Le dernier roman de Michel Houellebecq, Soumission, qui raconte l’arrivée au pouvoir d’un président musulman dans la France de 2022, rencontre un vif succès théâtral en Allemagne, où la peur de l’islam gagne du terrain, en lien avec la crise des réfugiés.
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« La salle est aussi remplie parce que c’est un texte totalement actuel », explique à l’AFP Edgar Selge, l’acteur qui interprète François, le personnage central du roman, dans la mise en scène du Deutsches Schauspielhaus à Hambourg. Pour l’acteur, à travers ce personnage d’universitaire falot qui se convertit à l’islam par pur opportunisme, Houellebecq « demande de manière provocante quelle valeur a notre culture, si elle signifie vraiment quelque chose pour nous ».
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« Je crois qu’il n’est pratiquement pas possible de regarder cette pièce à Dresde sans penser à Pegida ou à l’AfD », a affirmé à l’AFP Malte C. Lachmann qui monte la pièce dans la capitale saxonne. Pourtant, insiste le metteur en scène, Soumission n’est « absolument pas islamophobe », et s’il a été reçu comme tel par certains en France, c’est parce que le livre « met vraiment le doigt dans la plaie ».
Soumission ne parle pas vraiment de l’islam, il parle de « nous », de l’Occident et de ses tourments, juge M. Lachmann. C’est aussi l’avis d’Edgar Selge. « Il faut des gens comme lui qui analysent vraiment la réalité de notre attachement aux concepts qui ont soi-disant pour nous de la valeur : l’émancipation individuelle, la démocratie, la séparation des pouvoirs, l’humanisme, l’athéisme, le sentiment de responsabilité vis-à-vis du tiers-monde ». Dans son livre, « Houellebecq dit : "Ce ne sont que des mots, des tigres de papier" et il nous met au défi de remettre de la vie dans ces concepts, ou d’en trouver d’autres ».