Le petit village de Guilliers a enterré, samedi après-midi, l’un des siens. Guillaume Molinet est décédé dans des conditions encore inexpliquées au cours d’un essai clinique.
Ils sont venus de toute la Bretagne et parfois de bien plus loin, de l’étranger. Samedi après-midi, entourant son épouse, Florence, et leurs quatre enfants, plus de 300 personnes ont rendu hommage à Guillaume Molinet, décédé le 17 janvier au cours d’un essai clinique à Rennes. Dans la petite église bondée de Guilliers, la commune du Morbihan où il résidait, ses filles aînées ont pris la parole. « On se souviendra de ton existence comme d’une épopée, héroïque peut-être, atypique », a dit l’une. « Tu faisais partie de ceux qui créent, qui construisent, qui préfèrent donner que recevoir, qui luttent contre les injustices de la vie, jusqu’à donner la leur », a ajouté la seconde.
Âgé de 49 ans, Guillaume Molinet était en parfaite santé lorsqu’il a intégré, le 7 janvier, le centre d’essais rennais Biotrial pour tester avec cinq autres « cobaye », des volontaires sains, une molécule antidouleur conçue par le labo portugais Bial. Il l’a reçue pendant trois jours avant d’être hospitalisé en urgence au CHU de Rennes le 11 janvier, et déclaré en état de mort cérébrale.
- Ses peintures dans une boutique de Ploemel (Morbihan)
« Hyperpositif, touche-à-tout : peintre, chanteur, photographe »
Guillaume était arrivé à Guilliers il y a une douzaine d’années avec sa compagne, leurs deux filles – parties vivre à l’étranger – et leurs deux fils aujourd’hui ados. Ils s’étaient installés à deux pas de l’église, dans la maison du grand-père de Florence, forgeron à Guilliers. Une bâtisse simple où ils venaient déjà en vacances, où ils avaient noué des amitiés avec différentes générations d’habitants. Un jardin, une caravane sur la pelouse, et au bout de celle-ci la forge retapée pour abriter des soirées mémorables entre amis. Une famille « discrète », « cultivée », vivant « un peu en marge », décrivent leurs voisins affectés par ce drame « inexplicable ». Florence avait instruit ses enfants à la maison, avec « une belle réussite » : « Une fille a eu mention très bien au bac, et les fils étaient en tête de classe à leur entrée au collège », note le pharmacien.
« Ses enfants, c’était tout son or »
Avec son large sourire, Guillaume ne passait pas inaperçu dans ce bourg de 1 600 habitants. « Un atypique », disent-ils en chœur. Une amie de dix ans veut se souvenir d’un être « hyperpositif, touche-à-tout : peintre, chanteur, photographe. Un créatif ouvert au monde ». Original, un peu beau-parleur, « il pouvait vous embarquer dans ses délires ! », sourit un compagnon de route. Sous le nom d’Arthur Diesel, Guillaume signait des tableaux aux couleurs vives mais aussi des chansons composées avec son frère aîné, Laurent, pianiste virtuose dont Guillaume produisait les disques. Le duo avait donné quelques concerts au village. Il réalisait aussi des clips postés sur YouTube, mettant en scène famille et copains, images d’une joyeuse tribu. « Ses enfants, c’était tout son or », confie Pierrick, un vieil ami.