Hassan Rohani, qualifié de modéré par la presse occidentale, a été élu pour 4 ans devant le conservateur Ebrahim Raissi qui lui a obtenu 38% des voix. Le taux de participation a été élevé avec 73%, soit 41 millions de votants sur 55 millions d’inscrits. Rohani a imposé sa ligne d’ouverture économique et internationale – d’autres l’appellent la ligne libérale – à celle de Raissi, pourtant soutenu par le guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Ali Khamenei.
Le 20 mai 2017, Europe 1 réalisait un reportage en Iran sur les motivations politiques du peuple. L’occasion de battre en brèche quelques préjugés sur l’Iran.
Vendredi [19 mai 2017], 55 millions d’Iraniens étaient appelé aux urnes pour élire le président du pays. Des élections cruciales car deux visions de l’Iran s’opposent. Celle du conservateur Ebraim Raissi, ancien procureur, et celle d’Hassan Rohani, l’actuel président. Il a passé quatre ans a la tête du pays, et il a été élu sur deux promesses : redonner sa place à l’Iran sur la scène internationale et relancer l’économie. L’envoyée spéciale d’Europe 1 est en Iran depuis plusieurs jours pour chercher à comprendre ce que pensent les Iraniens de la présidence d’Hassan Rohani.
On a coutume de dire, en Iran, que les élections se jouent sur les derniers jours de campagne. À Téhéran, l’adage était visible, particulièrement à la tombée du jour. Sur les grandes artères de la ville, on a assisté à des rassemblements, bruyants et festifs. Vous voyez alors du violet partout – les voiles des femmes sont de cette couleurs, les t-shirts des hommes et leur bracelet de tissus aussi –, la couleur qui représente l’actuel président Hassan Rohani.
« À l’université, on a beaucoup de liberté »
Les militants, en grande majorité des jeunes, arrêtent les voitures pour distribuer des tracts, se réunissent pour chanter des slogans, à l’image d’Hossein, étudiant en sciences à l’université. Lui vote Rohani car, dit-il, « avec lui, ces quatre dernières années nous avons respiré » :
« Son rapport aux jeunes dans le pays a été très bon. À l’université, on a beaucoup de liberté. Cette liberté a clairement augmenté comparé aux huit ans de présidence d’Ahmadinejad. On peut avoir des activités politiques dans l’enceinte de l’université, on peut défendre nos idées. On peut défendre le camp réformiste et il n’y a personne pour attaquer ces libertés à l’intérieur de l’université, c’est une très bonne chose et ce n’était pas le cas il y a huit ans. Et ça ne se ressent pas qu’à l’université mais aussi au cinéma et au théâtre, surtout au théâtre on a plus autant de pression. Les garçons et les filles peuvent jouer ensemble et se toucher sur scène. En Iran, il est interdit à un homme et une femme qui ne se connaissent pas de se toucher mais maintenant ce n’est plus interdit dans l’enceinte du théâtre, c’est génial et personne ne pourra revenir dessus facilement. »
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« Tous les pays nous tournait le dos, ce n’était pas agréable »
Voilà est un exemple très concret, mais il y a quelque chose qui revient de manière beaucoup plus générale chez les partisans d’Hassan Rohani, c’est cette fierté d’avoir vu l’Iran faire son retour sur la scène internationale. Il faut vraiment se rendre compte qu’une grande partie de cette jeunesse éduquée, souvent bilingue, a les yeux tournés vers l’occident beaucoup plus que vers le Moyen-Orient. C’est frappant dans les parcs, dans la rue – on le voit à la manière dont les gens s’habillent, aux logos parfois détournés de grandes marques de téléphones ou de boissons. Pour Mariam, ce début d’ouverture au monde qui a suivi l’accord nucléaire est capital :
« On a eu des meilleures relations avec le monde, particulièrement avec l’occident. On ne veut pas être un pays isolé. Moi, je n’aimais pas les menaces de guerres qu’on recevait lorsque Monsieur Ahmadinejad était président. Israël menaçait l’Iran, les États-Unis répétaient que l’option militaire était sur la table donc j’avais peur. À l’époque, tous les pays, littéralement, même nos voisins, nous tournaient le dos, ce n’était pas agréable. Quand Monsieur Rohani a été élu, avec les négociations sur le nucléaire, on s’est senti en sécurité, l’ombre de la guerre s’est éloignée. Pour moi, ma famille et mon entourage, c’est le premier grand changement. On s’est senti plus détendu, et puis j’ai vu des étrangers venir dans mon pays, pour le business, comme touristes. C’est prometteur. »