Décidément, après les fake reportages de BHL, l’actionnariat du très marocophile Pierre Bergé, la guerre contre Assad « le Boucher de Damas » ou le Hitler de la Ghouta, les jeunes délateurs du Décodex et de la propagande macroniste, Le Monde nous étonnera toujours. Ce vendredi 24 mars 2017, l’envoyée spéciale du quotidien dans l’Hérault (c’est très loin de Paris) découvre avec stupeur un couple de Français qui vit au RSA et qui n’a pas de logement social.
Il était temps d’entendre la parole de ces Français à qui on ne l’a pas trop donnée, dans le journal. En effet, ces dangereuses créatures seraient capables de dire qu’elles votent « FN », une offense à l’esprit libéralo-gauchiste du journal, et une offense à ses trois actionnaires, très engagés contre le patriotisme français, chacun à sa façon. Pigasse avec ses magazines, Niel avec ses millions, et Bergé avec ses tweets de vieille folle.
Aline Leclerc, la journaliste-ethnologue, pénètre avec prudence dans l’antre du couple de bannis, des médias et de la croissance. C’est horrible : ça sent le moisi, et le proprio a découpé un pavillon en 6 appartements, avec seulement 4 compteurs EDF. On appelle ça un marchand de sommeil. Les deux Français ont beau avoir fait constater l’insalubrité à l’ADIL, l’association départementale d’information sur le logement, rien n’y a fait.
Pour ceux que ça intéresse, à l’ADIL on parle beaucoup, mais on ne fait pas grand chose. En matière d’immobilier, en France, les propriétaires sont les rois, et les locataires n’ont qu’à fermer leur gueule, les juges étant du côté des possédants. Certes, il y a des locataires indélicats, mais tout le monde, politiques et professionnels, sait que le parc immobilier français a besoin d’un sérieux coup de rafraîchissement et de mise à niveau aux normes de salubrité. Des normes pas forcément européennes, juste humaines : des murs qui ne laissent passer ni le bruit, ni l’humidité, ce serait déjà pas mal. Il y a ainsi plus de 2 millions de logements qui devraient être rénovés.
- La pauvreté est-elle moins pénible au soleil ?
Le couple, issu du Nord, est descendu dans le Sud croyant qu’il y aurait du boulot. Mais à Montpellier, les petits boulots sont plus saisonniers que durables. Paulo et Paulette – on a changé les prénoms donnés par Aline Leclerc, qui les avait déjà changés pour « Jean-Pierre et Félicie » – gagnent 1 300 euros par mois, et reversent 550 pour leur T3 pourri. Pour bouffer, ils recourent de plus en plus au Secours populaire. Paulo s’emporte :
« Pourquoi tous les autres nous passent devant, pourquoi personne nous aide ? On est français nous, on a le droit d’avoir un HLM ! »
Paulette s’emporte à son tour :
« On nous exclut de tout ! Les gens nous prennent pour des cas soc’. Les agences immobilières demandent des cautions, des garants. Moi je leur dis : c’est pas parce qu’on est au RSA qu’on paye pas nos loyers ! »
Paulo s’en prend alors aux « réfugiés », qui touchent « 750 euros » à rien faire, et Paulette à la « Gitane » qui lui est passée devant au Centre communal d’action sociale. Aline Leclerc précise que les réfugiés touchent moins que ça, dans les 200 euros par mois. C’est alors qu’on aborde le côté désagréable du reportage, les dommages collatéraux de la pauvreté, pour Le Monde : les conséquences électorales de cette exclusion sociale. C’est le point d’orgue de l’article, l’estocade finale, le rire sardonique revanchard, le soulagement vengeur :
Et puis, ils vont voter Marine Le Pen. « Parce qu’on n’a jamais essayé ! Elle sera peut-être comme les autres… Avec l’affaire qui la suit, elle est pas clean non plus. Mais on va la mettre au travail, et on verra… », explique Jean-Pierre, enthousiaste. « On a essayé la gauche, la droite, la gauche, la droite, à un moment faut mettre un uppercut ! », assène-t-il. « Le K.-O. Jean-Pierre ! renchérit Félicie. Nous on veut le K.-O au premier round ! »
Ils en rigolent tous les deux. C’est leur petite revanche. « Ouais, c’est ça, confirme Jean-Pierre, sarcastique. Vous m’avez pas aidé ? Eh ben voilà ! », lance-t-il avec rage. Il n’a pas ponctué sa phrase d’un bras d’honneur. Avec la même violence, il a seulement fait mine de glisser un bulletin dans l’urne.
L’article s’arrête là-dessus, pour bien faire comprendre aux lecteurs que les électeurs du FN sont des paumés, désespérés, et méchants au fond.