, fabriquant une série parfaitement synchronisée d’« événements terroristes » à l’intérieur des pays occidentaux, qui ont été utilisés pour restreindre les libertés sous le prétexte de « nous protéger des terroristes ». Ce que le roturier crédule ne réalise pas, c’est que ces « terroristes » sont contrôlés par nos gouvernements et sont brandis contre nous pour justifier la construction d’un État policier orwellien.
Les attaques de « loups solitaires » qui ont frappé Ottawa, Sydney, Paris et maintenant Copenhague pendant les 5 derniers mois depuis que l’Occident a déclaré la guerre à l’EIIL font toutes partie d’une stratégie néo-conservatrice de tension organisée. Les agences de renseignement de l’Occident et d’Israël sont toutes derrières elles. Dans chaque cas, les « terroristes » avaient de lourds passés de maladies mentales et/ou de fréquents problèmes avec la loi ; le casier standard du pigeon, dont les innombrables faiblesses sont exploitées par les agents gouvernementaux pour créer un bouc-émissaire, qui jouera le rôle du « tireur habile » qui « hait nos libertés ». L’EIIL leur fournit donc effectivement, à ces artistes de l’arnaque des fausses bannières qui contrôlent nos gouvernements, une source inépuisable de boucs-émissaires pour leurs opérations.
Comme le chercheur Joshua Blakeney l’a fait remarquer, « un paysan du Yémen peut être en colère [contre l’Occident et vouloir l’attaquer] mais il [ne pourrait] jamais [exécuter physiquement] une telle attaque sans que cela soit rendu possible par les organisateurs de fausses bannières ». Un scénario de « laisser arriver » ou de « faire arriver » revient au même – sans la connivence du gouvernement en question, il n’y aurait même pas d’« attaque » à débattre. Depuis que l’EIIL est un phénomène « global », selon nos médias contrôlés, les autorités n’ont même plus besoin de prouver que ces individus dérangés sont des membres du groupe. Tout ce qu’ils ont à faire, c’est déclarer qu’ils ont été « inspirés » par le message du groupe, qui est accessible en ligne, et c’est suffisant pour les inculper au tribunal de l’opinion publique. Même si tout cela était vrai, ça n’écarterait pas la possibilité d’une implication de l’État, qui s’occupe habituellement d’équiper le bouc-émissaire avec l’armement nécessaire pour exécuter l’attaque et d’empêcher la police bien intentionnée et les gens des renseignements de l’arrêter. Ce sont ces questions que les grands médias occidentaux refusent de poser, sachant très bien que les États sont presque toujours complices de toutes les tragédies qui frappent les peuples, qu’ils exploitent ensuite promptement.
Tous les récents événements terroristes traumatisants dans les capitales occidentales ont été instantanément étiquetées par des politiciens menteurs et cyniques comme des attaques contre « la liberté d’expression » et les « valeurs de la civilisation occidentales », un trope familier qui fut déjà martelé par George W. Bush et ses maîtres néo-conservateurs après l’attentat sous faux drapeau du 11 Septembre. Malgré tout, ce que beaucoup commencent à comprendre, c’est que quelle que soit la menace qu’un junkie embrigadé puisse faire peser sur nos vies, nos propres gouvernements sont une menace nettement plus dangereuse envers nos libertés, notre bien-être et notre mode de vie. Ils nous le prouvent chaque jour avec les multiples nouvelles lois de lutte contre la liberté, qu’ils passent en utilisant l’excuse cocasse de nous protéger contre leur propre créature. C’est la simple vérité sur le sujet, que les organisateurs néo-conservateurs d’opérations sous faux drapeau cherchent à dissimuler à tout prix tandis qu’ils soutiennent désespérément la façade de leur pouvoir artificiel, qui s’écroulera inéluctablement sous son propre poids.
Illustration en tête d’article : dans un discours à l’attention de ses « alliés » américains, Netanyahu compare le Hamas à l’État islamique (octobre 2014)